LES FEES EXISTENT, JE LES AI RENCONTREES

agathe

Près de la cheminée une princesse très âgée se balance doucement dans son fauteuil à bascule, son dernier petit enfant dans les bras. Deux petites filles sont assises à ses pieds, la tête sur ses genoux.

« S’il te plaît, raconte-nous encore… »

La vieille femme sourit doucement, puis commence son récit…

                        

I

l était une fois une jeune et jolie princesse à qui tout souriait dans la vie. Il faut dire que le jour de  sa naissance, toutes les bonnes fées du royaume s’étaient penchées sur son berceau et lui avaient offert la beauté, la gentillesse, la douceur et la joie de vivre.

 

Elle grandit, heureuse au milieu de ses frères. Comme c’était une princesse moderne, et qu’elle aimait les gens, elle décida de les soigner et d’en faire son métier.

 

Un jour, pendant son travail, elle rencontra son prince charmant. Ils se marièrent et eurent quatre beaux enfants. Dans les vrais contes de fées, l’histoire s’arrête là. Mais ici, c’est là que mon histoire commence…

 

Je vous disais donc qu’elle était belle, gentille, gaie. Toutes ces qualités eurent tôt fait de faire le tour du royaume. Elle était entourée de beaucoup d’amis et faisait l’admiration de ses chevaliers servants et de ses damoiselles de compagnie…

 

Elle vivait d’amour, de sport et de musique et aimait par-dessus tout son travail. La vie s’écoulait simple et tranquille…

 

H

ELAS !  En haut d’une montagne voisine, vivait un mage noir caché au fond d’une grotte. Il se nommait “Kancéros » et il prenait un malin plaisir à jeter des mauvais sorts aux gens. Il entendit tellement d’éloges sur la princesse, que la jalousie le submergea et qu’il décida de se venger.

 

Une nuit, il pénétra dans le palais de la princesse et lui toucha le sein avec sa baguette magique.

 

Quelque temps après, la jolie princesse tomba malade. Oh !  pas une maladie où l’on reste au lit parce que l’on se sent mal. Une maladie qu’on découvre par hasard mais qui ne fait pas mal…

 

Rappelez-vous, c’était une princesse soignante. Elle comprit qu’elle devait se faire opérer et subir un traitement si elle voulait guérir…

 

L

e traitement ne lui faisait pas peur, même si elle savait qu’elle serait fatiguée et qu’elle serait obligée de remplacer ses cheveux que les médicaments feraient tomber. Non, ce qui la rendait très triste, c’est que l’opération allait la priver d’une partie de son corps. Une toute petite partie certes, mais qui est très importante pour les femmes, qu’elles soient princesses ou non. Elle craignait de ne plus être une femme à part entière. Elle avait peur aussi de ne pas voir grandir ses enfants…

 

M

ais ce que ne savait pas la jeune princesse ou tout au moins ce qu’elle avait mal compris, c’est qu’elle était belle quoi que l’on fasse à son corps. Sa beauté résidait dans l’ensemble de sa personne. Sa séduction n’avait rien à voir avec sa poitrine, même si celle-ci était jolie. Ses atouts majeurs étaient sa gaité, ses éclats de rire, ses regards pétillants. Sein ou pas, sa silhouette serait toujours la même, elle s’habillerait toujours de la même façon et continuerait sa vie d’avant, entre sa famille, ses amis, son travail et ses loisirs Elle ne le savait pas encore, mais au fond d’elle croissait une force incroyable que les bonnes fées lui avaient insufflée à sa naissance : la volonté d’aller toujours de l’avant et de se battre

A

fin d’être certaines qu’elle guérisse, trois petites fées se déplacèrent au royaume de la princesse. Elles se nommaient «  Sheer » «  Chimio » et «  Ray ». Elles faisaient des merveilles dans leurs domaines respectifs. Elles se concertèrent et décidèrent d’unir leurs forces et leurs pouvoirs pour sauver la princesse…

 

Un vendredi matin, «  Sheer » s’occupa de délivrer la princesse du mauvais sort que le mage noir avait lancé à son sein. En se réveillant, celle-ci était triste, mais savait que le mal avait disparu.

 

Quelques temps plus tard, les pouvoirs de la petite fée « Chimio » pénétrèrent dans le corps de la princesse pour permettre d’augmenter les pouvoirs de « Sheer ».

 

Le traitement de « Chimio » n’était pas facile. Il eut pour effet de fatiguer la princesse et de faire tomber ses cheveux. Mais notre amie n’en avait cure. Elle avait pris les devants et avait remplacé ses cheveux par d’autres cheveux aussi jolis, aussi doux et aussi colorés. Parfois elle mettait des chapeaux et des bandeaux de couleur qui lui allait fort bien, et qui rehaussaient encore sa beauté naturelle.

 

Il ne resta à « Ray » qu’à peaufiner le travail entrepris par ses soeurs. Pendant plusieurs semaines, la princesse alla voir la petite fée qui lui administra des rayons qui donnèrent à sa peau quelques petits « coups de soleils » vite effacés par un bon onguent.

 

P

endant tout ce temps, la jolie princesse n’eut de cesse que de continuer ses activités. Même fatiguée, elle prodiguait des soins aux personnes qui en avait besoin et elle s’occupait de sa famille. La musique ne l’avait pas oubliée. Le piano lui apportait toujours du baume à l’âme. Les chevaliers servants qui jouaient de la musique avec elle prévoyaient le moment où ils pourraient enfin tous se retrouver. En attendant ils composaient…

 

Q

uant au mage noir, il habitait toujours au fond de sa grotte…

Les chevaliers servants de la princesse et toutes ses demoiselles de compagnie se réunirent un soir. Après un long conciliabule, ils décidèrent de fabriquer une potion magique, qui éloignerait définitivement le mage du royaume.

 

Chacun devait apporter un ingrédient nécessaire à la fabrication de la potion :

Un éclat de rire… Un clin d’œil …Une caresse …Un baiser de la princesse

 

Ce fut à celui qui l’amuserait le plus, la taquinerait, la câlinerait, afin de récolter tous les éléments du breuvage.

 

Et celui qui réussit à compléter la mixture fut le prince Edouard qui collectionna le plus de baisers de la princesse. La potion était complète…

 

Il partit une nuit sur son destroyer. Portant dans sa besace, la potion magique, il chevaucha à travers les plaines et les montagnes inlassablement à la recherche de la grotte du mage « Kancéros ». A l’aube du 3ème jour, il arriva devant la grotte du magicien. Celui-ci dormait encore…

 

L

e prince Edouard s’approcha sans bruit, et introduisit l’embout de la gourde contenant le breuvage, dans la bouche du méchant mage. A peine les premières gouttes touchèrent-elles les lèvres du sorcier, que celui-ci se tordit de douleur. Il se redressa d’un bond et s’enfuit en courant hors de la caverne…

 

La malédiction était rompue et n’avait plus aucun effet sur la princesse. Tout pouvait rentrer dans l’ordre désormais.

 

Il restait à aider la nature à redonner les jolies formes de la princesse. Le Duc De la province d’Esthète était un artiste. Il la connaissait bien et su lui apporter tout son art. Il sculpta un nouveau sein spécialement adapté à la morphologie de la jolie dame. Il y peint des reliefs qui rappelaient ceux d’antan…

 

La princesse retrouva définitivement son sourire. On l’entendait rire sans cesse aux quatre coins du royaume. La vie reprenait ses droits…

 

Vous voyez mes enfants, il faut toujours croire aux contes, même lorsqu’on devient un adulte.

Les contes modernes existent, les fées modernes ont changé de nom, mais sont tout aussi efficaces.

L’amour perdure à travers les temps, la magie continue d’opérer…

 

                                Les fées existent, je les ai rencontrées…

 

 

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