Le cerf

Yannick Darbellay

Pierrot est mort. 
J'ai pris mon fusil et j'ai marché sans me retourner. Marthe m'a regardé partir, avec ses yeux immenses en couvercle sur ma peine. À l'orée de la forêt, j'ai pisté le cerf. Je me suis mis contre le vent, j'ai déchiffré la terre et je l'ai trouvé. Alors, j'ai épaulé mon arme. Le mufle fumant, il a levé la tête, l'a tournée vers moi et n'a plus bougé. J'ai pensé à Pierrot, mort dans son sommeil. J'ai observé la bête, j'ai songé à mon fils puis j'ai décrispé les mâchoires et baissé le canon.
Et j'ai chialé.

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