La route du caillou enchanté

oreline

Concours LUNII – une fille – une montagne – une licorne – un caillou

Il était une fois une petite fille dénommée Solaire. Ses parents l'avaient appelée ainsi car elle était un rayon de soleil pour tous les gens qui la côtoyaient et sa chevelure rousse rappelait la couleur de l'astre solaire à son coucher.

Solaire habitait dans une vallée isolée, près d'un petit ruisseau. Souvent, la nuit, lorsque la fenêtre de sa chambre était ouverte, elle pouvait entendre le doux écoulement de l'eau.

L'école se trouvait à vingt minutes à pied de sa maison. Pour s'y rendre, Solaire connaissait parfaitement le chemin : il fallait emprunter la route du caillou enchanté qui montait sur la montagne des Hauts Vents. Elle n'avait pas peur d'y aller seule. Au contraire, elle prenait beaucoup de plaisir à cette promenade. En chemin, elle adorait humer l'odeur des pins, entendre le chant des oiseaux, regarder les nuages qui passaient et ramasser des jolis cailloux, qu'elle fourrait ensuite au fond de ses poches. A la maison, elle avait un coffre sous son lit, dans lequel étaient rangées les plus belles pierres, qu'elle avait trouvées. Le soir, avant de se mettre au lit, elle aimait ouvrir son coffre et observer ses joyaux.

Un matin d'avril, tandis que le printemps gentiment s'installait, le regard de Solaire fut attiré par quelque chose de brillant au milieu des pins, au pied de la montagne. Malgré la pénombre qui régnait sous ces grands conifères, elle s'en approcha. Le silence était oppressant. On entendait seulement le bruit des brindilles et du bois mort qui craquaient sous ses pieds.

Enfin, elle parvint jusqu'à l'objet brillant. Elle le ramassa et l'observa. Il s'agissait d'un curieux caillou : assez lourd, rugueux, légèrement translucide, qui avait l'étrange propriété de luire de l'intérieur. Solaire l'inspecta sous tous les angles. Sur l'une des faces était mentionnée une phrase énigmatique :

Brise-moi et libère l'animal pur qui est en moi.

Briser cette si jolie pierre ? Impossible. Elle était si belle. Solaire échangerait bien tous les cailloux de son coffre contre cette jolie pierre. Pas question de briser quoi que ce soit.

Décidée, Solaire rangea la jolie pierre dans sa poche. Elle prit la direction du chemin qu'elle avait quitté quelques minutes auparavant. Tandis qu'elle marchait, le remord la tenailla. Et s'il y avait vraiment un animal prisonnier dans cette pierre ? Avait-elle le droit de lui refuser sa liberté ? Serait-elle plus heureuse avec cette pierre dans son coffre ?

D'un geste brusque, elle prit le caillou qui luisait dans sa poche et le jeta contre le tronc d'un pin. Le caillou se brisa en mille éclats et forma dans l'air une brume étincelante. A la grande stupéfaction de Solaire, lorsque la brume se dissipa, une licorne se matérialisa devant elle.

Solaire ne bougeait pas, tandis que l'animal s'approcha. De ses naseaux, il lui frôla le visage, comme pour la remercier. Son regard semblait plein de reconnaissance. Puis, subitement, il se mit au galop et disparut au milieu des pins.

Solaire n'avait fait aucun mouvement. Seule une larme s'était échappée de son œil gauche et coulait le long de sa joue. Elle était heureuse. Elle n'avait plus ce joli caillou, mais elle avait ce merveilleux souvenir : celui d'avoir libéré le plus beau et le plus pur des animaux.

Depuis ce jour, elle comprit que posséder des choses n'étaient pas la clé du bonheur. Aussi, elle donna chacun de ses cailloux aux gens qu'elle aimait. Le bonheur qu'elle lisait alors dans leurs yeux valait le plus beau des joyaux.

Signaler ce texte