Les Enfants du Siècle Poussière d'Etoiles

ipanema

Dans ma banlieue tu étais mon printemps à moi, mon espérance, aujourd’hui, dans ma déchéance, ma seconde chance , tu me la donnes grâce à la danse.

Ta banlieue m’a mis au ban des accusés, des in - justes et des rejetés que l’on ne veut pas voir et ne plus entendre . Quand sur les « bans » de ton école tu m’as appris les rimes qui riment avec désir, j’ai fini par moisir.

J’ai fini par choisir.

Quand les grands frères me mettaient une kalachnikov dans les mains c’est à l’alexandrin que je pensais, alors je tentais de coucher des vers qui riment à blanc sans être mis au banc.

Mais alors à quoi bon, si ça ne sonne pas pour de bon. Je ferai mieux d’aller dealer dans la rue pour du fric, ça au moins c’est plus chic , même si c’est du cheat.

Après tout, qu’est ce que je risque de ne pas faire de rimes, j’irai tout droit à l’intérim.

Ca ne sera pas pire que la discipline du DRH qui n’a jamais vu de hasch  mais qui mâche et rabâche sa prose à lui. Celle du profil, de la motivation et de la carrière, transi dans son bureau quatre par trois, guindé dans son tailleur jupe ou pantalon. Dans son carcan d’idées de la réussite et de la promotion, enfermé, telle une prison.

Non je ne veux pas de ce maton.

Je ne veux pas de ce patron qui fera de moi un petit soldat aux idées toutes tracées pour filer tranquille dans les pantoufles d’une carrière bien profilée, d’idées toutes aussi étriquées.

Dans ma cellule à Fleury, je rédigerai mon pamphlet contre ceux qui n’ont rien compris de nos vies.

Je peaufinerai le verbe pour faire éclore ma prose que tu mettras en musique et tu finiras par danser, tu finiras par en rire.

Tu te diras que finalement tous ces enfants qui un jour ont quitté un pays pour rejoindre un paradis rêvé mais jamais sublimé sont devenus étrangers sur leur sol adopté.

Dis-toi que toute cette pluie tropicale qui tombe sur ta ville et ta banlieue, c’est comme une poussière d’Etoiles qui illumine ton Ciel d’une Joie et d'une grande Espérance.

Tous ces enfants du siècle rêvent de paillettes rue de la Paix dans un hôtel particulier rue Saint Honoré.

Au défilé haute couture des idées effilées je n’ai pas oublié mon pull Gotthier, mes Channelles de luxe ni mes Guuchi de Chichi de la Prairie.

Sur les podiums tu la verras défiler, ta beauté enrubannée toute fraîchement débarquée, la fille de l’Est, en direct d’Orly Est.

On la voit chalouper de sa démarche plus sûre, pour accompagner son pardessus de la dernière tendance BigSur.

A celui, étranger dans son pays mais qui n’a pas oublié pourquoi un jour il est arrivé.

Il a ciselé sa prose, a fouillé sa rime pour faire s’épanouir le sourire de la liberté et puis il m’a dit :

« Un jour je l’ai croisée, celle qui a attiré mon regard. Ce n’était pas sur la 5ième mais plutôt à Brooklyn. Elle était là, n’avait jamais su pourquoi, mais elle avait toujours la foi.

C’était juste une fois et elle est devenue mon amie, ma sœur, ma gardienne.

Elle était pour moi tout à la fois, ma lumière, ma voie, mon club quatre étoiles luxe, mon infinite premium logée au Manhattan de mes rêves les plus inaccessibles.

La First Lady de mon imaginaire m’était enfin apparue au coin de l’Avenue sans que j’y sois à peine parvenu.

Dans la limousine de mes rêves, j’enlevais ma Cendrillon pour lui faire découvrir la terre de mes ancêtres que j’avais quittée sans jamais oublier les bans de l’école qui m’ont appris à dégainer les rimes de ma prose blindée. »

Signaler ce texte