Le chant de l'avocette
Christophe Paris
Son corps est lourd.
Sa tête endolorie.
Les yeux clos, aveuglés par un blanc intense.
Mais il y a aussi ces tonalités, étrangères à ses oreilles.
Alva vient de reprendre une conscience perdue à son insu. Son premier réflexe est de penser qu'il a trop forcé sur la bacbuc. Il en avait quand même descendu quatre avec ses potes et se croyait victime d'une bonne gueule de bois, mais massif le bois.
- Ça va passer, se disait-il en conservant ses paupières fermées.
Les minutes s'écoulent sans que cette multitude sonore et la lumière intense ne disparaissent. Il pose alors sa main sur le front comme un indien cherche des nuages de fumées, et finit par entrouvrir son regard.
Stupéfaction.
L'incandescent blanc provient du plafond d'un lieu totalement inconnu.
De la lumière en intérieur.
Il en était bouleversé, n'en croyait pas ses mirettes. Faisant le point progressivement, il constate que les bruits s'accompagnent de points lumineux colorés sur d'étonnantes machines. Impossible cependant d'identifier quoique ce soit d'habituel.
- Quelle est donc cette fantaisie ?! s'exclame l'alité constatant que des fils d'une curieuse matière sortaient de ses bras.
Paniqué, mais curieux et pragmatique de nature, l'interloqué amnésique examine l'endroit cherchant des réponses logiques à une situation loin de l'être. Mais c'était cette lumière fascinante qui lui hantait l'esprit sans cesse.
- Mais de quelle sorcellerie suis-je victime ? Suis-je devenu fou ? Vocifère-t-il prêt à s'enfuir.
À peine la phrase terminée une porte s'ouvre.
- Oh purée… ! Mais c'est kouâ ça !
Alva se croit mort, au paradis ou en enfer, en tout cas devant un spectre. Une silhouette immaculée à la voix de vendeuse de poisson qui avance lentement vers lui.
- Ah oui, premier avril… j'avais oublié… C'est pas malin, ça fait un lit en moins… ça c'est encore la Syl, ai' fait caguer la quinqua !
Énervée, la dame blanche pousse une gueulante en demandant à ladite Syl de ramener sa fraise illico.
Les yeux d'Alva, s'accommodant peu à peu à leur biotope, constatent qu'il s'agit d'une damoiselle et non d'un spectre. Une forte poitrine à grand décolleté et long vêtement blanc à deux poches. Un style vestimentaire lui aussi totalement inédit. Effrayé, mais cherchant à éclaircir la situation, Alva demande à la bougresse où il se trouve. La réponse tient en trois mots et un prénom :
-Oh putain !!!,Syyyyyyyyyl ! Bordeeeeeel !
-Oui oui j'arrive, mais appelle moi destiny j'tai déjà dit, répond l'intéressée du fond du couloir.
- Ouais bah là miss geek les jeux-vidéo ça commence à bien faire, c'est quoi ce branquignol déguisé en assassin's crout !
- Creed pas crout, répond la collègue fan de console en arrivant dans la chambrée, et pis de quoi tu parles en fait ?
… Silence… Un paquet d'anges passe comme les Beatles sur un passage piétons, laissant la voie libre à un « Oh putaing ! Mais kissécegus ? »
- Attends ! C'est pas toi qui l'as mis ici ce guignol ?
- Ben non pis c'est plutôt le côté bourge de pirates des caraïbes le look… répond Syl en pure gameuse.
- Mais on s'en fout du look là !!
Alva intervient sur un ton grave courroucé.
- Diantre les donzelles au lieu de vous chamailler l'étoffe dites-moi ce qu'il se passe ici et qui vous êtes !?
Les deux infirmières se regardent dépitées ne trouvant à répondre qu'un « Oh putain » en canon façon Gospel. Syl en basse, suivie par sa collègue Nicole en mode castra.
Alva enchaîne,
- Toi la pulpeuse à peau laiteuse, aurais-tu l'obligeance de m'enquérir de cette drôlerie.
L'infirmière, qui passe son temps à dézinguer dans le virtuel est plus qu'embarrassée vu qu'elle n'en sait rien.
Rugby.
Syl pense Rugby et botte en touche.
- Hé bien vous êtes à l'hôpital et…
- À l'hôpital ?? Mais non c'est impossible, cet endroit ?? Vous en êtes certaine ??
les deux infirmières entonnent cette fois un « oh putainnn » à rendre aphone le cœur de l'armée rouge.
Inspiration…
Expiration,
- Bah ouichhhhe, répond destiny qui se dit qu'elle ferait mieux de changer de pseudo vu comme le sien tourne au vinaigre. Elle enchaîne avec une voix concupiscente à faire bander un régiment sous bromure.
- Ça va aller monsieur, rassurez-vous, oui à l'hôpital, tout va bien.
- Mais non non, je dois rêver ! Vous êtes folle ! Rétorque l'homme perruqué de blancs cheveux frisés qui tente de se lever, s'arrêtant net sur la douleur provoquée par les perfusions.
Syl reprend la donne.
- Nous sommes le 12 juillet 2018, il fait beau et vous avez les deux meilleures infirmières de la capitale.
-2018 !!!! Raaaah mais vous délirez vous êtes totalement démente ?
Syl se fâche. De par la situation, mais aussi de par son métissage, un père corse et une mère grecque…
- Allez, stop là ! on se calme et on se couche, renvoie-t-elle sur un ton directif.
- Oh la doucement la belle à grosse mamelle !! On ne me parle pas comme à un foutriquet, calme ton ardeur ancienne jouvencelle ! Quel est donc ce pays où les femmes osent ainsi s'adresser aux hommes ! N'as-tu point honte la dodue !!
- Bah il est pas chié c'ui-là ! Lâche Syl totalement sidérée face à sa collègue spectre morte de rire.
- Naaaan Syl c'est pas possible ce truc de ouf ! Remarque Nicole qui bouleversée parle en djeune, c'est la téloche, une caméra cachée ou une émission dans le genre.
Mais pas de caméra, et ce, après avoir scrupuleusement scruté tout le scrutable d'une chambre d'hôpital, c'est-à-dire pas grand-chose.
- La pomme ! C'est la pomme ! s'exclame Alva comme si dieu lui était révélé.
les deux infirmières froncent les sourcils se penchant l'air interrogatif vers un Alva troublé par la situation mais également par ces deux décolletés en plongée qui lui faisaient perdre pied.
- Quatre miches ! Éructe Alva à la Gargantua.
- Y va s'calmer le Molière libidineux là ! Réagit une Nicole toute outrée.
- Non non ! Quatre miches de pain, oui c'est ça… un repas dans les champs… Le chant d'une avocette… Ouiiii, c'est l'autre freluquet avec ses théories douteuses, l'andouille m'a jeté une pomme au visage pour illustrer sa théorie et puis plus rien…
Syl s'adresse à sa collègue.
- Vas-y !
- Quoi vas-y ?
- Nicole, fous moi une baffe que je sois certaine qu'on n'est pas dans une hallucination collective.
- T'es sérieuse là ? S'angoisse la collègue avec un accent du 9/3
- Vas-y j'te dis ! Qu'est-ce que t'att….
Vlam ! La miss vient d'envoyer une droite de cow-boy histoire de bien réveiller Syl.
- Alors c'est comment ?
- Ben c'est pareil, excepté que j'ai mal à la joue…
- Bon… Vas-y alors, répond Nicole résignée et appréhendant la baffe.
Vlam, une baffe, mais cette fois en version Batman. Toujours pour bien réveiller mais aussi faire comprendre à Nicole que la claque de tout à l'heure, ben, fallait pas abuser non plus!
- Alors c'est comment ?
- Ben c'est pareil, excepté que j'ai mal à la joue…
Alva, témoin perplexe de la scène est en pleine réflexion philosophique.
« Quel étrange contrée où les femmes se giflent toutes seules sans l'aide de leurs maris ! Auraient-elles conscience de leurs fautes à tel point qu'elles s'en puniraient elles-mêmes ? Quelle étrange coutume nous attend dans le futur ? Que va-t-il nous rester pour prouver l'intrinsèque supériorité de l'homme ? »
Le réel efface le philosophe sur un « la pomme ? » des deux infirmières.
- Oui oui une pomme !
- Vous avez faim ? interroge Nicole
- Ah oui assurément, c'est étrange… mais je me sustenterai bien d'une pomme moi…. Dites-moi, d'où vient cette ardente clarté d'en haut et les couleurs de ces petites choses qui apparaissent et disparaissent ?
Syl en aparté avec Nicole.
- Oh purée il est perché celui-là, mais pas sur un arbuste, c'est du haut d'un séquoia qui nous parle le type.
- Yep, en plus il est pas tout seul y'a tout un HLM dans sa tetê.
- On va pas le contrarier, je vais appliquer la formation sur l'adaptation au patient, mais tu gardes un œil sur moi au cas où.
Syl met en pratique.
- Hé bien c'est une fée qui génère tout ça, on la nomme électricité, mais elle peut aussi se transformer en sorcière et vous tuer en un instant si on tente de la toucher.
- Vous ignorez sans doute que je puis demander au roi un jussion et vous faire évincer pour moquerie envers une personne de mon rang ! L'électricité permettez-moi de vous dire que j'en connais l'existence! renvoie furibard un Alva vexé d'être ainsi moqué en ravi du village.
- Syl ? Y'a plus haut qu'un séquoia ?
- Non, après c'est l'Everest ma cocotte et là les sherpas y sont déjà au camp de base de sa tête.
Nicole tente une dérive.
- Vous ne nous avez pas dit votre nom…
- Alva, enfin… Thomas, mais je préfère Alva.
- Hé bien Alva je suis Nicole et voilà Syl…
- Je n'en ai cure de vos noms atroces, d'où vient ce soleil intérieur? S'énerve Alva.
Formation continue, le retour.
Cette fois il s'agit du paragraphe, gérer un patient vindicatif.
- Mon cher Alva, les formes rondes au plafond sont des ampoules, comme ces petites diodes lumineuses colorées sur nos machines. L'encéphalogramme, l'électrocardiogramme, le tensiomètre, explique l'infirmière avec un sourire de cupidon d'église italienne.
- Je n'entends rien à tous ces mots, il y a bien quelque chose d'autre non ? s'écrie le patient dépatienté.
- Euh… Un fil incandescent ? Interroge Syl comme une candidate timide et peu assurée d'un jeu télévisé.
Dix Points pour Syl, le nonosse nourrit l'intérêt d'Alva.
- Aaaah… un fil incandescent… Qui produirait cette éclatante blancheur….
Nicole pliée de rire s'échappe pour aller chercher la pomme de monsieur. Alva enchaîne les questions comme un possédé dont la vie dépendrait de la réponse.
- Incandescent dites-vous… mais comment ne se consume-t-il pas ?
- J'en sais trop rien, c'est en métal c'est tout… reposez-vous sinon vous allez disjoncter.
- En métal… un fil en métal qui devient luminescent… termine Alva songeur.
À cet instant Nicole revient avec une belle Granny smith. À peine la phrase d'Alva achevée, elle trébuche à cause de sa nouvelle paire de lunettes progressives. Cherchant à se rattraper, elle lâche et propulse le fruit défendu comme une balle de 7.65 en plein visage d' Alva.
Les deux femmes en blanc sont totalement abasourdies par ce qu'il vient de se dérouler sous leurs yeux. La pomme, en touchant Alva l'avait fait disparaître en une fraction de seconde. Il ne restait plus rien, excepté deux infirmières évanouies sur le sol d'une chambre d'hôpital.
Un pommier.
Un pique-nique.
Des gens.
Une avocette qui se la pète en chantant à tue-tête.
- Diantre Alva où étais-tu passé ?! Tu as disparu d'un coup !! Que t'est-il arrivé mon ami ?!! Est-ce bien toi ? Tu sembles ailleurs, interroge un des convives apeuré comme les autres.
Alva réfléchi avant de répondre, chose rare chez un homme, et décide de masquer la réalité.
- Mes chers confrères et amis, pardonnez-moi de vous parler de la sorte mais il est indéniable que vous avez trop forcé sur les bacbucs de notre ami vigneron ici présent. Je vous ai vu plonger au même instant dans un profond coma éthylique et suis resté pour veiller votre ivresse.
- Non mais tu plaisantes ! Rétorque un autre, nous t'avons tous vu disparaître en un instant !
- Pure hallucination collective liée à l'absinthe et à nos conversations sur l'ésotérisme, je vous assure. Alva cherche à écourter la conversation et partir au plus vite, laissant ainsi planer le doute sur les évènements.
- Je vais devoir vous quitter car il me vient à l'instant une idée qui va changer le monde.
- Toujours aussi prétentieux Monsieur Thomas Alva Edison !
- Je l'avoue mon cher Isaac newton mais au moins je n'utilise pas le subterfuge des oxymores pour briller en société et charmer la précieuse ni encore moins le lancer de pomme…
Je vous salue et vais maintenant construire le futur de vos enfants, si toutefois vous trouvez à vous marier un jour.
Tout le monde rit.
Thomas Edison file alors vers son destin à la vitesse de lumière, tout en se disant qu'il faudrait changer celui des femmes, en leur inventant par exemple des objets utiles aux tâches ménagères…
On a beau être un génie on n'en est pas forcément une lumière…
Ça faisait un bail que je ne t'avais lu. Tu t'es mis au peoytl ou tu mets de l'ergot de seigle dans tes céréales ?
· Il y a plus de 6 ans ·petisaintleu
juste l'âge et ses effets :) et hi mister la teigne :)
· Il y a plus de 6 ans ·Christophe Paris
contente de te lire et disons-le, quelle aventure !
· Il y a plus de 6 ans ·nyckie-alause
Dis donc , tu t'es bien amusé et avec talent en plus, bravo Christophe...cela fait plaisir de te revoir par ici...
· Il y a plus de 6 ans ·marielesmots
hello marie ! marci c'est gentil d'être passé me voir, et je suis content de revenir gentiment ici aussi :) bises zainôrmes
· Il y a plus de 6 ans ·Christophe Paris
Ah, ah ! Le moins que l'on puisse dire c'est que tu ne manques pas d'imagination, ni d'humour ! Bravo
· Il y a plus de 6 ans ·ade
merci de ton passage ade you are the next avec maud et pour toi c déjà bien en tête... bises
· Il y a plus de 6 ans ·Christophe Paris
Bah pas de merci ! C'est toujours un plaisir de te lire et tu sais que j'aime ton style d'écriture, c'est moi qui te dis merci pour ce moment. Et pour the next : yes !!!
· Il y a plus de 6 ans ·ade
Bravo m'sieur :-))
· Il y a plus de 6 ans ·Maud Garnier
C gentil mais c bourré de fautes bon je corrige delain merci du passage maud jé terminé celui d un pote aorès c toué :)
· Il y a plus de 6 ans ·Christophe Paris