La nuit des vivants-morts

Hervé Lénervé

Une devise. « Si vous êtes vieux, faites vous plaisir. »

Mais c'est juste ça et coup de bol, je suis vieux. Je prends ! Mais c'est à quel âge pour être vieux ?

M'en fous, je prends cette devise pour femme. Non, pour mienne seulement, mon épouse est contre la bigamie. Ma devise : Quand t'es vieux, fais-toi plaisir.

Super ! Je peux tout faire ! Mais exclusivement les trucs pour me faire plaisir. Réaliser les exploits que je n'ai jamais accomplis, jeune, à cause, d'autres choses à faire de moins bien.

Un. « Partir à Katmandou en stop. » Merde, je n'ai pas de carte du Japon, pour voir la distance. Tant pis, on passe à deux.

Deux. « Devenir célèbre, riche et beau à la fois. » C'est d'un commun, plus l'temps, on passe à trois.

Trois. « Etre un amant prodigieux. » Non, là, il y a des dispenses. On passe à quatre.

Quatre. « Heu. Je sèche... »

Mais quel petit con infatué, je faisais, étant jeune. Je ne me serais pas aimé.

En attendant, je n'ai pas trouvé que faire pour me faire plaisir. Et comment se faire plaisir, si on ignore l'objet de son plaisir ?

Je n'ai peut-être plus d'envie.

Je vis sans envie.

Je vis sans vie.

Putain, je suis un Vivant-mort ! Un Biezom !

Signaler ce texte