Le chewing-gum

valy-bleuette

Le temps s’étire comme un chewing-gum.

Au début, son goût est délicieux

Puis peu à peu, traîtreusement,

Parce que l’on mâche inconsidérément,

La saveur s’estompe.

 

Alors on sort le chewing-gum entre deux doigts,

On l’examine, navré, car il est tout grisâtre,

On tente de l’étirer, par jeu,

Espérant s’accommoder de la fuite du goût

En gagnant l’art du sculpteur qui invente.

 

Mais par mégarde, le chewing-gum se rompt

En deux, puis en plusieurs morceaux, inutiles.

 

Vivement, et maintenant vaguement dégoûté

Par cette pâte décomposée et durcissante,

On recolle les fragments en composant

Une petite boule.

 

Et résigné, on remet en bouche

Cet amalgame sans nom.

 

Je rappelle que je parle du temps,

Aussi rares sont ceux qui jettent la boule

Dans le caniveau...

 

On mastique donc cette chose insipide,

On se contente, sans bonheur,

De sa consistance parfumée comme le rien.

 Et le temps file entre nos dents.

 

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