Les belles plantes
petisaintleu
Les bords de l'Allier ont eu trois usages. Planquer les mobylettes volées, une fois que le réservoir était vide. Faire mon herbier en seconde. C'est ainsi que j'ai découvert le plantain commun, la laîche paniculée et l'œnanthe fistuleuse. J'étais déjà, au vu du nom de ces plantes, à un poing de la troisième distraction qui allait m'occuper. Quitter le monde végétal et la reproduction des plantes à fleur pour m'intéresser plus particulièrement à l'ordre des mammifères. C'était purement désintéressé, juste pour prendre un peu d'avance sur le programme de biologie.
L'Allier a l'avantage, tout comme la Loire, d'être resté sauvage. Je ne vous invite pas à vous y baigner, comme ce fut le cas du sbire venu éplucher les comptes de l'agence de mon papa. Il n'était pas fan de Jeff Buckley, tout au plus peut-être de son père Tim, car le rejeton n'avait que vingt-ans à l'époque et il n'avait encore rien produit. Il n'empêche que l'audit s'y noya par un chaud après-midi de juin.
Ainsi, la rivière possède un lit très large quand elle n'est pas en crue. A défaut de pouvoir amener une amie à la maison et profiter de ma couche, elle offrait des centaines d'hectares pour pouvoir m'y planquer entre les herbes hautes et donner libre cours à de l'anatomie comparée.
Les rencontres étaient calées lors des boums où après qu'un copain m'eut renseigné sur la réputation d'une lycéenne du Banville, à la sortie de celui-ci. Il me fallait environ trois semaines pour oser aborder ma future dulcinée. Je m'accordais d'abord une longue période d'observation, volée par la célérité avec laquelle je donnais des coups de pédale pour rejoindre le bahut. Je gagnais de précieuses minutes qui me permettaient de ne pas perdre trop de temps pour rentrer à la maison. Au pire, je prétextais un bouchon monstre, digne du périphérique parisien, sur le pont Régemortes, retardant le bus qui m'avait reconduit du lycée agricole à la bibliothèque.
Venait ensuite une poussive parade nuptiale. J'avais au préalable doublé la dose de Clearasil, dans l'espoir d'un miracle dermatologique. Quand je ne me faisais pas jeter, j'obtenais un très prosaïque : « ok, on fait ça où et quand ». On a beau dire que les jeunes de maintenant, c'est plus ce que c'était, c'était pareil il y a trente ans.
Rendez-vous était alors pris, soit devant la médiathèque, soit devant la piscine. Le bassin nautique avait de pratique qu'il se situait juste au bord de l'affluent. J'avais ainsi le temps de m'y plonger quelques minutes pour prouver à mes parents, maillot de bain mouillé à l'appui, que je n'avais pas brassé du vent.
À la suite de mon premier exploit, peu poussé, je dois l'avouer, je rejoignai mes potes. Quand je leur mis mon doigt sous leur nez, ils furent incapables de déterminer l'origine du fumet qui s'en échappait. Mais, quand je leur en indiquai la provenance, ils poussèrent des cris d'orfraie, dignes de jouvencelles effarouchées. Ils me rappelèrent le cours de biologie et la vidéo que la prof avait présentée sur la chouette hulotte.
Quant à moi, je pris la précaution de ne pas me laver les mains pendant une semaine.
mmmm très très intéressant... c'est comme si j'y étais dans ce voyage.... c'est vrai aussi que desfois, sans avoir rien à prouver on n'a pas envie de se laver pour garder l'autre en soi... Bien aimé les com aussi et la fête à Neuneu mdr....oui...
· Il y a plus de 10 ans ·Apolline
Je vois que tu pénètres profond dans l'époque moulinoise ;)
· Il y a plus de 10 ans ·petisaintleu
L'allier peut t'aider ! Comme titre : Lettres de mon Moulins ? :=))
· Il y a presque 11 ans ·yl5
histoire d'y ajouter un peu d'eau, à ma femme fontaine ?
· Il y a presque 11 ans ·petisaintleu
Alimenter le canal.
· Il y a presque 11 ans ·yl5
Extra! Faut en faire un recueil de ces textes, envoie ça aux éditeurs, on en sait jamais un coup de chance, ça arrive...
· Il y a presque 11 ans ·arthur-roubignolle
J'y pense, j'y pense. Mais j'ai l'idée de faire 365 chroniques, une par jour ! Donc, je devrais, si je continue à ce rythme, les terminer d'ici fin mai. Là, j'attaque dans le même genre. Mon premier concert ... Frédéric François .. à l'hôpital psychiatrique de Moulins-Yzeure.
· Il y a presque 11 ans ·Et je pense avoir plus ou moins le titre "Chronique extraordinairement ordinaires".
petisaintleu
Chronique extraordinairement ordinaires, c'est pour l'ensemble des chroniques. Pour la prochaine, c'est "La fête à Neuneu".
· Il y a presque 11 ans ·petisaintleu