l'aigue marine

Jean François Joubert

L'aventure, la mer, le bateau, ou la déclinaison d'un rêve, d'une idée. Partir vers les îles, le soleil, les tropiques, choisir sa destination. Certains passent des années à dessiner leurs projets, d'autres s'envolent sur un coup de tête où hésitent toutes leurs vies, déclinent et meurent nourries de regrets. Nous, l'équipage, nous sommes cinq entrés dans ce voyage en décembre. Départ des sables d'Olones, l'unité de 50 pieds flambant neuf, attendait sagement amarré au ponton une ouverture météo, 4 600 mille liquides, sur lesquels on va vivre, avant de rejoindre l'anse Marcel, splendide marina située sur la célèbre petite île de St Martin, 18° 07' N, 63° 02' W, way point de notre ultime destination, lieu où, bon grès, mal grès, nous devons laisser le bateau à ses propriétaires. Un convoyage, une autre réalité pour voyager....

Ponton du Vendée globe, les mouettes couchent sur le parking, mauvais signe. Chacun sort ses sacs, à l'intérieur se trouve l'ensemble des tenus de combat, shorts, tee-shirt, pulls, lunettes, bottes, cirées et crèmes solaire, autant d'objets hétéroclites pour affronter deux fronts, la mer et la valse des saisons. L'humeur est bonne, elle cache l'appréhension du départ, ses zones d'ombre plus ou moins flous, selon chacune. Inspection du bateau, attribution des cabines et rangement sont au menu de la soirée, c'est beau, c'est gros, un monocoque de cinquante pieds ! Dès le premier soir, nous dormons à bord, l'odeur du neuf flatte nos narines, et nous sommes sûrs de nous lever au petit matin. Avant de dévaler l'Océan liquide, nous soignons l'intérieur, trois jours où chacun s'affaire à sa tache, avitaillement, plein d'eau, et couvertures de plastic "bull pack" sur les parois de la cuisine, celle des cabines, du carré, l'atmosphère de l'intérieur change, notre maison prend ses couleurs et l'heure du départ avance.
Week-end, Noël et premier de l'an, les tempêtes se succèdent, aucune fenêtre météo ne s'installe. Nous attendons patiemment garés au "trottoir" l'évolution de la situation générale, ce qui entraîne une répétition de passage à la capitainerie, le reste du temps, nous entretenons nos premiers rapports de vie collective et ensemble nous déambulons au cœur de la ville. L'attente devient longue, les semaines passent, la vie est chère, des angoisses bassement terre à terre reviennent, mais chacun se tait face au caprice du ciel, les photos, elles, sont reines... Nous avions attendu que le cycle des dépressions disparaît, trois semaines à comprendre l'évolution météo, notre choix de date de départ était risqué, mais calculé, mauvais calcul ! L'équipage devient deux, et de temps en temps, un des malades puise dans ses forces intérieures pour la paix de leur âme, le repos mérité. Très vite, nous nous déroutons vers l'Espagne, le nom de Vigo se fait entendre, or le port le plus proche reste la Corogne, près de quatre jours de mer s'écoulent. Sur cette période, mon corps n'a pas refusé, deux yaourts, une pomme, un sandwich, le reste n'est que souvenir et cette soupe tomate curry, me laisse pantoise, dévastatrice, des membres de l'équipage la déconseilleraient fermement, interdite aux cœurs sensibles ! Temps fort de la croisière, un violent enfournement, tout vole, moi aussi, lévitation du centre du lit au seuil de la cuisine, juste le temps de voir la porte de la descente coulisser, laissant passer la vague suivante, trois cents litres d'eau entrent, deux heures pleines d'écopage pour Pierre, no comment ! Vigo, souvenir de quelques journées où nous redevenons humains, puis les Canaries, île étape avant de rejoindre l'autre côté de la mappemonde, les Antilles, marins curieux de tenir debout, l'arrivée dans cette zone B marque la fin d'un voyage, retour à la civilisation, une autre réalité du quotidien. La terre approche encore, et des frégates se heurtent au ciel, splendides envergures d'ailes, pour ces oiseaux en chassent qui tournois au-dessus de leurs proies. Je rêve, l'aigue-marine nous a conduits à bon port, l'étroit chenal de l'anse nous le rappel, arrivé à St Martin, derrière nous s'écoulent toutes les images, devant soi, naissance d'une mer nouvelle, les caraïbes, soleil, eaux translucides, récits de pirates, mais cela, c'est encore une autre histoire...

  • bonsoir yoda, la fin est ouverte et les 4500 caractères imposés laisse peu de place au récit ! quant-à l'arbitre du règlement, je vous laisse juge moi je joue et n'aime pas me prendre la t^^été pour rien, postulez et devenez jury !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Wp 20141128 004

    Jean François Joubert

  • Belle croisière! C'est normal qu'il manque la fin???

    · Il y a presque 11 ans ·
    Yoda 24 04 09 002 92

    yoda

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