Les chroniques de l'Apocalypse

shude

Les chroniques de l'Apocalypse

Par Shude

1er décembre 2012 - 23 h 18

Sophie est blottie dans mes bras, elle sanglote et tremble de partout. J'essaie de la calmer, mais difficile quand dehors les tirs des balles fusent au loin dans tous les sens.

Maman et papa nous encerclent de leurs bras. Papa tente de tous nous apaiser en disant que tout ira bien, que ça sera bientôt fini. Au son de sa voix, je sais qu'il ment elle monte dans les aigus et tremblote. Il n'a jamais su mentir, il est trop honnête pour ça. La main de maman empoigne mon épaule gauche, elle nous sert tellement fort Sophie et moi contre elle, que je suis sûr d'avoir des bleues à mon épaule. Elle aussi a peur je le sens dans la façon de me toucher, c'est une femme forte elle sait gardée son sang-froid. Des tirs plus rapprochés me sort de mes pensées et me font sursauter. Papa me tapote la tête pour me rassurer :

― Du calme, du calme.

Je lève la tête vers lui. Son visage est illuminé par la dernière lampe torche qui nous reste.

Ses grands yeux bleus d'une douceur dont seul lui a le secret me fixent.

― Ça va Zack ? Demande-t-il en souriant.

Je secoue un oui timide de la tête. Papa est souvent très intimidant, surtout dans les situations où il faut avoir la tête froide. Ce n'est pas étonnant qu'il soit devenu le chef de la police à à peine quarante ans.

Un bruit sourd se fait entendre dehors. Sophie gigote et maman l'apaise en lui murmurant quelque chose à l'oreille.

― Il faut que je sorte voir ce qui se passe. Chuchote papa.

Dans un cri d'horreur, maman nous lâche et agrippe son bras.

― Non, reste avec nous. Supplie-t-elle en pleure.

― Ne t'inquiète pas chérie, je reviens bientôt.

Le visage de mon père s'illumine en la voyant. Mes parents sont toujours aussi fous amoureux l'un de l'autre, comme au premier jour même après dix-huit ans de mariage. Ça se voit dans leurs yeux, dans la façon de se regarder et de se toucher. Avec tout l'amour et la tendresse qu'il éprouve pour elle, il lui saisit le visage et l'embrasse. Je l'entends susurrer « Je t'aime » à son oreille. Quelques secondes après, la porte du placard dans lequel nous sommes cachés se referme en un claquement. Sophie s'échappe de mes bras pour retrouver ceux de maman, toutes les deux sanglotent en silence. Une boule se noue dans mon ventre. Papa est dehors seul, avec ces choses. Je n'ai qu'une idée en tête, le rejoindre.

J'entre ouvert délicatement la porte, pour m'assurer qu'il n'y a personne.

― Où est-ce que tu vas Zack ? Demande maman paniquée.

― Retrouver papa ! restez là toutes les deux. Je reviens vite !

Avant même de l'entendre protester, je referme la porte sur eux.

Il fait noir dans la maison et il n'y a aucun bruit. Le silence total. L'électricité avait été coupée depuis la veille, bizarrement seuls les postes de télévision fonctionnaient encore.

Je n'y vois presque rien. Au loin, une lueur rouge et jaune attire mon attention, elle semble provenir du salon. Je rase les murs et j'avance à petits pas sans faire de bruit. Mon cœur bat vite, je suis à la fois terrifié et intrigué. J'entre tout doucement dans la pièce et je suis surpris de voir que la cheminée est allumée. Surement l’œuvre de papa. Une boite rouge grande ouverte et vide se trouve par terre, je la reconnais immédiatement, c'est là où papa range tous nos papiers ; passeports, actes de naissance, livret de famille... Je comprends maintenant pourquoi la cheminée est allumée.

Il a tout fait brûler. Mais dans quel but ?

Brusquement une explosion, secoue toute la maison, suivie de plusieurs autres. Les murs tremblent et les vitres explosent. Je me jette par terre et entoure ma tête de mes bras pour me protéger des éclats de verre.

Après plusieurs longues et interminables minutes. Le silence règne à nouveau. Je me relève et regarde autour de moi. La maison n'est plus qu'une ruine. Des débris de verres, de bois et de plâtre jonchent le sol.

Il y a de la lumière dehors comme en pleine journée, pourtant nous sommes en pleine nuit. Une chaleur abominable se fait ressentir. Je vois par la fenêtre de la cuisine, la maison des voisins d’à côté est en train de bruler. Une angoisse folle m'envahit. Je n'ai qu'un mot en tête papa. Je cours vers la porte d'entrée et je crois reconnaître de l'autre côté sa voix qui profère des menaces. Un léger soupir de soulagement s'échappe de ma bouche.

J'ouvre la porte.

Une détonation.

Un corps qui s'écroule en arrière.

Je ne comprends pas tout de suite ce qui vient de se passer, je regarde hagard autour de moi. Environ, une vingtaine de soldats armés et masqués encerclent notre maison. Je franchis le seuil de la porte et mes yeux se posent sur un corps allongé dans notre allée à quelques mètres de moi.

Je reconnais ces rangers et cet uniforme. Mon sang se met à bouillir dans mes tempes, mon cœur se serre. Je marche d'un pas saccadé vers lui. J'ai peur de comprendre ce qui vient de se passer. Je m'entends respirer bruyamment, sans doute du aux émanations de fumées des incendies alentours.

Très vite, ma gorge se dessèche. Les fumées que je respire me brulent les poumons. J'arrive à la hauteur du corps, il me faut quelques instants pour pouvoir baisser ma tête vers lui.

Je déglutis péniblement. L'air devient irrespirable.

Quand enfin j'arrive à baisser la tête, mes yeux se voilent de terreur. Un trou rouge pourpre, gros comme une pièce de deux euros se trouve en plein milieu du front de mon père. Mon regard se pose sur ses yeux grands ouverts, auparavant si bleues et doux ils sont à présent vitreux et sans vie. Il est étendu par terre souillé par son propre sang. Ma gorge se serre, j'ai envie de crier, aucun son ne sort. J'ai mal. Je m'écroule à genou à côté de lui. Le choc m'empêche de respirer. Je suffoque. Mes poumons me font de plus en plus mal.

Et puis soudain, je réalise. Mon père vient d'être assassiné d'une balle en pleine tête.

Un cri inhumain se fait entendre derrière moi me sortant de ma torpeur. Je me retourne et je vois ma mère sur le pallier de la porte les deux mains plaquées sur sa bouche. Ses magnifiques yeux verts sont grands ouverts et fixent le corps sans vie de mon père au sol. Deux soldats armés l'agrippent pas les épaules, avant même que je n'aie eu le temps de la rejoindre. Je reconnais le logo qui se trouve sur leurs casques et leurs armes, c'est celui de la nouvelle secte qui est apparue en septembre. En 3 mois, elle a endoctriné plus de personnes dans le monde que n'importe quelle religion en plusieurs siècles.

― Non ! Gronde-t-elle de toutes ses forces. Lâchez-moi ! Laissez-moi rejoindre mon mari !

Ma mère se débat dans tous les sens comme une furie en pleure. Je ne l'ai jamais vu comme ça. Tétanisé, je n'arrive pas à bouger.

Un des hommes armés lui donne un coup de poing au visage et je vois un filet de sang dégouliner de sa bouche. Mon sang ne fait qu'un tour. Je me jette sur l'homme qui agresse ma mère et la roue de coups au sol. Grâce à son armure et à son casque, il ne ressent aucune douleur, contrairement à moi. À chaque coup que je lui porte, je sens les os de ma main se briser. Soudain, je ressens une violente douleur au creux de ma nuque. La dernière image que je vois avant de m'évanouir, est celui ma mère en pleure, penché sur le corps sans vie de mon père.

Je me réveille avec un affreux mal de tête. Je suis à genoux, les bras en croix que deux hommes tiennent de chaque côté. Quelques choses de visqueuses coulent sur mon visage, je ne sais pas ce que c'est. Une des coulées vient atterrir à la commissure de mes lèvres. Je passe ma langue et une nausée m'envahit. C'est du sang. Mon sang.

Je relève tant bien que mal ma tête, et découvre avec horreur ma mère, les vêtements ensanglantés et ma sœur en pleure qui essaie de réprimer ses larmes. Elles sont toutes les deux, elles aussi à genoux, les mains attachées derrière le dos et une arme braquée sur leur tête. Je regarde un peu plus loin et mon ventre se noue. Horrifié. Elles ne sont pas seules. D'autres personnes sont dans la même position qu'elles. Le plus affreux, c'est que je les reconnais, ce sont tous les voisins du quartier. Trois tirs se font entendre suivit de plusieurs autres. Je sens le regard de ma mère et de ma petite sœur se poser sur moi. Il faut que je me montre fort pour elles. Je leur adresse un grand sourire, j'espère que ça ira pour les réconforter. Au même moment, l'homme qui se trouve juste à côté de ma mère s'écroule par terre, un énorme trou ensanglanté en plein milieu de la tête.

Tout devient clair... une exécution. Voilà ce qu'ils font tué tout ce qui refuse d'entrer dans leur maudit nouvel ordre mondial. Un homme en rouge habillé différemment des soldats s'approche de ma mère. De grosses larmes ruissellent sur sa joue, Sophie est aussi terrifiée qu'elle.

― Soumettez-vous au nouvel ordre mondial ! où mourrez-vous ! S'adresse à elle une voix métallique.

Ma mère tremble de partout, terroriser elle n'arrive pas à parler. J'entends un CLIC. Le bourreau qui se trouve derrière se met en position de tir. Affolé, je crie :

― Nous, nous soumettons ! Nous nous soumettons ! mais par pitié, ne faites pas de mal à ma mère et à ma petite sœur.

L'homme en rouge se retourne vers moi, il porte un masque comme les autres soldats qui cache son visage. Il est terrifiant.

― Vous vous soumettez ? redemande-t-il.

― Oui, ma mère, ma sœur et moi-même. Nous nous soumettons au nouvel ordre mondial.

Il prend mon menton entre ces mains et soulève ma tête. Je fixe là où ses yeux doivent être. Je ne dois pas vaciller du regard, la survie de ma famille en dépend. Maintenant que papa n'est plus là, c'est à moi de m'assurer de leur sécurité.

― Très bien ! Dit-il en me relâchant . Conduisez-les dans le camion et soignez-les.

Nous étions la seule famille dans le camion. Les soldats nous ont donné des couvertures et des masques à oxygène pour mieux respirer.

― C'est très courageux ce que tu as fait. Me dit maman en caressant mes cheveux blonds. Mais ce n'est pas à toi de prendre soin de nous, c'est à moi de prendre soin de vous.

― Ne dis pas n'importe quoi maman quoi qu'il arrive je te protégerai So' et toi.

― Je sais chéri. Merci. Je suis fière de l'homme que tu es devenu. Ton père aussi doit être fier de toi. Elle passe sa main sur ma joue et me sert dans ses bras. Elle chuchote à mon oreille :

― Écoute-moi bien mon cœur. Je vais faire diversion et je veux que pendant ce temps tu prennes ta sœur et que vous couriez le plus vite possible dans les bois. Personne ne connait ces bois aussi bien que toi.

― Maman ! Protestè-je .

― Chute, laisse-moi finir. Le rôle des parents est d'assurer la protection de leurs enfants. Ton père nous a protégés, maintenant c'est à mon tour de vous protéger. Je ne laisserai personne vous endoctriner, ni vous priver de votre liberté et de votre futur. Est-ce que tu me comprends Zack  ?

Je secoue la tête contre elle. Bien sûr que j'ai compris, papa s'est sacrifié pour nous protéger et maintenant maman en faisait de même.

― C'est bien mon fils ! N'oublie jamais que je t'aime et papa aussi.

― Je t'aime aussi maman !

Elle glisse dans ma poche quelque chose.

― Qu'est-ce que c'est ?

― Nos alliances.

Elle se détache ensuite de moi pour prendre Sophie dans ses bras.

― Écoute-moi ma chérie, on va être séparé tous les trois. Je veux que tu écoutes Zack et que tu lui obéisses, tu ferras tout ce qu'il te demandera de faire. D'accord ma puce ? Tu peux faire ça pour moi ?

Sophie éclate en sanglots dans ses bras et lui en fait la promesse. Mon cœur se serre, je sais que c'est la dernière fois que notre famille est réunie. Je me jette sur elles, et je les serre fort dans mes bras. Je les aime tellement.

― Tu es prêt Zack ?

― Non maman ! je ne peux pas faire ça, je ne peux pas te laisser seule. C'est impossible !

― Zackary Black, tu n'as pas le choix et je ne te demande pas ton avis. Ta sœur et toi vous devez vivre à tout prix même sans moi. Tu es fort, bien plus fort que tu ne le penses. Tu ressembles tellement à ton père que je suis sûr que ça ira pour vous deux.

Elle s'adresse maintenant à ma sœur et moi en nous regardant :

― Maintenant, tenez-vous près tous les deux. À mon signale courrez aussi vite dans les bois que vous le pouvez.

Sophie hoche la tête en reniflant, elle a séché ces larmes pour se montrer forte devant maman. Je dois prendre exemple sur elle, si c'est la dernière image qu'elle doit avoir de ses enfants, je dois faire faire bonne figure.

― D'accord. Lui dis-je.

Elle frappe vigoureusement à la porte arrière du camion en criant :

― Ouvrez-moi ! J'ai quelque chose à vous demander.

Après quelques tambourinements, un soldat ouvre la porte.

― Qui y a-t-il, Madame ?

― Juste ça ! Réponds ma mère en lui assénant un violent de bonbonne à oxygène sur la tête, qui le fait basculer en arrière.

― Maintenant mes chéris !

Je saisis la main de So' et nous sortant en courant du camion.

― Cours aussi vite que tu peux vers la maison de madame Belin So' ! Ne regarde pas derrière cours !. Hurlè-je .

Moi aussi, je ne dois pas regarder en arrière malgré les cris de maman et des soldats. Je dois foncer !

Un coup de feu retentit... et je devine à ce moment-là que nous sommes orphelins.

2 Décembre 2012 - 00 h 03

J'ai de la chance, le portail de madame Belin est grand ouvert. Sa maison n'est pas encore incendiée. J'ai un pincement au cœur quand je pense qu'elle aussi doit se tenir parmi les prisonniers. Depuis la mort de son mari, elle vit seule, elle a toujours été très gentille avec notre famille. Surtout, avec Sophie qu'elle aimait comme sa propre petite-fille. So' cours de toutes ses forces devant moi, elle porte le pyjama rose princesse que je lui ai offert pour son anniversaire. Une fois qu'on aura franchi la palissade de sa cour arrière, nous serons dans les bois et de là il suffirait d'arriver le plus vites possible à la grotte.

Je fais passer So' derrière la palissade, et je m'aperçois que les bois sont trop sombres pour qu'on puisse s'y aventurer sans se perdre ou se blesser. Pourtant, c'est le seul moyen de rester en vie. Il faut que je réfléchisse vite, le temps nous est compté. L'ancien tuyau d'égout désaffecté ! Il se trouve non loin de là et assez grand pour qu'on puisse s'y cacher tous les deux jusqu'au lever du jour. Je jette un coup d’œil autour de moi, le linge de madame Belin est encore étendu dehors. Je me saisis de deux serviettes sur la corde à linge et je saute à mon tour au-dessus de la palissade rejoindre Sophie.

― Ça va petite sœur ?

― Oui ça va. Répond-elle essouffler.

Elle transpire, ses fins cheveux châtains sont collés à son visage. J'écarte une mèche de son front et les range derrière son oreille.

Je prends sa main et nous nous dirigeons vers notre cachette. Subitement je m'arrête, des branches craquent et j'entends un froissement de tissus. Des bruits de pas. Je m'accroupis et j'attire So' contre moi ma main sur sa bouche, car sa respiration est trop bruyante. Il ne faut surtout pas qu'ils nous découvrent.

― On doit bougé So'. Je vais passer devant et toi tu grimpes ensuite sur mon dos. Murmuré-je à son oreille.

Elle fait oui de la tête. Je m'assure qu'elle soit bien agrippée à moi avant de me lever.

― Accroche-toi à moi de toutes tes forces ma puce.

Quand je sens ses petits bras autour de mon cou, je me lève d'un bond et je cours. J'ai passé tellement de temps à jouer dans ces bois, que même dans l'obscurité la plus totale que je sais où se trouve l'emplacement de chaque arbre.

― So' tourne la tête pour voir ce qui se passe derrière. Demandé-je à ma sœur .

― Il y a trois lumières qui nous suivent Zack.

Ils sont à nos trousses. Je dois courir plus vite, les distancer pour avoir le temps de se faufiler dans le tuyau sans qu'ils nous aperçoivent. Je cours au-delà de mes limites. Ma sœur pèse lourd pour ses 9 ans, je ne dois pas flancher, je dois y arriver. Encore quelques mètres et tout sera gagné.

J'aperçois enfin le rocher qui se trouve à côté du tuyau. Je dépose ma sœur au sol une fois devant celui-ci. Il est comme dans mes souvenirs pas très grand, très sale, avec de la terre et des feuilles mortes à l'intérieur. Pas le temps de chipoter, ça nous fera un très bon abri. J'installe les deux serviettes au sol et je fais rentrer So' à l'intérieur. Avant de m'y insérer à mon tour, je ramasse des vieilles branches et les dispose sur le toit pour cacher le béton apparent. Je prends d'autres branches pour dissimuler l'entrée une fois que je suis à l'intérieur. À peine quelques secondes après être entré, deux paires de rangers noirs se plantent devant l'entrée. Nous retenons notre respiration.

― Où sont-ils passés ? Je les ai pourtant vus partir par là. Grogne une voix d'homme.

― Ils ne doivent pas être bien loin ! continuons à chercher on finira bien par mettre la main sur ces vauriens. Répond un autre.

Ils s'éloignent. J'attends environ cinq bonnes minutes avant de me positionner correctement. Notre cachette n'est pas bien grande environ deux mètres de large sur deux mètres de hauteur. Le plus important est que nous sommes en sécurité pour la nuit et vivants. Je m'étends sur le dos et So' s'allonge sur moi. Je sens son petit cœur battre et l'odeur de son shampoing à la fraise que dégagent ses cheveux m'apaise.

― Ça va ? Murmuré-je.

― Je suis un peu fatiguée, mais ça va. Répond-elle d'une toute petite voix.

― Tu va voir tout ira bien on s'en sortira ma puce.

― Je sais. Papa me disait tout le temps que si quelque chose devait arriver à maman ou à lui, tu serais toujours là pour moi et que tu me protégerais.

J'ai un pincement au cœur en repensant à mes parents. J'ai envie de hurler ! je suis enragé contre les hommes qui ont pris leur vie. 

― C'est vrai il disait ça ?

― Oui, tout le temps. Et je suis sûre que ça ira, parce que même si maman et papa sont plus la, nous on est toujours ensemble et on reste une famille.

J'enlace ma petite sœur tendrement, et dépose sur ses cheveux un baiser. Je suis surpris de voir, à quel point la petite princesse rose bonbon qu'elle était il y à peine 1 heure, avait pris en maturité. Je me souviens d'une phrase qu'un jour grand-père m'avait dite « En temps de guerre les enfants deviennent adultes très vite » et ça collait parfaitement à notre situation.

― Faut que tu dormes un peu So', demain va être une très longue journée.

― D'accord, mais toi aussi tu dois dormir.

À peine lui ai-je répondu oui, nous sombrons tous les deux dans un profond sommeil.

Quelque chose de chaud et de lumineux éclaire mon visage. J'ai du mal a immerger. L'horreur de la veille me revient en mémoire. Mes parents étaient morts et le monde dans lequel nous vivons venait de basculer dans le chaos le plus total. « Les enfants de l'Apocalypse », voilà comment s'appelait le groupe sectaire qui était à l'origine de tout ce carnage.

― Tu es réveillé Zack ? Demande la petite voix de So'.

J'ouvre les yeux. Je suis encore fatigué et je meurs de faim.

― Oui So' je suis réveillé. Bonjour ma puce.

― Bonjour Zack.

Je regarde dehors et de faibles rayons de soleil commencent à émerger de la cime des arbres. Il doit être entre 7 h et 7 h 30. C'est le moment idéal pour s'échapper de notre cachette et rejoindre la grotte. Les bois seront encore dans l'obscurité pendant une bonne heure avant que le soleil n'éclaire tout.

― J'ai faim.

― Moi aussi sœurette. Ça te tente des framboises sauvages.

Ses yeux s'écarquillent devant ma proposition et me lance un joyeux oui.

― Ok, laisse-moi le temps de sortir vérifier que la voie est libre dehors et on y va après.

Passé par le petit champ de framboise allaient nous faire perdre un peu de temps, mais au moins on n'aura quelque chose sur l'estomac.

Je sors discrètement, et je vérifie tout autour de moi. Quand je me suis assuré qu'il n'y a personne, je fais sortir ma sœur.

― C'est bon So' tu peux sortir. N'oublie pas de prendre les serviettes.

― Où est-ce qu'on va ? Demande-t-elle en s'extirpant de notre cachette.

― Tu te souviens de la grotte où je t'ai amené il y a pas si longtemps.

Elle fait oui de la tête.

― Eh bien, nous nous rendons là bas.

Je vois dans ses yeux de l'excitation. Je l'avais amené avec moi, il y a deux mois de cela quand je l'avais surpris à me suivre. Elle avait tout de suite aimé cet endroit, pour elle c'était un véritable terrain de jeu. L'entrée de la grotte est quasiment introuvable pour ceux qui ne savent pas où chercher, elle est cachée par d'énormes buissons. C'est vraiment un pur hasard qu'Alex mon meilleur ami et moi étions tombés dessus lors d'un camping il y a 2 ans. Depuis, la grotte est devenue un peu notre quartier général, notre refuge, enfin surtout pour Alex. Il y passait la plus grande partie de son temps.

― Tu crois que Alex y sera ?

― Je ne sais pas ma puce.

Au fond de moi, j'espère vraiment qu'il y soit. Je suis inquiet pour lui. Il est rare qu'on passe une journée sans se voir.

Après vingt minutes de marche, nous arrivons à une petite clairière. Sophie est émerveillée par les dizaines de petits framboisiers qui s'offrent à elle. Elle me fixe avec ses grands yeux bleus comme pour attendre mon autorisation. Ma gorge se noue, son regard à la même intensité que celle de papa. Après un vite coup d’œil pour vérifier qu'il n'y a pas de danger. Je lui donne mon accord.

― Vas-y, tu peux y allez !

Elle se dirige vers le framboisier le plus proche et ramasse une poignet des framboises qu'elle fourre aussitôt dans sa bouche. Je me demande si elle a conscience de ce qui se passe, que plus jamais elle ne retrouvera le monde qu'elle a connu avant. En une journée tout s'est écroulé dans le monde. Les enfants de l'apocalypse avaient pris le contrôle sur toute la planète. Centrales nucléaires, Centrales hydrauliques, missiles, satellites et j'en passe, tout est a présent sous leur contrôle. La planète entière est leur terrain de jeu.

― Zack tu viens ? M'appelle So'.

Je vais la rejoindre et en à peine quelques minutes nous engloutissons une quantité de framboises impressionnantes. J'ai tellement faim que je relâche ma garde.

― Chai bon hein ! S'extasie ma sœur la bouche pleine.

― Le meilleur petit déjeuné au monde. Approuvé-je.

Tout à coup, le signal strident des mésanges me met en alerte. Elles zinzinulent comme ça seulement lorsqu'elles perçoivent un danger.

― So' approche !

― kesche qu'il a ?

J'attrape son poignet. Tous mes sens sont aux aguets. Des regards sont posés sur nous. Prêts à bondir aux moindres mouvements. Après des années de chasse avec mon père et mon grand-père, je sais reconnaître quand je suis une proie.

― So' chérie, prépare-toi à courir.

― Zack...

Sa voix tremble, elle est effrayée. Je tente de la rassurer tant bien que mal.

― T'inquiètes sœurette tout se passera bien.

Vers notre droite à environ deux cents mètres, les oiseaux s'envolent effrayé, un second envole à cent cinquante mètres sur notre gauche et un troisième droit devant à même pas cent mètres.

Ils sont trois, sans doute les même qu'hier. Je recule doucement en entrainant ma sœur.

― So' t'es prête à courir ?

― Oui ! Souffle-t-elle apeuré.

― Maintenant !

Nous courrons aussi vite que possible, So' est devant moi et je la suis de quelques foulées. J'entends derrière moi nos poursuivants crier et s'élancer à notre poursuite. Je dois trouver une autre cachette et vite ! Une idée me traverse la tête. La cachette de grand-père. Elle ne se trouve pas très loin d'ici et c'est un très bon refuge. Nous courrons depuis une dizaine de minutes, je jette un regard furtif derrière moi pour voir s'ils sont toujours à nos trousses. Ils sont proches de nous, bien trop proches à mon goût.

― So' quand je te dirais de tourner à droite tourne !

― D'accord ! Répond-elle hors d'haleine.

Après quelques foulées je hurle :

― Maintenant !

Nous tournons derrière un immense chêne qui nous cache pendant une fraction de seconde. Assez pour saisir So' par la taille et pour nous jeter dans un énorme buisson. Le choc est rude. So' est au sol, des feuilles mortes dans les cheveux. Je rampe jusqu'à elle.

― Rien de casser puce ? Chuchoté-je à son oreille.

― Non, ça va.

Un homme passe devant notre buisson, suivis d'un deuxième, puis d'un troisième.

― Bon sang ! Grommelle l'un d'eux. Où est-ce qu'ils sont encore passés ses morveux.

― Dès, que je les retrouve je leur colle une balle entre les deux yeux. Vocifère un autre homme.

― La ferme ! On doit les ramener, vivant, tu t'en souviens ?

So' pousse un cri. Je colle ma main sur sa bouche pour étouffer le son.

― T'as entendu ?

― Entendu quoi ?

― On aurait dit un cri.

― J'ai rien entendu moi !

― Ça doit être ses maudits oiseaux qui piaillent. J'ai hâte que dans dix-neuf jours ils crèvent. J'ai jamais aimé la nature moi, ça me donne la nausée.

― Tu vas fermer ta gueule oui ! Tu fais beaucoup plus de bruit qu'eux.

La peur m'envahit lorsque je comprends qu'ils ne sont pas à la recherche des fugitifs, mais de la nôtre. Ils s'éloignent quelques instants plus tard. Je m'allonge et ramène mon avant-bras droit devant mes yeux. Je suis épuisé.

Ma sœur prend ma main pour me rassurer, sa chaleur me réchauffe le corps et le cœur.

Je me ressaisi, je n'ai pas le droit le flanché, pas maintenant, pas avant que So' soit en sécurité. Il est hors de question qu'ils nous chassent comme des vulgaires lapins.

Je contemple notre cachette. Je me dis que la nature fait bien les choses, nous sommes entourés de buissons d'une hauteur de plus de deux mètres et au centre le sol est recouvert de mousse. Cet endroit, c'était grand-père, qui l'avait découvert lors d'une de nos parties de chasse, et aucune des biches qu'on chassait ne nous a repérés une seule fois lorsqu'on était à l'intérieur. L'endroit parfait.

― On va rester un petit moment là, le temps qu'ils s'éloignent So'.

Le répit dure jusqu'au milieu de la nuit. Jusqu'à ce qu'une immense fumée noire et une odeur immonde envahissent les bois. Pris de panique, je me lève. Une dizaine de personnes en combinaisons bleues munies d'un lance-flamme brûlent tout sur leurs passages. Terrorisé, je lève So' par les épaules et on s'enfuit. Après quelques minutes, notre fuite est vite stoppée.

― On fait une petite balade nocturne les enfants ?

Je reconnais la voix d'un des hommes qui sont à notre poursuite. Il est planté devant nous.

Je me place devant So' pour la protéger, elle ne doit pas voir cet homme qui braque son arme sur nous. Je dois essayer de préserver son innocence tant que je le peux. Je regarde autour de moi pour trouver une échappatoire, mais je n'en vois aucune.

― Ne pense même pas à t'échapper ! Je te tuerai avant même que tu n'aies eu le temps de faire trois pas.

Mon cœur s'accélère, il faut que je fasse quelque chose. Lui sauter dessus et essayer de prendre son arme, mais un coup de feu est si vite partie qu'il peut toucher So ou moi.

― Vous vous êtes bien fichus de nous pendant cette putain de journée ! Maintenant que je vous tiens, vous allez me le payer !

J'entends un CLIC. Je ferme les yeux, c'est la fin. So' se colle contre moi. Elle dépose sa main dans la mienne que je serre très fort. Je me déteste pour ne pas avoir su la protégée. Dans un dernier adieu je lui murmure :

― Je t'aime petite sœur !

― Moi aussi je t'aime Zack !

3 décembre 2012 - 1h58

― Adieux ! les morveux.

J'imagine le sourire sadique qui se dessine son masque.

― Je ne crois pas non ! S'exclame fortement une voix.

Je reconnais cette voix. J'ouvre les yeux et notre agresseur s'écroule par terre face contre terre un couteau planté dans la nuque. De magnifiques yeux gris rieurs nous contemplent. C'est Alex !

― Hé bien ! Vous étiez vachement en mauvaise posture.

― T'as même pas idée mon pote ! Répondis-je en le prenant dans mes bras.

C'est tellement bon de voir un visage familier, surtout quand c'est celui de l'homme que je considère comme un frère.

― Alex ! s'écrie So' en sautant sur lui. Je suis si contente de te voir !

― So' Princesse moi aussi !

Il la soulève du sol comme quand elle était petite et l'enlace tendrement.

Nous n'avons pas le temps de savourer nos retrouvailles que les flammes nous encerclent.

― La falaise qui surplombe la rivière ! m'informe Alex ! Elle ne se trouve pas loin. C'est notre seule chance.

On se dirige vers la falaise en sprintant. Des tirs provenant de notre gauche nous surprennent.

― Au sol ! Ordonné-je.

On se jette au sol pour éviter les balles. Sur ma droite des cadavres d'animaux morts asphyxiés me glacent le sang. L'incendie se propage dans tout le bois et au sol les émanations de fumées rendent la respiration de plus en plus difficile. L'air se fait rare. La rivière est le seul moyen de s'en sortir. Ma gorge est en feu, j'arrive cependant à leur faire comprendre de ramper jusqu'au vieil arbre. Les tirs s'arrêtent.

L'avancée en rampant semble interminable, à ce rythme-là nous allons mourir sans même avoir fait la moitié du chemin. Se lever et courir c'est le seul moyen de ne pas y rester.

― Alex ! Faut qu'on se lève et qu'on coure. Sinon à ce rythme-là on risque de mourir asphyxié.

― D'accord. Approuve-t-il essoufflé. Je prends So' avec moi.

― Ok !

Il se lève d'un bond et saisi So' par la taille, je le suis de près. Les tirs recommencent.

Les poumons en feu nous courront jusqu'au vieil arbre en essayant de ne pas se prendre une balle. Une fois l'arbre dépassé, je compte. Un ! Deux ! Trois ! Puis, on saute tous les trois.

L'impact avec l'eau est rude ! Nous buvons tous les trois plusieurs fois la tasse. So' tousse bruyant et recrache l'eau par le nez et par la bouche. Elle va bien, Alex aussi. Je suis soulagé. Je lève la tête vers la falaise et les traqueurs nous observent.

― On vous retrouvera les mioches et croyez-moi, vous allez passé un sale quart d'heure. Aboie l'un d'eux à notre attention.

J'entraine So' et Alex vers la berge et nous sortons de l'eau. Il n'y a pas une seconde à perdre, il faut qu'on s'en aille d'ici le plus vite possible. Les vêtements encore gorgés d'eau, on s'enfonce dans la forêt.

Contrairement aux bois qui sont éclairés par l'incendie, la forêt est dans le noir total. Seuls les quelques faibles rayons de la Lune nous offrent un peu de clarté.

― On ne peut plus retourner dans la grotte ! Enrage Alex.

― De toute façon même si l'on pouvait encore s'y rendre on mourrait asphyxié à coup sûr. Rétorqué-je.

So' s'est assis sur un rocher et contemple le ciel avec les vêtements complètement trempés.

― Pourquoi brulent-ils les bois Zack ? Questionne-t-elle.

― Je ne sais pas ! Enlève tes vêtements il faut que je les essore.

― Oh ça pas question ! Je ne vais pas me déshabiller devant vous ! Je suis une fille. Répond-elle indigner .

Les sourcils froncés et les lèvres légèrement étirées sur le côté, elle me défie du regard. J'éclate de rire. J'avais peur que tous ces événements lui ai volé son enfance, mais en voyant cette mine je vois bien que non. Pas encore du moins.

― Ok ! Tu n'as cas aller derrière ce buisson, enlever tes vêtements et me les donner pour que je les essore. D'accord ?

― D'accord ! Répond-elle en se dirigeant vers le buisson.

― Tu crois qu'on est à quelle distance du vieux hangar abandonné ? Demande Alex.

― Aucune idée ! A priori, je dirais deux à trois heures de marche voir plus dans ce noir total. Pourquoi ?

― J'ai garé ma voiture là-bas ! On la prend et on se tire d'ici.

― Pour allez où ?

― Aucune idée, on trouvera bien. Il doit bien y avoir d'autres survivants à ce massacre ! Et puis mieux vaut ça que de finir en barbecue...

Il a raison, on doit tout essayer pour échapper à nos traqueurs et rester en vie.

On marche depuis plus d'une heure. L'obscurité n'aidant pas, So' tombe à plusieurs reprises avant que je la prenne sur mon dos. Finalement au bout d'un certain moment nos yeux s'adaptent à l'obscurité.

― Où est-ce que tu étais passé hier, je t'ai cherché partout.

― J'avais besoin d'air pour m'aérer l'esprit, j'ai pris la voiture et je suis allez faire un tour.

Au son de sa voix, je sais qu'il ment. Il essaie de le dissimuler, nous sommes amis depuis trop longtemps, pour que je ne le remarque pas. Pourquoi me ment-il ? En treize ans d'amitié, il ne l'avait jamais fait.

― Quand je suis revenu, des barrages étaient dressés tout autour de la ville. J'ai planqué la voiture dans le vieux hangar abandonné et je me suis rendu chez toi...

Il s'arrête net dans ses explications et pousse un soupir avant de reprendre.

― Tout le quartier été en feu. Ses espèces de soldats masqués brulaient tout. Ils empilaient des centaines de cadavres qu'ils brulaient comme de la vulgaire paille. J'ai eu peur pour toi et ta famille. Et puis j'ai entendu un de ses soldats parler d'un jeune garçon de 18 ans et d'une petite-fille de 9 ans qui se cachaient dans les bois. J'ai tout de suite pensé que c'était vous deux et je suis parti à votre recherche.

Les poings crispés, je tremble fou de rage. Ces hommes m'avaient tout pris. Mes parents, ma maison, ma vie. Alex qui marche devant moi s'arrête brusquement et se tourne vers moi. Sa voix s'enroue d'émotion.

― Tes parents ! Ne me dis pas qu'ils sont...

Je le stoppe dans sa phrase, je n'ai pas envie qu'il prononce ce mot.

― Si !

― Merde... je suis désolé Zack.

Il a les larmes aux yeux. Il considérait ma famille comme la sienne et c'était réciproque. Mon père parlait souvent de lui comme de son deuxième fils. Je m'inquiète, il a l'air si soucieux. Était-ce parce que nous étions en danger ? Peut-être... mais je suis sûr qu'il y a autre chose.

― Alex. Tu ne me caches rien, n'est-ce pas ?

Il détourne son regard et se gratte la tête. C'est signe qu'il ment.

― Bien sûr que non, où tu vas chercher une idée pareille. Marmonne-t-il avant de reprendre la marche.

Combien de temps marchions-nous ? Je n'en sais rien. Mes jambes me font mal, ma tête tourne et je commence à avoir du mal à respirer. J'ai dû inhaler, beaucoup trop de fumée et je crois bien que je titube.

― Zack, ça va ? Interroge Alex inquiet. Tu es blafard.

― J'ai du mal à respirer !

― On va s'arrêter un instant.

Il prend So' sur mon dos et la dépose délicatement par terre. Elle gémit mais ne se réveille pas.

Je m'écroule littéralement à bout de souffle.

― Tu tiens le coup ?

― Oui, laisse-moi juste un peu de temps.

― D'accord, prends tout ton temps ! Je crois bien qu'on est passé devant un petit cours d'eau tout à l'heure, je vais allez t'en chercher un peu et je reviens vite.

Ses pas s'éloignent. Je vérifie que So' va bien, elle s'est mise en boule et dors profondément. Je ferme un peu les yeux pour mieux récupérer. La forêt est calme, apaisante. J'aime l'odeur qui s'en dégage, elle est rassurante. Alex est de retour, j'entends ses pas.

― Déjà de retour ?

Pas de réponse. Quelque chose de froid se colle à l'arrière de mon crâne. Je reste tétanisé.

― Ne faites pas de mal à ma petite sœur ! Supplié-je.

― Lève-toi !

Je me retrouve nez à nez avec deux traqueurs. Un des deux hommes braque son arme en plein milieu de mon front. Du coin de l’œil, je regarde l'endroit où So' est posée. Je me fige. Un troisième homme la détient, il a sa main plaquée contre sa bouche et maintient une arme sur sa tête. Les yeux de ma sœur sont écarquillés de peur et embués par des larmes. Elle tremble comme une feuille.

― Tu sais que toi et ta morveuse, vous nous avez donné du fil à retordre. T'as de la chance qu'on vous veuille vivant. Sinon c'était une balle dans la tête !  Lâche le deuxième homme d'un ton méprisant.

― Laissez ma sœur ! Menacé-je.

― Je vois que tu tiens beaucoup à elle !

Il s'approche de So' et lui caresse la joue.

― C'est une très belle petite fille !

Voir de sales pattes posées sur ma sœur me rend fou furieux. Mon sang bouillonne, comme quand maman a été giflée.

― Ne la touchez pas ! Braillé-je .

― Sinon quoi ? Tu nous tueras comme tu as tué l'autre soldat.

― Ça c'était mon œuvre ! se moque Alex en lui assenant un violent coup à la tête et s'écroule par terre.

L'homme qui me maintient en joue est surpris, j'en profite pour lui tordre le bras et lui flanquer mon genou dans le ventre. Le bourreau de So' hurle de douleur, elle lui a mordu la main. Alex l'attrape par les épaules et s'enfuit. Je les suis. Un des hommes fait feu, et je sens une douleur foudroyante sur le côté. Malgré la douleur, je continue à courir.

Je fais pression sur ma blessure en appuyant avec la paume de ma main. Je perds beaucoup de sang.

Au bout de quelques mètres, ma vison se trouble et je m'effondre par terre.

Sophie et Alex se précipitent vers moi.

― Zack qu'est-ce que tu as ?

Alex retire ma main de la blessure et un flot de sang jailli de celle-ci. Rien qu'en voyant ses yeux, je comprends.

― C'est pas bon hein !

― C'est juste un petit bobo de rien du tout, tu ne vas pas te plaindre.

So' est agrippé à mon cou et pleure de plus belle. Il essaie de me réconforter So',  je vois bien qu'il est aussi pétrifié que moi.

― Ça va aller ma puce ! Arrête de pleurer. Dis-je en essayant de la calmer

― Tu saignes tellement !

― Oh, ça, ce n'est rien du tout ! Juste une éraflure.

Je la console, mais elle continue de pleurer.

Les trois poursuivants arrivent et nous encerclent. Alex se lève pour leur faire face. Aussitôt deux autres traqueurs habillés différemment les rejoignent. On est pris au piège !

― Alex si je ne m'en sors pas promet moi de prendre soin de ma sœur.

― Le ferme Zack ! On s'en sortira !

Un coup de feu retentit. Un des traqueurs se retrouve au sol un trou dans la poitrine. Je me relève, Alex me soutient et la scène que je vois est surréaliste. Les deux traqueurs qui venaient d'arriver pointent leurs armes sur les deux autres et tirs.

Les deux intrus se retournent et s'adressent à nous.

― Alexei Colton, Zackary et Sophie Black.

― Qui êtes-vous ? Demande Alex sur la défensive.

― Ceux qui viennent de vous sauver la vie !

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