les tramways

rechab

inspiré d'un écrit de Jacques Réda "tramways à Bobigny" dont j'emprunte la toute première ligne...voir https://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/04/anthologie_perm_16.html


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Le long d'un boulevard désert, par un soir soucieux,
deux tramways se sont croisés,
des rails luisants les portaient,
               les immeubles les regardaient
               de toutes leurs lumières allumées.

On ne voyait plus l'asphalte.
                        Peut-être n'existait-elle plus .
Les tramways se sont envolés,
étonnamment légers,
marquant une halte au quinzième étage.

Il y en avait un qui redescendait,
                  ( à l'instant précédent
caché par le buste de la statue d'un général,
gardant l'oeil sur les batailles
                 déchirant le passé ).

Le véhicule s'est rapproché,
venant de l'avenir
comme une étoile
montrant la direction à prendre
au boulevard désorienté.

Ses fenêtres ouvertes,
sur une nuit tiède d'été
en même temps, mauves et dorées .
Quelques voyageurs avaient
              dans leurs bagages

             des enfants
             aux étranges sourires
rapportant des fleurs noires
comme des morceaux de nuit
décrochés du ciel.

Quand le tram s'est arrêté
un petit nuage bleu craintif
a couru se réfugier
au pied de la statue,
- mais j'ai réussi à l'apprivoiser -

et aussi à le faire grandir
tant et si bien,
            qu'il a effacé la ville
l'aube a pu avancer,                    tranquille,
alors j'ai su que je pouvais faire confiance au matin.

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RC- août 2019

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