Les vieilles dans la queue...

Elles sont redoutables, les mémés. Quand je fais mes courses-commissions, je me méfis des grands-mères, elles se débrouillent toujours par vous passer devant.

-         Vous avez pris ma place, monsieur !

-         Pas du tout, vous étiez devant, certes, mais vous êtes tombée avant la ligne d'arrivée, ce n'est pas de ma faute.

-         Si, vous m'avez fait un croche-pied !

-         N'accusez pas les autres de votre maladresse chronique. Vous vous êtes pris les pieds dans la choucroute, lord du sprint final.

Evidemment, que je lui avais fait un croche-pied. Car les vieilles, déjà qu'elles vous piquent votre tour, après elle raconte leur longue vie par le détail, au caissier comme si elles avaient l'éternité, vous n'êtes pas passés.    

-         Et maintenant je n'arrive plus à me relever.

-         Ecoutez, je paye mes achats et je signalerai à la caisse, qu'il y a  un bouchon en amont causé par la chute d'une vieille à la haie n°8.

Moi, je me méfie des petites vieilles dans les files d'attente. Elles sont ridées comme une fouine.

Mais vous savez qu'elles s'entraînent. Oui ! Elles suivent des formations avec un coach pour être plus performantes. Elles apprennent à attendrir les précédents en leur disant, qu'elles sont pressées, qu'elles n'ont plus beaucoup de temps à vivre, qu'elles vont mourir demain, comme s'ils ne pouvaient pas le voir tous seuls, d'un seul coup d'œil.

Si ça ne suffit pas, elle simule sur place. Quoi ? La mort bien sûr ! Pas l'amour, faut pas déconner, non plus !

Le mieux c'est de les ignorer, de ne pas prendre au sérieux leurs simagrées. Moi, il m'est arrivé d'en marcher dessus, l'air de rien, du droit, comme du gauche, ça porte bonheur.

Quelquefois, dans les longues files d'attente, là, où le temps, dans un vortex spatio-temporel, passe plus lentement qu'ailleurs, il y en a qui meurt pour de vrai. C'est normal, c'est statistique, sur le nombre.

Alors, comment reconnaitre la fausse vieille morte qui cabotine, de la vraie vieille morte qui joue juste ? Simple, celle qui ne parle pas pendant sa mort, c'est la vraie. Les autres ne sont que de grossières imitations made in China.

Donc, n'ayez plus de scrupules à les remettre à leur place... derrière. De toute façon, elles s'emmerdent dans la vie, elles peuvent, tout aussi bien, s'emmerder dans la queue, non ?