Les jours où je doute

Susanne Derève

 
Il y a les jours où je doute
de la beauté
Affriolant mirage
où les mots prendraient leur envol
mots couleur d'arc-en-ciel
hirondelles volages                                              
que mon esprit  - céleste ? -                                 
affranchirait du sol
comme le doigt tourne la page
 
Comme un navire quittant le port
s'en va rejoindre les parages
aux confins des confins du large
où la mer épouse le ciel                                                           
à la frontière du réel
et de l'espace
 
Il y a les jours où je redoute
les mots qu'on n'a pas prononcés                                                                                
Si  le chariot de la Grande Ourse
pouvait me garder du passé
et qu'elle m'entraine dans sa course
je le saurais
 
Il y a les jours où la route
est trop étroite
entre la lumière et le doute
entre  le bruit et le silence
où  la beauté n'est plus
que le visage grimé de la  souffrance
 
Et si les mains pouvaient encore
d'un  geste d'une caresse d'un baiser
ôter ce joug sous lequel il faut vivre
et de ces combats que l'on livre
pour exister
 
Alors
faudrait-il choisir la lumière
ou rester rivé à la terre
recueillir les dernières larmes
de ceux que la vie désarme
 
sans trembler
 
 
 
 
 
  Illustration : Wassily Kandinsky Improvisation 31 (Sea Battle)
 
 
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