Le soleil venait d'avoir vingt ans
thib
Un jour, le soleil venait d'avoir vingt ans, tu ne connaissais sans doute rien du goût des fleuves. C'était un matin tout d'herbe, englué d'aube, un matin qui décide. Je devais être quelque part, évidemment, au cours d'une rue, planté dans une campagne. Toi c'est ce jour-là que les hirondelles ont choisi de faire leur nid au coin de tes yeux. Le soleil venait d'avoir vingt ans.
Tout est tranquille me disais-je si tranquille. Ou presque. Il restait à calmer mon cœur, le brouillard et ta jeunesse. Souffle le feu, avive l'inutile, j'entamais dans le vent ce qui deviendrait bien plus tard notre première étreinte. Pour les jours où les oiseaux ne seraient plus un abri suffisant, pour les montagnes, et que chaque seconde ensemble annule celles qui nous ont séparé.
Parlons nous, parlons bien, de moi à nous, de toi, c'est tout. Je n'ai jamais aimé sans toi, et le soleil venait d'avoir vingt ans. Tu fermais les rideaux, tu ouvrais les bouteilles, je sais tes gestes je les ai toujours sus. Ils ont fait courir leurs racines jusqu'ici. Jusque dans une petite région rabougrie de ma poitrine qu'on ne connaît pas, c'est ce que font les histoires. Et puis ils ont poussé. Tes gestes, tes illusions, tes espoirs et les matins du coin des yeux. Je sais tes gestes comme si la lumière avait été éteinte et qu'il m'avait fallu les inventer pour avancer.
Si j'osais peu, si je n'osais pas, c'était de ça. C'était d'être ébloui par ce que tes mouvements faisaient aux miens, monde amoureux et le soleil. Venait d'avoir vingt ans. Il en a fallu vingt-cinq de cavale, et j'y compte même les cinq de sursis, mais c'est comme ça. Le soleil a vingt ans, tes paupières ont vingt ans, le printemps et l'histoire ont vingt ans. La joie met du sang dans nos veines, je ne sais pas où j'étais, c'était un matin d'ombre. Qui s'est planté en moi, un matin libre, tu sais, et ce n'est pas vrai qu'il faut de tout pour faire un monde.
Une fois dans ta vie, de temps à autres, tu es comme debout. Et puis avec rien d'autre qu'une falaise, une chanson, et des clés de bagnole. T'entends le matin du feu se péter les dents en bas contre le goût des pierres, et tu te souviens que toi tu crèches en quelqu'un de plus loin. Quelqu'un qui existe, qui a des racines chez toi, quelqu'un dont le soleil ne veut pas encore te donner le nom. Qui te dit ce que les grandes choses. T'as plus qu'à suivre. Déjà, suivre les hirondelles. Et puis bien cimenter les secondes, les unes aux autres, sans oublier de faire beaucoup beaucoup de portes. Et pas mal de fenêtres. C'est une éventualité, mais quitte à finir quelque part, autant s'y rendre qu'y rester.
Mon amour aujourd'hui le soleil a vingt ans. Et ce n'est pas parce que j'ai longtemps fait cuire le langage, il me l'a dit, par-dessus ton verre, pendant qu'un bandeau de photon mordait ta bouche. Pour faire un monde, tu sais, faut de l'amour et rien d'autre. Y a un peu d'bruit qu'est passé sous les ponts. Mais « chaque matin c'est un peu plus le matin », et maintenant, je bois ton prénom avec le café. Le soleil a vingt ans, tu sais, et les oiseaux de ta jeunesse.
C'est beau d'aimer, mais ça ne dure jamais vingt ans. Belle poésie.
· Il y a plus de 7 ans ·Hervé Lénervé
le soleil c'est toi. Terre et soleil... Merci...
· Il y a environ 8 ans ·ellis
Le soleil, c'est un rayon de vent dans tes cheveux, un truc dans ta bouche, le sens du frisson sur ta peau. Tu sais.
· Il y a environ 8 ans ·thib
j'adore cette manière d'écrire, c'est vraiment un chouette texte... Ces mots me touchent
· Il y a plus de 8 ans ·joanandmom
Je suis touché qu'ils te touchent. Et puis du compliment. Ça représente beaucoup. Merci.
· Il y a environ 8 ans ·thib
Magnifique !
· Il y a plus de 8 ans ·nyckie-alause
Merci !
· Il y a environ 8 ans ·thib
texte habité une illumination
· Il y a plus de 8 ans ·Susanne Derève
... oui, comme une épiphanie. Merci.
· Il y a environ 8 ans ·thib
Y a des gens, ils ont tellement de choses dans le cœur que ça déborde par les yeux et parfois quand ça sort par la bouche, c'est tellement mélangé que ça vient tout de travers, comme si les mots c'étaient pris une langue dans la gueule. Et puis ces mêmes gens quand ils écrivent, tout est là, les yeux, ces mêmes mots mais qui trouvent cette fois leur place et qui se posent juste là où il fallait. Ben celui-ci il est tellement plein tes yeux que j'ai vu sur elle que, ben oui ça met la larme à l’œil, sale gosse !
· Il y a plus de 8 ans ·lilu
Sourire. Faut savoir retrouver les évidences et tout se déplie. Merci m'zelle.
· Il y a environ 8 ans ·thib
Un peu plus et je wow magnifique, merci merci merci.
· Il y a plus de 8 ans ·bleu-vert-jaune
C'est moi qui vous remercie. Vraiment.
· Il y a environ 8 ans ·thib
Bien :)
· Il y a plus de 8 ans ·Mario Pippo
:)
· Il y a environ 8 ans ·Approuvé.
thib