La sortie du tunnel

C'est lorsque je me mis à écouter à nouveau de la musique  que je me rendis compte que j'allais mal. C'était comme de sortir d'un tunnel. Comme si mes oreilles me reconnectaient enfin au monde. Je découvris à nouveau l'intérêt des romans et le goût d'écrire. L'envie de bouger, de marcher, de regarder. L'envie de d'apprendre encore et encore. C'est en retrouvant tout cela que je réalisai que je m'étais égarée. Comme en hibernation, je surnageais, buvant la tasse de deuils quasi impossibles.

Quasi. Je finis par accepter la mort de ma mère. Mort violente. Autodestruction contre laquelle je n'avais rien pu. Comment donner le goût de vivre à quelqu'un qui était déjà passé de l'autre côté ? Enfin je ne rêvais plus d'elle ! Son fantôme avait hanté mes nuits des années durant. Son fantôme ? Ou plutôt elle, comme elle était, vivante, dans sa souffrance, et moi, impuissante, terriblement impuissante.

Je laissai ma grand-mère monter au paradis, la mort de sa fille avait fini par user son cœur déjà si fatigué… Elle si croyante, j'espérais qu'elle avait trouvé ce qu'elle attendait.

Ces femmes si importantes, guides et parfois bourreaux, avaient enfin accepté de s'effacer. Non pas qu'elles prenaient trop de place, mais une place certaine. Et il avait fallu lutter pour m'imposer, en tant que femme, en tant que mère, en tant que professionnelle. Sortir de leurs rails, prendre mon propre chemin, bâtir ma propre famille. Avec l'angoisse que leurs erreurs ressurgissent. Avec la conviction qu'en parlant et en m'ouvrant aux autres, j'y parviendrais. D'autres erreurs sûrement, mais le miennes ! J'ai toujours cru en ma liberté !