Le nid douillet

mgx

Rêverie nostalgique autour d'un lieu


Au début…

 

Ça ne tombait pas vraiment sous le sens,

Ça n'était pas pure évidence.

C'est vrai.

Murs défraîchis et grille taguée par les loulous,

Les loubards du quartier qui avaient fait de son délabrement

Leur effet de style.

Elle avait pour amour fou un lierre qui l'enlaçait,

Depuis ses fondations jusqu'à la charpente du toit,

Là où nichaient les mésanges.

Bâtisse repassée à la chaux, ancien corps de ferme de banlieue, tout à refaire, tout à reprendre,

Cherchez l'erreur.


Et pourtant…


Quand ils eurent les clefs en main, il y eût comme une gêne entre eux.

« Avons-nous fait le bon choix ? »

Ils eurent besoin de se rassurer, et s'échangèrent des sourires timides ou de tendres cajoleries. Je ne sais. 

Voilà donc « Le lieu » tel qu'ils l'avaient élu, pour y vivre.

C'était ici.

Ce serait là.  

Longtemps.

Ensemble.

Et puis il y eût les travaux pour que le corps de ferme devienne maison de famille,

Et son ventre se tendait tandis qu'elle rafraîchissait les murs.

Elle voulût un jardin et un petit étang où viendraient nager des carpes tranquilles.

Il voulût des rails de chemin de fer pour créer une travée qui inviterait à la promenade.

Des tomettes. Carreaux crèmes et oranges sur lesquelles viendraient picorer les rouge-gorges qui croiraient être dans le Sud,

L'hiver.

Ils décidèrent que ce serait tous les jours dimanche dès qu'ils passeraient l'entrée. 


Ensuite…


Elle voulût que les fenêtres soient toujours ouvertes,

Et la porte,

Jamais fermée.

Elle se lança dans la cuisine,

Il inventa le bureau.

Ils grimpèrent ensemble à l'étage et vernirent l'escalier.

Ils posèrent un grand miroir XIXème, dans lequel ils purent se mirer.

À deux,

Et puis à trois.

C'est ici que je suis née.

Babillement d'enfant qui habilla la chambre,

Et toujours un rayon de soleil sur le plancher.

 

Et jusqu'au toit il y eût des rires,

Et jusqu'à tard, il y eût des chants,

Lorsqu'ils invitèrent tout le monde à la crémaillère

De leur maison rêvée.

 

À la fin…


Je revois le sourire de ma mère,

À la fenêtre de notre nid douillet.


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