Le ciel est gris. Ma pièce est sombre. Je suis assis. Je suis fatigué. J’écris sur un air de radiohead.

bis

Le ciel est gris au-dessus des passants trempés et moi j’enrage assis sur l’antre des démons méchants de mon passé.


J’hésite parfois.

Une bouteille de Tequila se cache dans mon placard. Samedi, j’aurai fini d’aller à ce turbin de fêlés, dans cette ville de fêlés qui s’ignorent, avec ce vécu de fêlé qui se sait. Parfois, lorsque je passe à côté d’un bâtiment, j’ai peur des conséquences. J’ai peur d’un peu de tout, j’ai peur d’un peu de rien. Et je pense à elle avant de me prendre la tête dans les mains (vite, une rapide seconde, j’ai l’habitude de faire semblant d’aller bien…). Je ne comprends pas. Je ne comprends rien en général. A part l’objectivité. Les trucs bien rigides qui me font dire que tout se résume en un seul adjectif pourri : éphémère.

Les sentiments chez moi sont tronqués, les sensations chez moi son biaisées. Même lorsque je baise, c’est différent. Des autres. Je n’ai que faire du temps qui passe et des sempiternels ressassements pleins de fiel contre les évènements. C’est là, c’est tout, contentez-vous de continuer la chanson.  

Les pires démons sont ceux d’avant. J’ai souvent fait en sorte d’être invité. Fête, alcool, blablas d’ados plus fachos qu’on ne voudrait me le faire avaler. Facho de normalité, facho de fatuité, facho d’inanité.

Pas tous.

Un jour, alors que j’étais bourré, je me suis retrouvé à crécher chez une connaissance. Elle avait des photos, pleins de photos sur son armoire. D’elle, de ses amis, de ses amours et son passé. J’ai souri et j’ai pensé aux souvenirs que j’aurais pu mettre sur mon armoire. Ceux qui me plairaient… Cette question est restée sans réponse. Ça ne m’a pas rendu triste. Ça ne m’a pas fait plaisir. Je suis resté à m’inventer des couleurs que le monde entier ne voyait pas. Des monstres et des chimères que je restais le seul à apercevoir.

Si vous pouviez venir dans ma tête un petit moment. Même sans alcool, vous verriez comme c’est beau, comme c’est chaud et simple.

Maintenant, pas avant…

Aujourd’hui, j’ai renoué le contact avec une fille du passé. Elle m’a dit que je leur manquais. Moi aussi, en un sens, ils me manquent. Mais l’affirmer sans nuance arborée, c’est un peu nier les démons du passé.

Ceux qui GUEULENT encore parfois. Forcément, à s’inventer des bêtes ailées, des monstres armés, on finit par en voir certains mauvais se développer.   

Faisons un truc, pour un court instant, histoire de vous montrer… laissons parler un démon.

Carte blanche pour un court laps de temps. Je serai hors du temps pour le passage d’un moment de musique haletante...

« Le karma noir de ma ville est le résultat d’années de pêchés, d’années de cœurs brisés. Pas seulement le sien.

C’est en regardant la femme sur la table, c’est en la regardant danser que j’ai senti sur moi la vérité des doux sentiments associés : celui de l’amour et de la démence. Crier, voler, inventer, vivre dans un autre monde, avec autre chose, avec une autre elle, une autre passion, d’autres sentiments. Et nous nous embrassions langoureusement, comme des amants excités par le trépas de l’interdit. Des assauts de ma langue jaillissait mon amour excité, mes doigts rentrés dans sa chemise puis plus en dessous.

Plus en dessous des chairs. Et je voulais voir en elle la renoncule des temps perdus, m’enjoignant de taire à jamais les douleurs du passé fou de cet anxieux bébé qui me porte. »

La chanson est finie. Les doigts sont devenus moins rapides sur le clavier, les idées se bousculent beaucoup moins… puis la haine dans ma tête est partie. Reste l’arc-en-ciel.

Ça se finit en queue de poisson, mais le laisser parler serait un peu rouvrir les aspérités de ma colère apaisée.

J’ai pris du plaisir à écrire aujourd’hui...

++

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