La vérité sur les mythes (2)

Chris Toffans

Décollage mortel


Dédale a réussi à faire sortir son fils Icare du labyrinthe en lui collant des ailes dans le dos avec de la cire. Avec de la cire ! Pour un architecte, il faut avouer que c'est pas très futé. La cire en général on s'en sert pour faire briller ou pour faire glisser, pas en guise de super glu ! En plus il se doutait bien que ça allait pas tenir, sinon il ne lui aurait pas dit de faire gaffe à ne pas prendre un coup de chaud sur la couenne.
De toute façon le môme n'avait pas besoin de ce genre de conseils débiles vu que sa pilosité naturelle l'incitait depuis toujours à éviter la moindre source de chaleur. N'empêche que, comme on pouvait s'en douter, le système D de Dédale n'a pas résisté bien longtemps. Icare s'est fracassé juste après le décollage... de ses ailes. "Je lui avais dit de ne pas s'approcher du soleil", déblatérait Dédale pour se dédouaner de son défaut d'expertise. Le pauvre Icare fut retrouvé mort, noyé dans la mer, près de l'ile de Samos (où l'on fabrique du fromage fondu depuis 99).
Devant le dos dénudé de son fils défunt, Dédale, pas du tout démonté, eut une idée décidément dépourvue de décence. Car pour lui, cette peau lisse et soyeuse à l'endroit où les ailes avaient été fixées, c'était la preuve indiscutable du pouvoir épilant de la cire et des vertus hydratantes des algues. L'esthétique du corps et la thalassothérapie étaient nées !
Restait à trouver un nom et un slogan pour le futur salon de beauté de Dédale, qui choisit finalement de le baptiser en hommage à son fils disparu : " Avec les soins I CARE (prononcer aï caire), retrouvez votre vitalité grâce aux bienfaits de la mer".

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