Les enquêtes d’Hercule Foireaux (58)

Hervé Lénervé

Hercule a été recruté pour la formation de jeunes gendarmes.

Hercule emmène son groupe pour une application sur le terrain d'une action de gendarmerie : apporter une mauvaise nouvelle à une famille dans son foyer.

-         Bon, brigadiers, regardez bien, prenez des notes, mais n'intervenez pas, laissez parler l'expérience. Je sonne !

-         Oui ! Ce n'est pas le jour des calendriers ?

-         Monsieur René Padchance ?

-         Oui, on lui veut quoi ?

-         Pourrions-nous entrer pour discuter, à l'intérieur devant un verre d'alcool fort et des Kleenex, se serait plus confortable.

-         Merde, encore une contredanse !

-         Non, non ! Rassurez-vous, on ne vous fera rien payé. Votre Fils Aimé Padchancenonplu est-il chez vous ?

-         Heu, non, il est sorti, je crois !

-         Bien, j'ai envie de vous croire pour une fois, car je sais où il se trouve.

-         Vous en savez plus que moi, alors, mais que se passe-t-il, à la fin ?

-         Justement en parlant de fin, c'est un bon enchainement, vous me tendez la perche. Figurez-vous que votre fils est mort d'une overdose massive, létale-fatale et définitivement irrémédiable. Game Over, quoi ! Les carottes sont cuites, c'est la fin des haricots comme dirait Popol.

-         Pardon ?

-         Non, vous n'y êtes pour rien. Je ne vous accuse pas, sinon de mal élever et surveiller votre enfant. Il est décédé à huit heures AM, ce matin même, des raisons préalablement précitées. Autrement, vous avez regardé le match hier à la télé. Trois-zéro quand même, ce n'est pas rien, merde !

-         Attendez, je vais appeler ma femme.

-         C'est elle la sportive ?

-         Non, pour notre fils.

-         Oui, c'est vrai, on a trop souvent le tort de garder les femmes dans l'ignorance et l'oubli.

-         Chérie, ces messieurs sont de la police, ils apportent une triste nouvelle.

-         Mon dieu ! Ils sont venus avec une compagnie entière, c'est la troisième Guerre Mondiale, alors !

-         Je n'ai pas reçu d'information définitive à ce sujet, par contre, comme je le disais à votre mari, votre fils est mort par décédation prématuré à cause de votre négligence !

-         Non !

-         Si, si !

-         Ahrérhhhheeeeuuu !

-         Qu'est-ce qu'elle dit ?

-         Chérie, prends tes cachets pour ton cœur.

-         Bon, on ne va pas vous déranger plus longtemps, on a d'autres maisons à faire. Allez au revoir, messieurs-dames, on repassera pour les calendriers en fin d'année, bonne soirée !

Bon, vous avez vu, jeune gens, il vaut mieux être direct et expéditif dans le porte à porte, plutôt que de se perdre en circonvolutions euphémistiquement circulaires  qui peuvent être mal interprétées et vous faire fermer la porte au nez. Allez, on continue. Remarquez que là, j'ai eu de la chance, ils auraient pu n'avoir qu'une fille. Tiens, je vais prendre une fille pour la maison suivante, torturée, violée et éventrée, ça fait toujours son petit effet.

Signaler ce texte