Les Kandinsky du net ( concours des sourires )
jone-kenzo
Je sais: nous sommes deux salauds, mais je suis perplexe. Désappointée. Je sens en moi une sensation inexpliquée qui me jette dans un pressoir désagréable. Je suis tordue par ce que je dois penser. A propos de ce que je suis avec toi. Il parait que j'ai changé. A savoir depuis quand ? En tant que femme, célibataire, ou dans une direction à deux, il me semble que l'âge adulte et ma condition me force à m'assumer. Je n'ai jamais désirée me soumettre à l'épaule d'un autre, et pourtant aujourd'hui me voila jugée de vivre. Car il me semble que la passion, que l' Amour nourrie, ne doit pas nous rappeler ni nous ramener à l’état abrutit de l'enfant à genoux.
Je rirais toujours bien haut pour servir le qu'en dira-t-on. Stigmatisant, me jetant l'opprobre et me montrant du doigt, en s'écriant, en moquant, en jetant sur tout les toits leur hilarité de goujats et de grotesques. Mon moi est plus loin. Peut être par modestie, peut être par orgueil. Et ce n'est pas ces gens, jaunies, alcoolisés par cette hépatite certaine, rongés par l’aigle de Prométhée, ces mauvaisement coiffés, et leurs regards dégénérés, ces bêtes d'abattoir, toute bonnes à croquer, rosées et joufflues d'avoir trop parlé, qui m’édicteront ma conduite ! Ah les hypocrites, les sans figures ! vous parlant en jouant à cligne musette de leur vie et leurs histoires d'amours sur leur plateau mièvre, repeins de boue et de rouge à lèvre. Ceux-là même t’intéressent. Je te laisse en cette compagnie.
Je t'aime, à vrais dire, plus comme une maladie qu'un éclat, qu'une farandole promise. Tes rires me tuent. Vraiment. Et tu me sembles si laid dans ton allure de conquistador, avec cet air coureur, ta gomina, ces roses fanées que tu m‘offres tout fière. Pourtant je t‘ai pris comme tu étais. N‘étions-nous pas drôles et complices, mal assortis, que je m‘en foutais. Mes cheveux auraient prix la couleur de ton choix. Bleu ? je t’entends le dire. La couleur que je déteste. Je me serais couverte de Parme, de toute les ocres, de toute les confitures pour que tu cherches à m‘atteindre. Je me serais percé la peau, pour que tu m‘offres ces bijoux de dames idiotes dont nous riions tellement. Je t'aurais offert des nacres de mon propre sang, de ma propre langue.
Je ne décolère pas, vous souhaiterais tel le soldat dormant dans le val... C'est ainsi que nous commencerons à nous vouvoyez comme des étrangers. Mort l'un à l'autre. J'ai vocation, à cette date d'aujourd'hui, à me tenir avec ferveur dans une distance souhaitable, afin de ne m'enivrer de votre vinaigre. De votre poison qui me planta cette branche de courroux, dont les fruits de l'amertume me rendront trop vite furie. Chimène aurait dit qu‘elle ne vous haïssait point. Vous n‘avez pas tué mon père et je ne suis pas cette sotte.
Ainsi je vais vous ignorer puisque je ne peux vous tuer. Je sais que les remords, les milles excuses, ne changeront rien à la solitude ni à la couleur de nos larmes sans féérie, aucune. Puissiez vous en perdre vos yeux, amouraché de ce tabac des Indes, comme j‘ai perdu les miens à ne plus regarder que vous. D’un baiser tendre, quoique le dernier, je nous abandonne pour me retrouver. Vous perdre.
Une écriture très soignée, très littéraire, très belle contribution Jone !
· Il y a presque 14 ans ·leo
Je viens seulement de découvrir votre texte ... c'est bien ce que je vous disais dans mon premier message !!!
· Il y a presque 14 ans ·Michel Chansiaux