Le piquet rouge.
effect
- Si tu m'trouves, tu pourras m'en faire un !
Je me souviens avoir compté jusqu'à 20 et que c'était long. Que 10 aurait suffit car à 5, je savais déjà où son intention de se cacher me mènerait. A 4, ses pas avaient disparu du gravier, me laissant à penser qu'elle avait pris le petit chemin d'herbe qui monte à la cabane à outils. Mon comptage devenait de moins en moins précis, tant je me voyais déjà l'embrasser derrière la remise.
- ...13,11,16...17... 19, 14, 20 ! Hou hou j'ai fini ! Hou hou !
Connaissant l'emplacement de mon futur baiser, je faisais semblant de chercher dans les fougères arborescentes jusqu'à me perdre au poulailler des Mathieu, sis en extrémité de la parcelle à mon pépé, à hauteur du piquet et du caillou rouge, bornage de patrimoine.
Mon pépé refilait aux Mathieu ses mauvaises poules, 'celles qui foutent rien du matin' comme il disait, 'pour qu'elles laissent travailler les autres' ajoutait-il.
A mon âge, je ne savais pas que les poules travaillaient, ou que d'autres se prélassaient.
Les poules des Mathieu servaient en décoration et se faisaient de temps en temps tirer les plumes lors des sorties MJC, pour l'activité pédagogique "Coiffes et flèches Indiennes".
Quand certaines n'en avaient plus, les Mathieu les laissaient cuire au pot. Quand ça sentait le poireau et le navet jusque dans la cour de chez mon pépé, il disait toujours: Les cow-boys ont fait la boutique !
A mon âge, je pensais que mon grand-père buvait, parce que les cow-boys c'était pour moi en Amérique sur les livres.
- Hou hou Lilie ! Hou hou !
En redescendant par les maïs, je finissais lentement par m'approcher de mon butin, prenant soin et garde de ne plier aucun blé afin de n'éveiller nul soupçon. Ma discrétion payait puisque la surprise était intacte:
- Coucou Lilie ! (Lilie se tripotait le nez et les cheveux, les jambes étendues, en appui sur la brouette).
- Mais comment t'as fais pour m'trouver ? (la brouette chuta).
- Ben, je suis allé là ou ça sent le pain d'épice !
- Déconnes ! Marc dis que je sens le chocolat ! T'es sûr ? Je sens pour toi le pain d'épice ?
- Marc, il y connait rien en odeur de biscuit ! Il sait pas faire la différence entre un Pépito et un Chamonix orange les yeux fermés !
Ah les sillages de parfum...
· Il y a plus de 6 ans ·mariec
Super texte. Nostalgie de l'enfance ou de notre enfance, celle où nous pouvions encore nous passer des i-phones, de FB et des selfies ?
· Il y a plus de 6 ans ·petisaintleu
J'avais quand même les deux pots de yaourt et le fil tendu :) Merci !
· Il y a plus de 6 ans ·effect
Oh! Comme c'est frais et beau!
· Il y a plus de 6 ans ·unrienlabime
C'est l'printemps :)
· Il y a plus de 6 ans ·effect
Tu es doué dans le repérage de bornes :)
· Il y a plus de 6 ans ·marielesmots
Pas que :)
· Il y a plus de 6 ans ·effect
Tu ne l’as voyais pas comme ça, la nostalgie quand t’étais petit. :o))
· Il y a plus de 6 ans ·Hervé Lénervé
Non c'est vrai, je la voyais moins loin :)
· Il y a plus de 6 ans ·effect
La nostalgie demande une certaine distance, du recul et une perte pour ressentir des regrets. :o))
· Il y a plus de 6 ans ·Hervé Lénervé
Dans une perte des sens, c'est la jauge qui diminue :)
· Il y a plus de 6 ans ·effect
Attends, je ne suis pas une bagnole, bon admettons, mais une Masérati ou rien ! :o))
· Il y a plus de 6 ans ·Hervé Lénervé