La plume de l'ange

Caïn Bates

     J'ai toujours eu cette envie de posséder ma propre plume. Une lubie qui me poursuit depuis que j'ai commencé à écrire, presque persuadé qu'elle ferait de moi un auteur plus prestigieux encore. Bien sûr, avec le temps, nous avons acquis des outils bien plus maniable et confortable pour coucher notre verve mais, où est le prestige si l'on combat le monde avec pour seul armure que la facilité. Il me fallait cette plume. 

        Évidemment, mon écriture n'en est que plus illisible mais elle a la prétention d'être le fruit d'un effort, d'une lutte acharnée entre la raideur de mon poignet et la résistance de la table sur laquelle j'écris. L'encre n'est qu'un lac sombre se répandant sur la page mais il est loin de l'étang de bave sur nos oreillers déposé par notre paresse et notre oisiveté. Il me fallait cette plume. 

          Elle m'a était offerte par un homme au visage enjôleur qui a su voir dans mes textes une vérité si longtemps masquée au monde. Il a prétendu qu'elle avait été arrachée à l'aile d'un ange. Peu importe qu'il ait menti, il me fallait cette plume. 

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