L'étudiant en lettres modernes

elodiep

Il est incompris, analyse tous les écrits, et ses parents ne savent toujours pas ce qu'il va faire de sa vie.

L'étudiant en lettres boit du café, toujours un livre à la main à la terrasse d'un pub, même si il ne le lit pas. Dans les conversations, il cite des auteurs que « tout le monde connaît », parce qu'ils les a vu sur son application 'citation du jour'.

Bien sûr que l'étudiant en lettres modernes regarde Arte, parce que c'est cool et il matte aussi de vieux films en noir et blanc, parce qu'il est à fond dans le vintage.

Il écrit des dizaines de pages pour dire que Rousseau n'était pas si con qu'il ne voulait le laisser croire, Montaigne était un gros prétentieux, la Marquise de Merteuil une grosse chaudasse, Nerval et Beaudelaire des drogués et Werther un suicidaire.

Il boit du whisky pour se donner un genre, « dry, s'il vous plaît » (oui l'étudiant de lettres modernes parle anglais.)

Il voudrait être écrivain et du coup fume beaucoup, même si cela n'a aucun rapport. 

Son anecdote favorite, pour briller en soirée, est la relation d'amour passionnelle qu'entretenaient Verlaine et Rimbaud, et il trouve ça vraiment cool parce qu'il est tolérant.

L'étudiant en lettres à un goût mouvementé pour la mode et se prend parfois pour un dandy (un peu comme Georges Duroy dans Bel Ami). 

Il valide sa licence sans connaître la déclinaison latine de 'rosa, rosae' et sans savoir à quoi sert la linguistique ( encore moins la linguistique diachronique).

Il ne comprend pas pourquoi son professeur de littérature a fait une thèse sur les arbres dans la littérature. 

Il aime les débats et boire, puis débattre.

Il a une bibliothèque impressionnante sans savoir 1) où il va mettre tous ses bouquins dans son 20m² ; 2) comment il va déménager ses bouquins dans son prochain 20m².

L'étudiant en lettres a besoin du livre, l'objet, parce que « celui emprunté à la bibliothèque, c'est pas pareil ».

Il s'amuse à montrer ses sujets de dissertation à ses amis pour leur prouver que les lettres modernes c'est dur.

Mais surtout, il analyse tous les textes comme pour un commentaire, même ce qu'il y a marqué sur les emballages : «Retirer le produit du film plastique, faire préchauffer le four à 180°, puis mettre la pizza au four pendant 10 minutes. » : Anacoluthe, ici l'auteur déconstruit la phrase pour donner un sentiment de légèreté, un peu comme la pizza.



  • "Il aime les débats et boire, puis débattre." : cette allitération en b est très sympa. Désolée, je suis une ancienne étudiante en Lettres (classiques). Par chance, je ne fume pas, n'aime pas le Whisky! Autres temps, autres mœurs ! Aliam vitam, alio mores ! Mais, j'aime, en effet, "décortiquer" les textes ! Mais, pas les boites de pizzas ! Je n'aime pas non plus les pizzas ! LOL

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Couv2

    veroniquethery

    • Merci pour ce gentil commentaire :) je suis une ancienne étudiante en lettres modernes et je ne cumule pas tous ces clichés, seulement quelques uns (heureusement), mais de tous les étudiants en lettres que j'ai croisé sur ma route durant ma licence, j'en ai sorti ce texte :)

      · Il y a plus de 9 ans ·
      934023 10201193180733216 441563920 n

      elodiep

    • Merci pour ce gentil commentaire :) je suis une ancienne étudiante en lettres modernes et je ne cumule pas tous ces clichés, seulement quelques uns (heureusement), mais de tous les étudiants en lettres que j'ai croisé sur ma route durant ma licence, j'en ai sorti ce texte :)

      · Il y a plus de 9 ans ·
      934023 10201193180733216 441563920 n

      elodiep

  • La littérature rejoint souvent le ventre... manger des mots ou des olives.. joli texte. Frais.

    · Il y a plus de 9 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

    • Merci :)

      · Il y a plus de 9 ans ·
      934023 10201193180733216 441563920 n

      elodiep

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