Lettre impersonnelle à l'usage des baiseurs fous désireux de quitter leur partenaire sans passer pour un gros lâche
charlie
A toi,
A ta façon que tu as d’être belle,
A ta façon que tu as d’être à moi,
A tes mots tendres, un peu artificiels, quelques fois…
[Cher lecteur, tu n’es pas le « toi ». Le « toi » s’adresse à la jeune fille à qui je laisse cette lettre à l’heure où je me barre du lit conjugal que l’on a souillé toute la nuit et qui ne sera donc jamais le témoin d’ébats sexuels en accord avec la doctrine religieuse qui voudrait qu’un homme et une femme ne jouent à la poupée seulement une fois passés devant le prêtre, qui, je le signale, n’est pas vraiment celui qui scelle légalement le mariage… tu as donc compris, cher lecteur, que tout ce qui figure entre crochet n’est rien d’autre qu’un commentaire qui t’est destiné pour que tu me comprennes un peu mieux, moi qui suis soit incompris, soit adulé (je ne laisse la première impression qu’à ceux qui ne m’ont jamais rencontré). Reprenons nos affaires, le « toi » donne une sensation de proximité rassurante pour celle qui lit cette lettre quand bien même il n’est utile que parce qu’il m’épargne d’avoir à insérer au dernier moment le prénom de la demoiselle avec qui je viens de passer la nuit, ce qui est bien commode car je ne le sais pas toujours ou que parfois, je l’ai oublié. Quant à ces quelques vers liminaires (introductifs, pour les plus cons d’entre vous), la plupart des femmes les trouvent classes sans savoir que c’est du Joe Dassin (quand je vous dis que j’ai de bonnes raisons de me barrer…)]
A l’aube du jour, les premiers rayons du soleil venaient illuminer la chambre d’une délicate lumière escortée par les premiers effluves de café qu’échappait la ville. Allongée contre moi, cet astre autour duquel nous ne faisons que tourner, déposait sur ton corps des ombres érotiques et sensuelles. C’est d’ailleurs incroyable cette façon que ton sein gauche a eu d’éclipser ton sein droit… [Phrase un peu dangereuse dans la mesure où une demoiselle plate comme un œuf au plat (avec le jaune crevé j’entends) serait difficilement en mesure de faire éclipser quoi que ce soit avec n’importe quel sein. Je me suis donc résigné, pour cette raison, à ne coucher qu’avec des femmes à la poitrine, sinon opulente, suffisante pour faire joujou à la terre et au soleil contre la face visible de la lune – et je ne fais là aucune allusion à ses fesses en utilisant le mot « lune »].
A cet instant, la vie me paraissait si belle que je pensais en avoir fait le tour. Je me sentais prêt à arrêter ma quête sans fin, à profiter de cette beauté et laisser le soleil m’envahir pour me prendre dans ses ténèbres et m’emmener là où j’aurais du me retrouver il y a quelques centaines d’années déjà. [Cher lecteur, tu vas bientôt comprendre que le mot « centaine » n’est pas une faute de frappe].
Mais je n’ai pas pu. Je n’ai pas pu me résigner à autant d’égoïsme. Je n’ai pas pu me laisser partir et te laisser le spectacle de ma mort à ton réveil. Cela aurait été bien inapproprié après toute cette vie que l’on a mis en œuvre dans la nuit. J’espère d’ailleurs que tu me pardonneras d’avoir fessé un peu violemment ton postérieur. J’ai bien compris qu’il ne s’agissait pas d’une pratique à laquelle tu étais accoutumée. Si ce matin, tu ressens encore une quelconque douleur, un peu de glace devrait soulager ce vilain coup de sang. [J’ai pour coutume, quand je m’éclate au lit, de donner à ma compagne du soir, au moment où elle s’y attend le moins, une grosse fessée pendant que je m’occupe de son cas en lui faisant ce que vous vous doutez, dans la position que vous imaginez tous. Généralement, vu à quoi nous sommes occupés à ce moment là, les plus réfractaires à cette pratique ne se plaignent jamais en faisant cesser toute activité consistant en un va et vient chargée de cyprine et de tension, elles se contentent seulement d’un geste ou d’un mot me faisant comprendre qu’elles préfèrent les caresses. Maintenant, pourquoi je m’amuse à leur rappeler ces heures infantiles où papa les punissait d’avoir coupé les cheveux de leur poupée ? Parce que si elles ne disent rien, je reste le matin, je laisse mon numéro et je n’abandonne pas lâchement cette lettre sur leur table de chevet].
Chérie, je suis parti. Pardonnes moi de cette lâcheté. Pardonnes moi de ne pas avoir fait le grand saut à tes côtés. Mais peut-on réellement blâmer le dépressif qui se résigne à ne pas appuyer sur la gâchette au moment de se faire sauter la cervelle ? Peut-on jeter la pierre au premier iranien qui se force à lapider sa femme (condamnée du fait d’avoir acheter du pain sans son voile) de peur d’être lui-même pendu s’il ne s’exécute pas ? Peut-on cracher sur le cancéreux qui s’accroche à sa tumeur ? Peut-on réellement ne pas comprendre cet instinct de survie qui nous anime tous… Mais j’ai songé à en finir. Saches que c’est près de toi que je me suis senti à ce point comblé que je me suis cru prêt à stopper ma folle course contre la mort. [Ne jamais oublier la notion de flatterie].
Je te dois une explication, toi mon amour. [Et à toi, cher lecteur]. Je suis né en 453 après Jésus-Christ (à ne pas confondre avec Jésus crie même si je me doute qu’il n’a pas du se faire clouer sans miauler un chouia). Je suis l’ascendant d’un écrivain fameux qui allait faire scandale à son époque : le marquis de Sade. Un soir qu’un exorciseur venait opérer son office chez mon filleul, cet officier de Dieu n’a rien trouvé de plus malin que de menacer ma famille (dans sa lignée toute entière, les vivants de l’époque, ceux déjà morts et ceux pas encore nés) d’une quête sans fin, assoiffée de sexe, pour continuer à faire survivre nos corps et nos âmes ailleurs que dans les limbes de l’enfer. Le lendemain, mon cher filleul, marquis de mes testicules, ne trouvait rien de mieux que de publier un texte illustré par quatre lithographies explicites sur comment pratiquer la sodomie avec les membres du clergé. La malédiction venait de voir le jour, me condamnant à prendre possession d’un corps à fréquence régulière pour assouvir ma soif de sexe afin de permettre à mon esprit de ne pas tomber dans l’horreur d’un enfer où, on ne le dit jamais assez, il y a beau y avoir des prostituées, elles sont excessivement chères… [Au début, je pensais raconter que j’étais en réalité un vulgaire vampire qui a subi, un jour, un délicat accident. Alors que j’étais censé échapper à toute une horde de chasseurs de démons, je me faisais poignarder par un chasseur un peu saoul qui confondait mon cœur avec mon rectum et par conséquent, son pieu avec un… Je n’ose pas dire le mot. Je préfère l’histoire du marquis à celle-ci. En tant que vampire, déjà qu’être attrapé par un chasseur, c’est pas glorieux ; ça l’est encore moins s’il y est parvenu en état d’ivresse et cela, en vous contraignant à des pratiques contre nature proches de celles employées dans les cloitres entre moines relieurs de Bible. J’étais censé, depuis cet incident fâcheux, ne plus avoir besoin de sang frais pour ma survie mais d’une paire de fesses… Mais j’avais peur que cette version ne soit guère crédible… Je confesse (sans gros mots) avoir joué la sécurité sur ce coup là.]
Tu m’as donc croisé hier sous les traits d’un corps d’athlète aux cuisses fermes et aux biceps saillants mais ce n’était pas moi. J’ai d’ailleurs choisi mon hôte du soir par son côté « bad boy » qui plait aux demoiselles et par son identité passe-partout. Avoue qu’on trouve difficilement plus banal que de s’appeler « Mathieu » et autrement moins original que d’avoir « Durand » comme nom de famille. J’ai vérifié, si tu as la curiosité de taper sur facebook, il y a 265 résultats possibles… Je prends soin de m’assurer que mes ôtes soient tranquilles après mon départ.
Tu seras donc aimable de le laisser en paix sans chercher à le rencontrer de nouveau. [En réalité, je suis bien Mathieu Durand, je porte bien un nom banal et c’est très souvent une excellente couverture à l’heure où les découvertes technologiques nous permettent d’affirmer notre caractère unique et nous empêchent ainsi de se fondre dans la masse, ce qui peut être bien pratique quand on a quelque chose à se reprocher…]
Saches, ma chérie [autre variante du « toi » toujours aussi impersonnelle au fond] que ma quête a failli prendre fin ce matin. Tu as été un magnifique souvenir [ce n’est pas forcément vrai, la baise d’un soir implique parfois des mauvaises rencontres prouvant qu’en amour comme en science, il y a quelques fois des incompatibilités. Néanmoins, j’ai déjà l’audace de me barrer avant le petit dej’, je ne vais pas le faire en balançant qu’elle ne sait pas assez bien se servir de sa bouche ou une autre vérité déplaisante à entendre de ce style] et je retiendrai de ton doux visage cette sensation grisante de paix après laquelle je cours depuis si longtemps. Encore une fois, il est inutile d’entretenir contre Mathieu Durand une quelconque animosité. Personne, mieux que moi, ne peut te dire que c’est quelqu’un qui a un très bon fond. Mais, je tiens à te faire savoir que si tu apprends qu’il vit en Andorre, ce n’est pas de lui dont il s’agit [j’habite effectivement en Andorre]…
J’ignore si tu te contenteras de m’avoir offert un bout d’éternité mais je regrette de ne t’avoir offert qu’une partie de moi, même si c’est une des meilleures… [Cher lecteur, tu vois surement de quoi je parle…] Je signe cette lettre de mon nom de naissance : Carlito Di Marco.
Une lettre des plus utiles ! J'apprécie énormément le style, penses à écrire d'autres textes dans le même style, c'est fort plaisant.
· Il y a environ 14 ans ·jack
Bien ri aussi ! n'ai jamais reçu de lettres comme ça mais si ça arrive un jour, j'aurai une pensée pour Carlito ! tous des salauds mais tellement drôle ! ^^
· Il y a environ 14 ans ·lily-charles
Bravo ! Pour toutes les fois où je me suis faites croquer par des Mathieu Durand, je crois que j'aurais bien aimé lire cette lettre... sauf qu'à moi il ne l'aurait pas laisser... le goût commun pour la fessée... OUPS !
· Il y a environ 14 ans ·cerise-david
Carrément ignoble cet individu mais c'est tellement bien écrit. Franchement, je pardonnerai volontiers à Carlito ses impertinences. J'ai beaucoup aimé le coup des seins. charlie bravo papa tango, je monte dans ton avion sans me poser de questions. Excellent !
· Il y a environ 14 ans ·bibine-poivron
je l'ignore Vertige des points ! j'ai l'ambition de faire un peu rigoler. si j'ai réussi, je crois que tu n'as pas à être indignée !
· Il y a environ 14 ans ·charlie
Je me suis bien marrée, j'adore !
· Il y a environ 14 ans ·Tu as vraiment les bons mots ...
En tant que femme je devrai être indignée ...non ?
vertige-des-points