LE FLAN

manulelela

LE FLAN

Le flan est un personnage mou, très mou.

Fils spirituel de Oui Oui et Mamie Nova, le flan hoche la tête, bouche fermée, yeux bridés, dans la crainte de la question suivante. Crispé, craintif, il a autant de charisme qu'un bulot, autant de caractère qu'une huitre. Cultivé car enfant prostré dans sa chambre durant des heures, adolescent boutonneux aux cheveux gras rejeté de ses congénères et en particulier de la gente féminine,  le flan a potassé des centaines, des milliers de livres, monté nombre de maquettes de bateaux ou autres avions, étudié la reproduction des grillons et  la vie sexuelle des fourmis d'Amazonie.


Le flan, spécialement celui au caramel, a appris comment passer inaperçu. Non, pardon, chez lui, c'est inné. Raseur de murs, regard abimé par le bitume, le marbre, le parquet, les cailloux ou la terre, on ne le remarquerait pas dans une armée d'eunuques. Frère et enfant modèle, élève du premier rang, lèche cul, il s'oriente souvent vers les métiers de pouvoir. Castré par le non-regard des femmes, il y trouve là le seul moyen d'apparaitre à leurs yeux. Technocrate, énarque, il accumule les costards cravates, les Berluti dans l'armoire, les boutons de manchette…et les effets de manche !


Le flan se caractérise surtout par son manque de caractère. Adepte du « c'est le dernier qui parle qui a raison », il change d'avis comme de chemise, dit tout et son contraire. Il est le roi de la contradiction. Incapable de prendre des décisions et encore moins de s'y tenir, le flan flotte au gré du vent. Tantôt à droite. Tantôt à gauche. Il retourne sa veste, toujours du bon côté !


Le flan n'a pas de femme. A moins qu'il n'ait atteint le pouvoir. Eh oui, la femme est faible. Elle découvre que dans la lumière, même un flan a des atouts ! Dans ce cas, le flan pourrait même se vanter d'en avoir plusieurs…mais ce n'est pas son genre ! Le flan se contente donc de peu.


Le flan prend le bus ou le métro. Il s'accroche désespérément aux barres, l'éternel regard collé au sol, les mains moites et les pieds poites. S'il évolue dans les sphères financières, il a peut-être une belle voiture. Souvent noire. Allemande. Qui, comme lui, passe inaperçue. Parfois, le flan évolue en scooter, pour aller plus vite dans les bouchons. Caché sous son casque, il ne craint pas les vibrations des pavés. Ni les regards curieux.


Le flan n'a pas d'humour. La seule fois où il a fait rire, c'était totalement involontaire. Il a beau connaitre les blagues carambar par cœur, fréquenter les spectacles comiques, il n'a jamais avalé de clown et reste un piètre raconteur d'histoires drôles. Caché dans l'ombre de grands guignols, il a été écrasé par leur présence et n'en tire que rancœur et rancune, particulièrement envers les caricaturistes. Pourtant, son allure parfois grotesque, souvent dégingandée, fait régulièrement naitre sur le visage de ses interlocuteurs des sourires de…compassion ? Voire des fous rires de …pitié.


Le flan est l'antithèse de l'homme sûr de lui, Ray Ban sur le nez, mâcheur de chewing gums, mannequin accroché au bras, flambeur et prétentieux, vulgaire et arriviste, visant les hautes sphères sans le cacher.


Le flan colle au Palais.


A haute dose, il provoque nausées et vomissements.


Trop de flan tue le flan.

 

 

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