Le don de soi

Et en plein cœur de la plénitude, par un glissement imperceptible et sans grâce, la fissure du cœur appelle le vide.

Plus de présence, ni de vibrations, ni de ces instant-éternité dont on se sentait si riche.

Plus de bonheur, plus de malheur. Plus de soi-même, pour faire vivre un poème.

Les heures s'écoulent sans heurt. Le bruit de la ville vous vrille et votre corps est las.

Mais c'est dans cette faille entre le plein et le rien, que la fragilité devient art et que surgit l'étonnement, celui qui deviendra la joie.

Alors la prose se pose avec la légèreté d'une feuille dont elle a gardé les nervures. L'émotion, ce qui s'échange à fleur d'âme d'un lecteur à l'autre, tous ces prénoms qu'on se murmure sans en connaitre les visages, mais dont l'écho  résonne en vie.

Une fois encore je savourerais cette belle innocence du don de soi, plus forte que l'indifférence.