Le Caïman qui se rongeait les ongles.

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Marc garait sa Caïman, à l'emplacement réservé que pour lui. Ben, pour se faire respecter sous seing-privé d'une entreprise, faut la place de parking et la bagnole qui va bien avec. Marc avait tout cela, mais des anciens boutons en disgrâce sur la gueule. Traces d'une vieille acné, contractée dans une période de profond bouleversement sentimental.

Juliette, son amie d'enfance, venait d'avoir des dents avec des élastiques. La scène se passe à la cantoche, entre deux crottes de nez à Simon et des Gervais frais.

- Juju, t'as vue tes dents ?

- Ouais j'chais ch'est pas facile, mais ch'est l'dentiste à ma mère qui a dit que ch'était mieux comme çhà, que plus tard j'aurai les plus belles...

- Putain... tu lui a parlé de moi ?

- Non, pourquoi ?

- Ben Juju, toi et moi, à la piscine, au bar des Deux avenues, toi et moi chez Paul et Jean-Jacques, chez Sophie, toi et moi au Bowling.... tu vas me foutre la honte ! T'as vue tes dents ?

- Quech'que j'peux y faire ?

- Bon, maintenant tu fermes ta bouche, et tu vas m'écouter !

Juliette baissait les yeux et fermait ses dents pour lui plaire. Simon, travaillait sous la table ses petites sculptures. Son nez le lui rendait bien.

- Demain tu vas chez ton putain d'dentiste et tu lui fais enlever toutes les merdes qu'il a mis autour de tes dents, d'accord ?

- … Mais ma mère ?

- Tu fermes ta bouche j'ai dit ! Ta mère... t'as qu'à lui dire que c'est pas pratique... elle comprendra !

Juliette pleurait d'admiration pour Marc et transpirait de chagrin pour sa mère. Sa mère qu'elle aimait tant, et sur qui tout le monde se retournait, tant elle était belle. Tellement belle que des inconnus lui offrait des fleurs, qu'elle jetait sur la tombe à son père, mort d'avoir trop bu.

- Bon là, Marc,... si j'peux permettre... T'es pas sympa avec ta copine ! J'écoute depuis dix minutes tes conneries, j'me tenais jusque là à carreaux... mais là j'sens qu'ça me gonfle et que j'vais t'en mettre une !

Sans attendre, Marc s'en prenait plein les siennes... A l'infirmerie il en menait pas large et sur Facebook ça commenté grave déjà sur lui: ' bien fé connar', 't'as pas assuré Mec', ' T'l'a dans l'cul', 'T'as encore tes molères ?'...'P'tite bitte'.

C'est vraiment depuis ce jour là que les boutons lui sont venus, dans cet instant T, entre Thérèse l'infirmière, Juju la victime et Simon la crotte.

La morale de cette histoire, c'est qu'il vaut mieux se gratter le nez et se laver les dents, que de se faire pourir les gencives par une Porsche qui se ronge les ongles.

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