La vieille canon...ique

Quand j'étais plus jeune de quelques siècles, j'habitais Paris ! Enfin, une petite partie seulement de Paris et pas la meilleure

Oui et ne nous enflammons pas trop, non plus. Une vulgaire chambre de bonne mansardée sous le nez. J'm'en foutais, j'étais déjà petit en ces temps-là.

Et dessous-moi, mais avec un plancher quand même pour les taches, il y avait une petite vieille qui n'aimait pas le bruit, parce qu'elle n'avait pas la chance d'être sourde à son âge canonique.

Nous sommes au début des années 70 et les « Deep Purple », un groupe de musique peu connu, sortait leur 4^e album « Deep Purple on rock ».

Après avoir fraîchement acheté le vinyle, je file tirer la chevillette de chez la vieille voisine du dessous de plancher.

-         C'est coquet chez vous, mémé !

Oui, j'étais déjà assez familier à l'époque. Mais le coquet atténuait le ramassis de vieilles photos, de vieux bidules hétéroclites, de vieux meubles qui coûtent un bras à un manchot. Enfin, toute une vie que l'on traîne désespérément derrière soi et à laquelle on s'accroche dérisoirement pour ne pas mourir.

Donc, je continue.

-         Comme je sais que vous aimez la musique, mémé,  zique-zique. Je vous ai apporté un petit disque, dont vous me direz des nouvelles fraîches.

-         Comme c'est charmant.

Putain, elle me drague ou quoi, la vioque ? Je lui fais écouter l'intro du morceau « Child in time ». Je ne sais pas si vous le connaissez, il est assez méconnu. Mais le début est très lent, très mélodieux, très bien tout comme il faut, avant l'Orage apocalyptique qui va tout piétiner sur son passage au fer rouge.

-         Oui, c'est joli, ils sont gentils ses jeunes chevelus-là.

-         J'étais sûr que cela vous plairait, mamy blue. Je vous laisse écouter tranquillement, je repasserai demain.

Puis, je me suis éclipsé après avoir mis le volume à fond la caisse. Je ne voulais pas être accusé de non-assistance à vieille personne en danger.