Ivre sur la Lune

luz-and-melancholy

Les mois ont passé,

Les années même, peut-être,

Je ne sais pas, je ne sais plus, je ne sais rien

Pas plus que toi, image sacrée qui s'accroche

À mon imaginaire fantasmagorique et malade ;

Je ne pourrais pas plus te recréer dans le manque,

Que te dire dans le silence et dans le vide des heures,

Que la vie pour moi, latente, n'est qu'attente et n'existe plus 

Depuis que le brouillard farde la Lune

Et que moi, fardant mes yeux de toi,

De ton soupir qui les habille,

De ton souffle qui les console,

Je ne sais qu'entrevoir le pieux miroir de la désespérance.

 

Alors je sens mon destin démoli suspendu

Aux cartes que tu tires innocemment,

Et plus encore je sens ton souvenir trop disparu,

Perdu dans le temps qui s'étire,

Dans les heures longues des nuits irrémédiables,

Où le désir nous rendait ivres et candides,

Et où l'obscurité englobait les vaisseaux de nos étreintes

Libres,

Grandes éphémères ;

T'en souviens-tu ?

Il faisait beau cette nuit-là, j'ai gardé mes illusions vois-tu,

Et j'ai consumé ma vie au feu dévorant que tu as éteint

Un soir, il y a mille ans je crois.

 

Que serons-nous demain, quand l'aube aura chassé la nuit

Et que ton désir noir éteint n'existera pour moi

Qu'en pensées flétries ? te demandai-je alors que

Seul l'écho de nos silences me répond à présent,

Que seul ton fantôme me revient maintenant,

À l'heure où je pleure comme un pauvre petit enfant

Ton absence lancinante qui jamais ne s'arrête

Quand seul pour moi existe le temps passé,

Et que le présent se fige en un geste

Pour me rappeler dans chaque fleur qui s'éveille,

Dans chaque odeur de noix et de miel,

Dans chaque couleur de l'automne, qui, lui, me revient fidèle,

Le temps joli, le temps parti.

 

Le temps paisible, impassible, et non moins regrettable qui nous survivra.

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