Les groseilles de mer.(1)

On était heureux : nous avions encore nos nez, nos bouches entières, et le vent pour nous seuls.

En contournant les laisses de mer, les chars à voile filaient en faisant d'épaisses gerbes d'eau, laissant derrière eux une retombée de pluie fine et des empreintes de roues passagères. La mousse du ressac disparaissait sous son manteau de varech. Des perles de bébés méduses s'enfilaient une à une, faisant comme un collier de diamants gras serpentant tout le long de la grève, entre pattes d'araignées et corps de crabes desséchés. Aussi des châteaux en forme de seaux et petites tortues démoulées, des châteaux où les adultes n'entrent pas, des châteaux à princes et princesses d'un été.

On habitait sur la dune, la maison en pierre, celle qu'on disait encore tenir debout sans trop savoir comment. On inquiétait les sceptiques, les douteux...

On habitait sur la lune, la maison en lierre, celle...

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