Le club des ratés

Prenez ça comme vous voudrez, mais je crois que jamais je n'arrêterai de faire des jeux de mots à la con. Ici, ou dans la vie.

La vie. La vraie. Je me suis levée un peu plus tôt que d'habitude ce matin et c'est ce à quoi j'ai pensé. La vie, ma vie, la réalité.

Encore imprégnée d'un film triste vu la veille, j'ai fait le point sur ce que j'étais autrefois et sur ce que je suis devenue aujourd'hui. Je crois qu'avec le temps, j'ai perdu pied, totalement. Je me suis enfermée dans un monde d'illusions, qui n'existe pas. Face à l'écran, mes larmes sont montées et j'ai été contrainte de prendre l'air, pour tenter de respirer. Pour ne plus penser à ce que je nommerais "ma déchéance". Je suis devenue droguée, suis tombée sous l'emprise d'une dépendance. La virtualité. Cela n'a pas échappé à certains de mes lecteurs, j'ai bien changé de pseudonyme, ici. J'ai dit à ceux qui se posaient des questions sur mon départ précipité que j'avais fui sur le coup de menaces. Ce n'est pas exact. Disons que je me suis inventée un scénario sur le compte d'un homme que j'aime. Et j'ai cru dur comme fer, à ce que j'avais prétendu de lui. En fait, je suis partie de colère d'avoir été contredite dans mes convictions.

Le film d'hier, tout simplement, m'a fait prendre conscience de la paranoïa dont j'avais fait preuve vis à vis de lui, durant longtemps et je l'avoue, encore avant hier. Les mots, les dialogues, les situations ont fait plus que me parler. Je me suis vue et je l'ai vu, lui aussi. Je suis loin d'être David Fincher, mais il faut croire que nous avons puisé lui et moi dans le même thème, moi, sans le savoir. Et quand je dis "le même thème", je veux dire aussi les mêmes idées, les mêmes paroles.

Sans le dévoiler, il y a même un détail qui m'a fait rire comme une folle, tant il s'apparentait à ce que j'ai pu dire. Pourquoi a-t-il fallu que nous choisissions le même propos ? C'est tout de même étrange, les coïncidences...

A prétendre de lui qu'il était malade, je me suis rendue compte qu'en réalité, c'est moi qui déconait gravement ! Je me suis faite un film. Et celui qui m'a conseillé de le voir, peut-être, a voulu m'alerter sur ma propre dérive. C'est terrifiant ce que mon imagination a pu inventer. Le plus misérable, est que peut-être, j'ai voulu voir cet homme en état de souffrance. Peut-être que cela était pour balayer, ignorer, dégager la mienne.

Quelque soit le message qu'il a voulu me faire passer ou bien... peut-être n'y a-t-il aucun message, j'ai ressenti un malaise profond. Au générique de fin, je n'avais qu'une envie: lui demander pardon. Pour ce que je lui ai dit, fait avec acharnement.

Avec le temps, j'ai fini par croire que tout ce que nous pouvions échanger (parler comme écrire) avait un double sens. Du genre "Ého ! Je suis prisonnier d'un conflit psychologique ! Regarde bordel ! Je suis obligé de berner mes propres pensées pour t'avouer ce que j'endure !".

Je me suis paumée là dedans. Complètement. Et j'espère ne pas trop l'avoir entraîné dans mes délires de persécution. La schizophrènie, oui, évidemment, c'est bien de cela qu'on parle, est une maladie trop complexe pour oser l'aborder alors que l'on est ni psy, ni médecin. Moi, je me suis permise d'employer, mal, leur discours, sans savoir, sur la seule base d'un soupçon, d'une impression ou d'écrits faisant penser à. Lui.

Je me sens à la fois dévastée, d'avoir pu mettre en doute sa parole et triste de penser que je suis enlisée dans un monde faux que j'ai créé de toute pièce.

Alors aujourd'hui, ce que je voudrais, c'est à la fois me désintoxiquer et redevenir moi-même, ce que je ne suis plus. C'est moi qui n'ai plus vraiment d'identité. Et il faut que j'arrête de déverser mes souffrances sur lui.

Mon Dieu ! Que de choses j'ai pu croire ! Au point de rendre vivants des êtres qui ne sont pas de chair. Les vouloir ainsi au point de les imaginer me faire l'amour. Oui ! Entrer en moi ! Éprouver un désir charnel dans leurs bras, alors... alors... qu'ils n'existaient pas ! Chaque phrase, chaque geste ou sourire venait forcément d'un esprit, un personnage parlant par la bouche de mon homme ! C'est fou, non ?!?

Alors, il faut que j'arrête, et que je vive maintenant et que je montre à mon amour qu'il est "Un et unique". Et que je m'excuse d'avoir douté de cette évidence.

Il faudrait que j'arrête d'écrire sur ce site où j'ai cru le lire mille fois et dans lequel je me suis perdue. Mais je sais qu'il me sera impossible de faire cela du jour au lendemain. En fait, je ne sais pas trop quoi faire, vu mon état de décomposition avancée. Moi qui ai tant voulu trouver des sens cachés aux mots qu'il a prononcé.

l'avoir véritablement écouté.