Les Mots Cœurs des maux d'âme
Paul Stendhal
LES MOTS DE MARIE,
Roman de Colette Bonnet Seigue,
Collection "Traits de plume",
Éditions Clé de Sel.
Il est des livres qui nous marquent pour toujours, qu'on n'oubliera jamais, où la prégnante émotion nous bouleverse profondément, en nous laissant seul devant le miroir de la vie, où la farandole des mots danse les maux de toute une existence, dans l'amère vérité des blessures de l'âme, où "les mots d'amour roi effacent l'ombre des colères...". En filigrane, au fil des pages, on entend comme la chanson de Prévert, - celle des feuilles mortes - quand il écrit : « Les feuilles mortes se ramassent à la pelle, Les souvenirs et les regrets aussi Et le vent du nord les emporte Dans la nuit froide de l'oubli. Tu vois, je n'ai pas oublié La chanson que tu me chantais. ». Dans un style épuré aux accents Durassiens, dans une écriture tout en délicatesse, en sensibilité, et en poésie, l'auteure nous révèle sa nécessaire envie d'écrire ses révoltes pour faire vivre "tous ces mots murés, et leur tracer un chemin d'existence; écrire pour dompter le papier indocile, pour ravauder le cœur troué, écrire un éclat sans partage quand le bonheur étreint, écrire un vent du sud qui tournerait au nord faute de marrons chauds, écrire des colères pour ne plus jamais en faire, écrire un sourire sur un horizon de blé".
L'histoire nous raconte le parcours d'une famille de province au travers de la vie de Marie. Il y a Manette, la grand-mère, cœur de soie où il fait bon se reposer les jours d'orage, celle chez qui on rit, on chante, on danse aux vendanges, la Manou qui raconte si bien le mystère de la vache bleue. Chez elle tout est fête, et "son âme a la lumière boréale de l'onde marine". Il y a Thomas, qu'elle surnomme Momo, le grand frère avec qui elle partage sa chambre. Il est proche et patient avec elle, il est son confident, et tous les deux sont complices dans l'apprentissage de la vie. Il y a Jeanne qu'elle rejoindra pour ses dix-huit ans à Paris, afin d'y faire ses études, et Josépha, ses soeurs aînées.
Anémone leur mère, est une femme qui travaille dur, et qui finit par se lasser à l'ouvrage, ne se sentant pas épaulée par son mari, qui a de moins en moins de courage, et qui est un rêveur préférant les planches et le monde des arts à celui de la routine quotidienne des travaux manuels. Paul, "père fantaisiste, issu d'une implacable mésalliance, a grandi si tôt dans un berceau de cris, de misère, d'abandons". Il est un père si souvent lointain, mais "il est celui qui fait danser les rires sur le toit du monde, celui qui organise et adoucit le nid comme l'oiseau bâtisseur". Les représentations théâtrales de la troupe familiale qu'il anime de village en village pour le bonheur de tous, sur des tréteaux campagnards de fortune, sont de délicieux moments de partage.
Et puis, il y a sœur Marie-Aimée, dite Sœur Bâton-de-bambou, maîtresse de la classe unique du village, qui enseigne les jeunes élèves dans la pure et stricte observance des traditions chrétiennes, avec la peur du châtiment corporel comme pénitence expiatoire pour des leçons non ou mal apprises.
C'est dans cet univers, entre les éclats de voix d'un père absent, et d'une mère trop présente, et la peur des sévices scolaires, que Marie va faire l'apprentissage de la vie, "avec cette impatience de grandir et de sauter les ans, pour enjamber les jours, lourds à supporter".
Marie va rencontrer Adrien qui va bouleverser son existence. Par la suite Marie va devoir affronter de terribles souffrances, comme celles de la disparition de Manette, d'Émilie, un premier enfant mort-né, et d'Anémone. Puis avançant à petits sentiers de traverse, de reconstruction en renaissance, elle va connaître peu à peu une part de bonheur, "grandir sa vie, dépouillée de tabous et de certitudes, en lui ouvrant les bras au monde libéré", et sera emplie de joies en devenant mère.
Viendra ensuite la mort de Paul, ce père trop souvent absent dans sa vie tant auprès de sa femme que de ses enfants, et qui restera vingt ans sans recevoir de leurs nouvelles ! C'est l'époque des regrets, qui tombent comme un voile déchiré sur les planches du théâtre familial, où le père mourant, dans un sursaut inattendu, danse une dernière fois avec Marie, en donnant sa révérence sur une scène finale où il regarde avec tant d'amour et de pardon l'histoire de sa vie dans le bleu des yeux de sa fille, dans un soupir ultime aux couleurs du temps, couleurs qui ont animé sa vie d'homme, de mari, de père, et au dernier acte le rideau tombe, comme une paupière lavée par les larmes du cœur, mais il est seul, dans le silence oublié des maux de l'âme, dans son dernier rôle d'auguste Monsieur Loyal, envolant son dernier souffle dans un balai d'étoiles, sur les ailes d'une libellule pour le "paradis des oiseaux".
Marie écrira une longue lettre à son père qu'elle finira par ces mots :
"J'ai gardé un bout de ton regard pour la veilleuse de ma route. Une lampe allumée tache le noir pour rire à la vie, une lampe allumée veille le temps usé aux récifs de l'âme pour dire oui à la vie, une lampe allumée grimace en feux follets plaintifs comme une danse d'enfants à l'aube de la vie, une lampe allumée offre à la vie son empreinte d'éternité".
Au travers de la vie de ces cinq générations d'une famille, se dessinent les doutes et les incertitudes de l'apprentissage de l'existence dans l'affirmation de soi face à l'éclectisme de chacun. Comme le dit Marie, "J'existe oui, j'existe pour le regard, pour le partage. Femme à la maison, servante soumise aux bons vouloirs de l'homme-enfant au tenace cordon ombilical. La besogne c'est pour les femmes. Ainsi vont les choses. Eh bien non, je troque mon tablier de Cendrillon pour les baskets de ma vie !"
Les mots cœurs des maux d'âme sont les seuls qui permettent à Marie de retrouver les chemins de paix apprivoisée, d'effacer l'ombre des colères, et de poursuivre sa vie de femme et de mère. "Femme je suis née femme! Femme du feu née de l'âtre de la terre, j'hiberne pour d'autres volcans au miroir de l'âme nue"...
Les mots glissent sur ces pages, avec la limpidité et la pureté de l'eau, celle qui nous lave de toutes les blessures, et qui nous rend un instant plus vrai et plus juste, mais c'est de l'encre qui marque ces feuilles pour se rappeler le passé, et marquer l'histoire d'une vie, d'un souvenir impérissable.
L'auteure, nous livre ici un formidable roman, écrit tout en finesse, avec une grande pudeur, où les mots d'amour et de pardons résonnent fortement dans nos cœurs.
Un livre à lire absolument, et qui devrait prendre sa place dans toutes les bonnes bibliothèques. Une vraie perle poétique et littéraire !
Paul Stendhal
21/10/2013
Bonjour Paul.
· Il y a environ 11 ans ·Cette dédicace est une superbe page d'écriture qui ne fait que rappeler intelligemment aux lecteurs que ce livre est digne de figurer dans nos bibliothèque. J'aime la référence à Prévert qui sied à merveille le propos de Colette que tu mets en exergue. Bel hommage qui donne une envie ; le lire. Bien joué !
Passe une bonne soirée et à très vite en ligne
Stéphan Mary
Bibliothèques avec un S of course. Sorry
· Il y a environ 11 ans ·Stéphan Mary
Bonsoir Stephan,
· Il y a environ 11 ans ·Merci pour ton très gentil commentaire. C'est un vrai bonheur simple, de savoir que cette préface invite ainsi à lire "Les mots de Marie". Oui, ce livre est un merveilleux roman, et je suis sûr qu'après l'avoir lu, il te laissera une forte impression, et qu'il fera pleinement partie de ta bibliothèque !
Au plaisir de te lire.
Je te souhaite une belle et douce nuit.
Bien amicalement.
Bises littéraires et poétiques.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
Lire cette préface est déjà un délice . J'apprécie particulièrement ce genre de récit qui allie la poésie au quotidien, les sentiments profonds aux atmosphères feutrées ou plus houleuses du clan familial . Un gros bravo à Colette. Son livre, dès que je le trouve, je l'achète, c'est sûr . Merci à Paul et à Nilo de me l'avoir fait découvrir.
· Il y a environ 11 ans ·phine
Bonjour Phine,
· Il y a environ 11 ans ·Je vous remercie de votre élogieux commentaire et de cet enthousiasme partagé pour "Les mots de Marie".
C'est un roman merveilleux plein de sensibilité de tendresse et de poésie dont on ne peut que recommander la lecture sans modération !
Vous pouvez trouver ce livre dans toutes les librairies, ou le commander chez votre libraire préféré qui vous le livrera en quarante-huit heures.
Vous remerciant de votre visite, je vous souhaite de bonnes lectures, et bien sûr celle du roman "Les mots de Marie" de Colette Bonnet Seigue.
Au plaisir de vous lire.
Bien amicalement.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
C'est un livre qui touche et peut faire partie de notre vie tant je trouve des similitudes dans certaine partie avec mon propre parcours ! Je reconnais la sensibilité de ma chère Colette avec laquelle je partage beaucoup de choses !
· Il y a environ 11 ans ·Merci Paul pour ce beau partage. Bises à vous deux...
nilo
Bonjour Nicole,
· Il y a environ 11 ans ·Effectivement, comme tu le soulignes dans ton très gentil commentaire, le roman "Les mots de Marie" de Colette, est un livre qui nous renvoie à l'image intime de chacun de nous dans la psyché de notre vie, et nous incite à méditer avec beaucoup de sagesse sur notre parcours d'existence, en projetant notre avenir avec humilité pour notre paix d'âme.
Un livre qui sans nul conteste nous appelle à réfléchir sur notre condition auprès des siens dans l'action de l'écoute,du partage et de la compréhension. Il y a un avant "Les mots de Marie", et un après "Les mots de Marie", un appel à l'introspection qui nous transforme profondément.
C'est un très beau livre empli de poésie, d'une grande sensibilité et de beaucoup d'émotions, qu'on ne peut que recommander à tous les lecteurs qui aiment la belle écriture et la littérature.
Quant à Colette Bonnet Seigue, on ne présente plus sa plume d'écrivaine de talent.
Je te remercie de ta gentille visite, de ta note, et de ton coup de cœur.
Au plaisir de te lire.
Bien amicalement.
Je t'embrasse.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
Paul, je te remercie de tout cœur pour cette belle préface! Je vois que mon livre t'a touché!
· Il y a environ 11 ans ·Colette Bonnet Seigue
Bonsoir Colette,
· Il y a environ 11 ans ·C'est à moi de te remercier de tes talents littéraires et poétiques indéniables. Merci pour ce livre qui est un formidable roman de vie, et qui est digne de figurer dans toutes les bonnes bibliothèques.
Je te remercie pour ta note et pour ton coup de coeur.
J'espère enfin, que beaucoup de lecteurs achèteront ton livre, et prendront autant de plaisir que moi à le lire.
Au plaisir de te lire.
Bien amicalement.
Paul Stendhal
Paul Stendhal
notre chère Colette. Très beau ton article. On sent les vibrations à chaque ligne.
· Il y a environ 11 ans ·elisabetha
Bonsoir Élisabetha,
· Il y a environ 11 ans ·Je te remercie de ta gentille visite et de ton agréable commentaire. J'espère que maintenant, après avoir lu mon article, tu as envie d'acheter le livre et de le lire ! Ce roman est un vrai petit bijou littéraire et poétique.
À bientôt de te lire.
Bien amicalement.
Paul Stendhal
Paul Stendhal