Les ermites fulminent des invitations mornes et crèvent des lumières sans saveur

bis

J’étais invité. J’étais devant un porc brulé, une sauce ratée, des mots faibles qui sortaient à tire-d’aile, tirés d’elle et sa langue forniquant ma patience en tête à tête. J’attirais sur moi le noir et la pénombre dans la pièce et ses décombres, l’ivresse d’une volubile insatiable me torturait sans arrêt de ses mots sans attraits.

Commère autoritaire, aussi puissamment bonne à rien, aussi profondément parlaient ses yeux crétins. Je m’effaçais devant questions et paroles sans actions. J’éradiquais de ma tête l’espoir d’une brisure de compréhension par ses mots cons.

« Passe-moi le sel ! »

Pétasse à langue crasse ! Je n’y capte rien, de la forme de tes mots vains, de tes verbes défunts mourant sans fin dans le vin de mon cœur et ses règles d’airain.

« Ressers-moi du riz. »    

TA GUEULE ! FERME TA GUEULE ! Tu me fais mal. A ne rien comprendre, à te méprendre sur cette triste cendre que tu m’obliges à répandre. Tout autour de moi, mais tu ne le vois pas, vocifèrent amers les ressentiments de ma tristesse étranglée. Ecoute ! Les sifflements de mes peines rampantes, hurlant le pain de ce jour : mes passions, mes lésions puis sans cesse la déraison de ton incompréhension.

« ça va ? »

NON ! NON ! NON ! Mais je le sais, je le sais que tu n’en sais rien. Dans tes pupilles je m’égare, je cherche hagard. Au loin peut-être une gare où malgré tout te montrer ces démons fous, criant dans mon torse les retorses ressort du monde de ma douleur. Je cherche un train, à vapeur pour m’extirper de ma torpeur. Je cherche un TGV, à dompter pour éradiquer ta fausse bonté. Je cherche une gare, avec les rails des désespoirs pour te faire voir : les monstres hurlants dans l’absence de l’évident.

« Hier, j’ai vu… »

Tu n’as rien vu ! Rien encore ! Rien ! Pourquoi mentir ? Tu manques autant du souffrir que du guérir. Aveugle meuglant inepties sur infamies. Chercherais-tu à nuire ? Ou de tes mots violents détruire mon petit mourir : celui d’écrire. Je te hais, je t’aime, je n’en sais même plus le sens. Le cens de mon cœur ou de mes larmes est une feuille psalmodiant mes milles maux déments aux yeux des passants.

ET TOI TU N’Y COMPRENDS RIEN !

« Eh! Où vas-tu ? »

Un fou qui fuit une folle. Je cours, j’dérape, je vole, j’attrape, je tacle, j’élude les obstacles et le « je » comme une débâcle s’efface au son de mes peines à foison. Je m’en vais la tête pleine d’un fiel d’ébène vers un endroit comme du miel. Mes compères l’appellent enfer, j’ai appris à le crier paradis : un océan sombre livresque, presque onirique dans sa mutique insolence d’être sans constance. Désordre et chaos, imbroglio de lettres et mots. Ici chafouine douceur d’une âcre odeur, ici lumière n’est qu’une putain vulgaire.

Enfin je sens sur moi se refermer mes plaies, le souvenir de mon aimée, les mots crétins de cette trainée. Enfin j’oublie sur un livre, les velléités des peines passées. Enfin j’admets dans ma cellule opaque, la quiétude et l’impact des matraquages de la vacuité partout crachée.

Et j’entends l’ardeur d’échos de détracteurs, si mal à l’aise de me voir aise dans ma fournaise de solitude. Si prêt à me sortir et me vomir leur lumière en dessert. Mais cette fois plus d’invitation bande de couillons. Je resterai dans mes haillons, gravant en lettres de sang cette citation sur mon portillon :      

Le noir est ma tanière et je suis désolé de m’y complaire.   

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