Les Petits métiers
arthur-roubignolle
Les Petits métiers
Aujourd'hui, découvrons si vous le voulez bien une profession mal-connue.
Celle des casseurs !
Qui sont-ils, dans quelles conditions exercent-ils leur métier difficile ?
Pour le savoir, nous avons enquêter auprès d'un de ces modestes artisans (qui préfère rester dans l'anonymat tant sa profession est mal-comprise, voir souvent décriée).
Lorsqu'il m'ouvre la porte de chez lui, ma surprise est grande de découvrir que tout est dévasté à l'intérieur. Les meubles sont sens dessus-dessous. Les vitres des fenêtres sont brisées, les matelas éventrés, les rideaux déchirés...
Mais que s'est-il passé ici ? Lui demande-je, surpris autant qu'interloqué.
Il hausse les épaules : « Oh ce n'est rien, le soir j'emmène du travail à la maison ! »
Vous travaillez beaucoup ?
J'arrête pas mon bon monsieur, j'arrête pas. Il y a les interventions à l'extérieur, quand on nous appelle en urgence, plus les commandes des clients qui veulent du sur-mesure. On est débordés, limite burn-out voyez-vous... C'est pas une vie ! Et les charges sociales qu'arrêtent pas d'augmenter, l'Urssaf et tout et tout...
D'ailleurs, au sein de notre corporation beaucoup se demandent s'ils ne vont pas aller rejoindre les gilets jaunes...
C'est passionnant dites-donc. Mais dites-moi, je crois que vous faites ce métier depuis plusieurs générations n'est-ce pas ?
C'est exact, être casseur dans notre famille c'est une tradition, ça remonte à notre trisaïeul. Fernand Brisetout, il était des émeutes de 1848, avec Gavroche et toute la bande...
Puis ensuite, il y a eut son fils, Alfred Brisetout, qui a pris la relève pendant la Commune de Paris. C'est lui qui a cassé toutes les glaces lorsque les Communards se sont emparés de la Mairie du 19 ème...
Pfff dites-donc, jolies références … Et en 36, y avait-il des casseurs de votre famille dans les grandes manifs populaires de cette époque ?
Bien sur, il y avait mon grand-père, Alphonse Brisetout, un sacré casseur celui-là, il avait même été réquisitionné par la police pour casser les vitrines des Galeries La Fayette pour faire accuser les gens de la C.G.T !
Ah, ça existe donc alors, les policiers déguisés en casseurs ?
Ah, pas du tout, pas du tout, c'est même le contraire mon bon monsieur. Ce sont plutôt les casseurs qui se font passer pour des policiers afin d'avoir la paix et de pouvoir exercer leur métier en toute tranquillité...
Tiens donc, j'y aurai jamais pensé. Donc, les vrais policiers qu'on soupçonnent souvent d'être de faux-casseurs sont en réalité de faux-policiers mais de vrais casseurs ?
Ben c'est plus compliqué que ça encore parce que d'abord, avant de se faire passer pour un vrai faux policier faut d'abord se déguiser en faux vrai manifestant, pour s'immiscer dans le cortège sans être repéré par les vrais gros bras des syndicats...
Puis ensuite, quand on s'est intégré en tant que vrai faux manifestant, c'est à ce moment là qu'on devient un faux vrai casseur tout en se faisant passer pour un vrai-faux policier...
Oulala, j'y comprend plus rien, dites-donc, c'est pas simple comme boulot, je pensais pas que c'était si compliqué !
Ah ben oui, ça demande des études, ça s'improvise pas comme ça d'être casseur, c'est comme tout, faut apprendre et travailler... On a rien sans rien !
Certes, et en 68, il y avait de votre famille dans les manifs ?
Ben j'pense bien, moi-même ! C'est en 68 que j'ai passé mon Brevet de maîtrise de casseur.
Ah, un brevet de maîtrise ? Et un Bac aussi peut-être ?
Oui, mais chez nous on dit pas le Bac, mais LA BAC ! Pour exercer le métier faut avoir passé sa BAC !
Vraiment intéressant. 68, ça a été dur pour vous ?
J'pense bien, j'arrêtais pas, les manifs s'enchaînaient les unes après les autres, je savais plus ou donner du marteau ou de la barre de fer...
Justement, parlons de vos outils, quels sont-ils ?
Traditionnellement on utilise la barre de fer droite, mais aussi la pince-monseigneur. Et n'oublions pas le bon vieux pavé d'un kilo cinq, idéal pour les vitrines...
Est-ce que vous conseilleriez ce métier à des jeunes ?
Ben pas forcément, faut aimer l'action, être réactif, on est tout le temps dehors, par tous les temps. On prend aussi des coups parfois, le métier est dangereux. Faut vraiment être motivé...
Eh bien, je vous remercie beaucoup pour toutes ces informations monsieur Brisetout...
Chut, faut pas dire mon nom !
Pardon, j'oubliais !
J'espère en tout cas que l'opinion publique sera désormais un peu plus indulgente, un peu plus compréhensive maintenant grâce à vos éclaircissements sur cette profession, que dis-je, cet admirable artisanat !
Oh vous savez, je ne me fais pas d'illusions, les gens sont ingrats, ils n'ont aucune reconnaissance du travail bien fait.
Mais non voyons !
Mais si !
Mais non !
Dites- vous voulez pas partager mon casse-croûte ? Je vous invite !
Non merci c'est gentil...
Un p'tit blanc-cass en guise d'apéro ?
Ok, pour vous faire plaisir alors, mais après je me casse, je suis attendu...
Passez-moi le casse-noix derrière vous, on va s'faire des noix en guise d'amuse-gueule.
Alors il est bon mon Blanc cass ?
Franchement il casse pas des briques mais il se laisse boire quand même...
Oui il se laisse boire, hier j'étais fracassé après en avoir bu une bouteille entière.
Dites-donc, ça vous arrive de casser des voitures ?
Oui, mais je préfère les vitrines, on se casse beaucoup moins le dos...
Ps : ceci est une fiction d'humour, (enfin en principe) dans le but (enfin j'espère) de dédramatiser un peu la situation actuelle et de détendre l'atmosphère, merci de ne pas tout prendre au pied de la lettre sinon je me casse !
Texte écrit en bas de casse corps 22.(v'la les flics!)
Ps (2) Bien entendu je ne fais aucun amalgame entre policiers et casseurs. Ne voulant pas mélanger le petit artisanat à la grande industrie...
On rigole, mais je me suis demandé, ... enfin je me suis mis dans ma petite tête de prolo euh, je me suis demandé si l’État ne pourrait pas être à l'origine de toutes ces violences décalées histoire de tuer le mouvement. Mais je regarde trop X-Files et tous ces trucs sur la théorie du complot :o)
· Il y a environ 6 ans ·daniel-m
Le cas sidérant d'un casseur qu'a ses principes. Il a plus qu'à s'trouver un slogan qu'assure : comme Casse-toi Castaner !
· Il y a environ 6 ans ·Chris Toffans
Pas mal trouvé ça Chris...
· Il y a environ 6 ans ·arthur-roubignolle
Voilà quelqu'un en accord avec ses idées :) intérieur , extérieur !
· Il y a environ 6 ans ·marielesmots
:)
· Il y a environ 6 ans ·arthur-roubignolle
Il ne manque plus qu'une ambiance musicale avec Patricia Kaas ou casse-noisettes pour les mélomanes.
· Il y a environ 6 ans ·yl5
Ou la Castafiore ?
· Il y a environ 6 ans ·arthur-roubignolle
Si on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs, on ne fait pas, pour autant, que des œufs-reux en cassant des vitrines ! :o))
· Il y a environ 6 ans ·Hervé Lénervé
En plus le verre brisé ça porte malheur... (du moins si on est supersti ti oeufs....)
· Il y a environ 6 ans ·arthur-roubignolle