Lettre à la veuve d'un orphelin

Balder Maltese

Où je suis maintenant, tu ne peux plus me voir,

Tu ne peux me parler mais je peux tout savoir,

Je sais que tu m'aimais mais je n'en doutais pas,

Ainsi tu m'aimeras et tu ne m'oublieras.


Quand elle m'a soumis, la mort ne m'a laissé

Qu'une fraction de temps pour un mot à crier,

Pour exaucer une dernière volonté,

Et me permettre ainsi, mon amour de chanter.


Je n'ai pas dit Papa, je n'ai pas dit Maman ;

Je n'ai pas exprimé pour eux mes sentiments,

Pour ceux qui m'ont donné ce qu'on allait me prendre,

Et qui là où je suis n'avaient fait que m'attendre.


C'est à toi qu'elle était destinée ma pensée,

La dernière que j'ai, à jamais exprimé.

J'ai donc crié ton nom sous le feu ennemi,

J'ai donc crié ton nom quand j'ai perdu la vie.


Cette lettre jamais tu ne pourras la lire,

Tu ne pourras jamais arrêter de souffrir,

Tu n'as rien aujourd'hui, tu n'aura rien demain,

Je t'ai fais en mourant veuve d'un orphelin.

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