Les pensées d'une autre...

Égaux. Tous égaux, voilà pourquoi je me bats chaque jour. Pour prouver au sexe dit fort que je suis son égal, pour lui montrer que mon intelligence et ma force valent les siennes... Eux qui ne voient en nous que fourberie, supercherie et vantardise. Nous les filles d'Aphrodite sommes aussi des amazones, rusées et robustes, agiles et rapides. Eux qui nous appellent les vaches à lait, tète encore le sein... Eux qui se moquent de nos rondeurs, ne trouvent pas leurs membres sous les plis de leurs ventres. Et quand, amaigries par leur jalousie, on couvre nos membres, asséchés et fatigués, d'une vulgaire polaire, eux rigolent, parlent des frileuses, au chaud dans les chaussettes tricotées par mamie. Plus dures, plus aigries aussi. Fatiguées de prouver. Oui on pleure, oui on râle, mais on vous porte, on vous soutient, on court pour rattraper vos pas de géants... On vous écoute quand celle qui vous trompe ne vous regarde plus. On vous admire, on se met à genoux pour vous satisfaire. Étouffer par votre désir... Et nous sommes encore là, alors que tant de fois, vous nous avez abandonnés par peur ou pour mieux. Messieurs n'oubliez pas que sans les vaches à lait pour porter et nourrir notre descendance, vos couilles seraient bien pleines... Si Dieu nous a offert l'orgasme multiple c'est bien pour vous donner un peu de boulot...

Cette rage au ventre envers le sexe fort, me pousse au-delà de ce que certaines supportent tout juste. Cette soif de prouver me donne cette agilité à rebondir lorsque certains me toisent, tentant de me ramener à ma condition de sexe faible.

Look rock'n'roll en orange et panthère, un sac outremer vert kaki comme sac à main. Je ne suis pas vraiment un article de mode... Je regarde les filles filiformes dans les magazines et les femmes du train regardent mes jambes griffées par les ronces. On ne peut pas courir après des balises dans une forêt épaisse et en sortir fraîche comme une rose. Je ne suis pas une Wonder Woman... Juste une fille qui regarde les gens au plus profond d'eux-mêmes. Je sonde leurs âmes. Je n’aime pas l’image que, parfois, je renvois, c’est pas ma faute si j’ai perdu un peu de ma folie, de mon sourire aussi. Si je parait plus froide. Mes paroles trahissent souvent mes dures pensées, la vie n'épargne personne. J'ai pas eu la chance de Cendrillon les souliers de vair ne sont pas pour moi, je préfère le cuir tendre de mes Rangers. C’est une part de moi. Quand vient le soir et la nuit noire, je ne rejoins pas mes copines dans un bar tapas. Je me glisse dans mon duvet et j’écoute doucement la nature reprendre ses droits, loin du tumulte de la ville. Au pied de mon antenne, j’attends l'ordre qui m'amènera ailleurs. Parfois je doute d'être à la hauteur, mes hommes sont si durs. Ils ne m’épargnent aucune faiblesse mais j’avoue ne jamais être tendre avec eux. C'est mieux si personne ne se fait de cadeaux... Les barbus n’en font pas à nos frères. Je pleure moins qu'avant et l'affiche d'un éthiopien amaigri ne m'atteins plus. Je ne suis pas devenue insensible, au contraire mon empathie et ma perception se sont affutés, non je suis moins corruptible. A l’affût du besoin des autres. Je suis devenue tranchante, la demie mesure n'est pas une issue possible. Je planifie dans le moindre détail, l'imprévu c'est synonyme de réaction et d'adaptation... Et j'avoue que partir en vacances devient un véritable casse-tête. Ne pas prévoir, se rendormir à 6h, prendre le temps. Voilà deux ans que j'ai mis sur pause ma vie civile, les amis, les soirées. Tout le monde à continuer à avancer, mais dans un autre monde que le mien. C'est pas facile quand la musique résonne et que mon corps ne réponds plus aux bits percutants de David Guetta, quand un simple verre me fait tourner la tête, quand les filles insipides et vénales en Jimmy Choo me regarde comme E.T... Quand les blagues sur les blondes ne sont plus drôles… Elles sont loin mes dernières heures de shopping, mes dernières pompes compensées. Le Rimmel coule parce que les garçons me donnent 28ans. Le Rimmel coule parce que mon mec rentrera à 5h, parce que je suis barbante à jouer les mamans. Le Rimmel coule... J'aurais pu être une rock star avec mon blond platine, un écrivain tête en l’air, une comptable hors pair, un commercial au top... Je suis sous-officier de l'armée de terre, c'est une part de moi. C'est le moteur de mon cœur, de mes émotions, c'est le soleil qui fait tourner mon monde. Je suis fière de porter haut les couleurs de la France, et du pays des droits de l'homme. C'est une part de moi, je suis un peu la cerise des rations de combat....