L'évolution professionnelle pour les nuls

gillesnoblet

Participation au concours "Mieux vivre" pour les Nuls. Début d'un guide destiné à tous ceux qui arrivent à un carrefour dans leur vie et ont besoin de choisir la meilleure route

 

Sommaire

Partie 1

Prendre un nouveau départ

 

-       Introduction

           Devenir acteur de sa vie professionnelle

           Un guide divisé en cinq parties

           Liste des icônes utilisés

-       CH 1 Donner du sens à son travail

           Exprimer son potentiel

           Voir sa valeur reconnue

           Incarner ses valeurs

-       CH 2 Faire face à une crise de motivation

            Adopter une attitude positive

            Les carrefours de la vie

            Se reconvertir volontairement                              

-       CH 3 Sortir d'une situation chaotique

           Réagir si sa boîte est en difficulté

           Le burn-out, signal d'alarme pour tout changer

           Rebondir après une maladie grave

-       CH 4 Entendre l'appel du renouveau

           Le déclic qui change tout

           Se dire que c'est possible

           Sortir de sa zone de confort

          

Partie 2

Se mettre en route

 

-       CH 5 Mettre en évidence ses points forts

            Examiner le chemin parcouru

            Talents innés et compétences acquises

            Définir sa marque personnelle          

-       CH 6 Se projeter dans un futur souhaitable

            Explorer l'avenir pour mieux l'anticiper

            Hésiter entre plusieurs options

            Imaginer et construire la prochaine étape         

-       CH 7 Faire avec le marché de l'emploi

            L'impact du numérique sur  les métiers

            Identifier les secteurs qui embauchent

            Partir travailler et s'installer à l'étranger

-       CH 8 Ancrer son projet dans la réalité  

            Se confronter à son propre saboteur

            Na pas confondre la carte et le territoire

            Se mettre dans la peau d'un recruteur

 

Partie 3

Rechercher des alliés

 

-       CH 9 Le poids de l'entourage

             L'influence positive ou négative des proches

            Quand la famille prête de l'argent

            Un moment de vérité pour le couple

-       CH 10 Etoffer son réseau professionnel

            L'effet réseau : Offrir pour recevoir

            Fréquenter de nouvelles personnes

            Bien utiliser les réseaux sociaux

-       CH 11 Aller chercher du soutien

            Le Conseil en évolution professionnelle

            Le poids des associations d'anciens

            Les nouvelles formes d'entraide    

-       CH 12 Trouver des points d'appui

            Faire valider ses acquis ou se former

            Faire financer son projet  

            Créer ou reprendre une entreprise    

Partie 4

Franchir les haies

 

-       CH 13 Démarrer sa vie professionnelle

            Le stage et les CDD « sas de transition »

            Avoir de l'impact dans son job

            A 30 ans, tout est encore possible

-       CH 14 Apprivoiser un nouvel environnement

            Se repositionner dans sa fonction

            Faire ses preuves dans un nouveau poste

            S'adapter à la culture d'entreprise

-       CH 15 Arriver au milieu de la vie

            Retrouver un second souffle

            Intégrer une posture de consultant

            Jouer la carte de la mobilité

-       CH 16 Etre actif après 60 ans  

            Trouver un nouvel équilibre de vie

            S'investir dans le bénévolat

            Cumuler un emploi et une retraite

Partie 5

Transformer l'essai

 

-       CH 17 Réussir au féminin

            Dépasser les clichés et les stéréotypes

            S'appuyer sur les réseaux féminins

            Elever des enfants et faire carrière

-       CH 18 Se sentir dans son élément

            S'investir dans le secteur solidaire et social.

            Etre dans une entreprise où il fait bon travailler

            Jongler avec deux ou trois emplois

-       CH 19 Privilégier la liberté

            La vague irrésistible de l'emploi indépendant

            Le prix parfois élevé du goût de la liberté

            Les infopreneurs à la manœuvre sur le web

-       CH 20 Trouver son meilleur rôle

            Ecouter son cœur ou sa raison

            Ne pas avoir peur de sa singularité

            Faire briller son étoile

    

Introduction

 

La vie professionnelle est un long voyage plein d'imprévus avec ses hauts et ses bas, ses virages inattendus et ses haies à franchir. Il est marqué par des passages qui nous font passer par des moments d'incertitude et de doute, des passages où on perd ses repères habituels avec l'impression d'être dans le brouillard. Ce sont des moments clés pour changer son regard sur ses capacités, sortir de sa zone de confort et redéfinir sa destination.

Ce voyage se déroule aujourd'hui sous les auspices de la troisième révolution industrielle. Le monde du travail se réinvente et on parle aujourd'hui d'ubérisation de l'économie. Dans tous les secteurs, des start-up tentent de créer un nouveau rapport de force vis à vis des acteurs traditionnels. Le travail indépendant (autoentrepreneurs, free-lance, sérial jobbers…)  se multiplie en offrant une alternative au salariat. Un nouveau modèle économique, dont les contours restent encore mal dessinés, émerge.60 % des métiers qui existeront en 2030 n'existent pas encore. Le monde est devenu VUCA (volatile, incertain, complexe, ambigu).

Tout bouge : « Désormais les parcours professionnels sont faits de ruptures, de reconversions, d'envie d'entreprendre : on passe d'un emploi à un autre, d'un statut à un autre, parfois on cumule une activité salariée et une activité indépendante complémentaire » soulignait Myriam El Khomri, Ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, à l'occasion du salon “Nouvelle Vie Professionnelle“. Pour tracer aujourd'hui son chemin dans un monde soumis à des changements permanents, à un rythme toujours plus soutenu, chacun doit devenir acteur de son parcours professionnel.

« Je ne suis pas ce qui m'arrive mais celui que je choisis de devenir. » Devenir acteur de son évolution, c'est développer, avec un état d'esprit résolument positif, une compétence qui pourrait s'appeler « savoir devenir ». Cette compétence vous permet de mieux vivre votre travail. Elle implique de rester en alerte pour anticiper son avenir. Elle implique aussi de faire preuve d'agilité pour mieux saisir les opportunités. Elle exige de ne pas baisser les bras au premier obstacle rencontré et devant les rigidités du marché du travail. 

Faites preuve de lucidité ! En dernier ressort, votre seul employeur c'est vous, car vous êtes le seul ou la seule responsable de votre évolution. Même si vous avez parfois l'impression d'être le jouet d'événements qui vous dépassent. Le voyage vers une nouvelle destination est toujours plein d'imprévus mais riche d'enseignement.

Ce guide a pour ambition de vous offrir une carte du monde du travail pour piloter votre parcours professionnel et trouver un certain bien-être au travail. Il est divisé en cinq parties : prendre un nouveau départ, se mettre en route, rechercher des alliés, franchir les obstacles, transformer l'essai.

1/ Prendre un nouveau départ : Toute situation de crise porte en elle les clés d'un renouveau. Le besoin de redonner un sens à son travail, un sentiment de lassitude persistant, une rupture brutale dans notre vie  nous donnent envie de changer notre sort et nous poussent à réagir. Pour le faire, nous devons être à l'écoute et accepter de sortir de notre zone de confort.   

2/ Se mettre en route : On a rarement toutes les cartes en main quand on démarre un nouveau cycle de son existence. Mieux cerner ses talents et ses aspirations, bien évaluer ses options permet d'étoffer son jeu. Mais la route choisie ou le cap fixé doit tenir compte des réalités du marché du travail si on veut aboutir. Et notre projet d'évolution doit pouvoir être réévalué et corrigé en permanence si on veut aboutir. 

3/ Rechercher des alliés : Sans soutien et protecteurs, le voyage peut vite se terminer. Il faut trouver de bons stabilisateurs pour tenir le cap quelque soit la météo. Vos proches peuvent vous soutenir mais aussi vous freiner. Votre réseau vous permet d'avoir des introductions. Vous pouvez aussi vous appuyer les acteurs institutionnels du conseil en évolution professionnelle, des coachs en transition professionnelle, des personnes qui traversent la même situation que vous, des associations d'anciens ou de bénévoles.

4/ Franchir les haies : A tout âge, des obstacles vont se dresser sur notre chemin qu'il va falloir contourner ou éliminer. L'entrée dans la vie professionnelle passe souvent par un sas de transition fait de stages ou contrats de courte durée…La seconde partie de carrière oblige en général à se remettre en question en jouant la carte de la mobilité et en acceptant de changer de statut. Après 60 ans, rien n'est terminé et il est possible de retrouver un nouvel équilibre en travaillant. 

5/ Transformer l'essai : La sphère professionnelle est un terrain de « jeu » et d'expérience qui offre de nombreuses possibilités d'apprendre et de progresser en apprivoisant un nouvel environnement. Pas besoin de tricher ! Le monde est suffisamment vaste pour que je puisse m'y intégrer et y trouver mon meilleur rôle sans avoir besoin de devenir quelqu'un d'autre

Icones utilisé dans le livre

Histoire de vie : Les histoires d'évolution professionnelle vécues par d'autres sont des sources d'inspiration quand nous choisissons d'écrire la prochaine étape notre propre histoire.

Regard d'expert : La richesse et la diversité de points de vue de spécialistes venus d'horizons divers donnent des éclairages inédits et permettent d'aller plus loin.

 Autocoaching : Les séquences d'autocoaching sont un moteur pour l'action. Elles nous invitent à avancer seul, à notre propre rythme, et à se poser les bonnes questions en utilisant des outils prêts à l'emploi.

Chapitre 1

Donner un sens à son travail


Notre travail occupe une place centrale dans notre existence. Nous y consacrons une bonne partie de notre journée et parfois de nos soirées et de nos week-ends. Il nous permet de gagner de l'argent et de nourrir notre famille. Il constitue une part de notre identité sociale et nous donne le sentiment de faire partie d'une communauté. Au final, Il donne un sens et des couleurs à notre vie.

Exprimer son potentiel

C'est l'histoire terriblement banale de quelqu'un qui semble s'ennuyer dans son job. Il fait son travail correctement tout en sentant qu'il a vocation à faire quelque chose d'autre. Ce potentiel inexploité qui n'a rien à voir avec ce qui est écrit sur sa  fiche de poste le pousse à rechercher à l'extérieur d'autres motifs de satisfaction. Parallèlement, il accuse ses collègues de travail de ne pas voir ce potentiel caché qui est en lui et en conçoit une certaine frustration.

Tout le monde a un potentiel qui ne demande qu'à s'exprimer et à se révéler. Et ce potentiel semble constitué de deux éléments : les aptitudes d'une part et les motivations d'autre part. « Je me définis à la fois par ce que je suis capable de faire et par ce que j'ai envie de faire. Je suis un réservoir de capacités d'agir et de raisons d'agir. Les unes me permettent de faire bien ce que je fais, les autres me poussent à faire ce que je fais », écrit le philosophe Michel Lacroix. Pour m'accomplir, j'ai besoin de faire tourner ces deux moteurs de manière synchronisée.  

Cette envie de se réaliser est présente chez chacun d'entre nous. Elle est comme un ressort, qui se tend et nous met sous tension avant de se détendre si nous cherchons à concrétiser cette envie. Elle se rappelle à nous, à certains moments clés de notre parcours professionnel, pour nous permettre de basculer d'une étape à une autre.

A 22 ans, Arielle est entrée par la petite porte dans une administration où elle a grimpé les échelons. Son projet était d'avoir un travail qui lui apporte la sécurité nécessaire pour élever seule sa fille. Quand celle-ci a fini sa scolarité et est entrée dans une troupe de danse, elle a cherché à concrétiser des aspirations refoulées dans sa jeunesse. Après avoir fait un bilan de carrière, elle a demandé et obtenu le droit de faire un CIF (Congé Individuel Formation) pour devenir administratrice dans le spectacle vivant, un univers qui lui correspond bien  

Autocoaching : Prenez le temps d'identifier quelles sont vos aptitudes et vos motivations. Se renforcent-elles mutuellement ? Comment exprimez-vous votre potentiel dans votre fonction ?

Voir sa valeur reconnue

Notre valeur, c'est vital ! Après sa propre vie, il n'y a rien de plus sérieux pour l'homme ou la femme que sa propre valeur. C'est en pouvant la reconnaître et la voir reconnaître par les autres qu'il étanche sa soif de reconnaissance et prend confiance en lui. La reconnaissance de cette valeur suscite une véritable attente.

L'ANACT (Agence Nationale pour l'Amélioration des Conditions de Travail) publie chaque année un sondage à l'occasion de la Semaine de la qualité de vie au travail. Le principal motif d'insatisfaction souligné par les salariés est l'absence de reconnaissance pour ceux qui s'investissent justement dans leur travail. « Le premier obstacle en France à cette reconnaissance est la crainte de susciter des attentes irréalistes comme si en témoignant de la reconnaissance à un employé on levait son degré d'exigence à un niveau tel qu'on ne saurait par la suite pas y répondre », souligne Christophe Laval, ancien dirigeant de l'association Entreprise et Personnel,

Tous les retours d'expériences montrent pourtant que l'attention particulière aux personnes est un puissant levier d'engagement au travail. A contrario, la faible reconnaissance des efforts a des effets démobilisateurs.

Autocoaching: Vous sentez-vous apprécié et reconnu au travail par vos collègues ? Vos collaborateurs ? Vos supérieurs hiérarchiques ?  Quelle est la forme de reconnaissance à laquelle vous êtes le plus sensible ?

Incarner ses valeurs

Le manque de perspectives d'évolution professionnelle est un autre motif d'insatisfaction. C'est la principale raison pour laquelle, un collaborateur quitte son entreprise. On pourrait faire une liste de toutes les raisons pour changer de job : une ambiance pourrie, un salaire pas à la hauteur, un ennui mortel, des entorses systématiques à l'éthique[…]De nombreux salariés sont obligés de mentir aux clients pour atteindre les objectifs fixés par l'entreprise. C'est dur d'être obligé d'agir contre ses valeurs, de trahir son éthique.

Christine a fait une longue carrière dans l'industrie pharmaceutique avant de négocier son départ pour se lancer dans un projet conforme à ses valeurs (Le partage, l'intelligence, et la transparence) : « Les plantes dont on extrait des ingrédients naturels  vierges  bio n'ont jamais caché leur composition. ». Très vite, elle a démarré un blog sur lequel elle a donné des conseils utiles pour vaincre les problèmes de peau tout en commercialisant une ligne de fluides de beauté à base d'huiles végétales bio. « J'aimais l'univers de la cosmétologie naturelle ayant toujours été fascinée par le pouvoir traitant des plantes. J'étais révoltée quand je voyais les compositions de nombreux produits cosmétiques. Souvent, il n'y avait aucun principe actif et certains étaient nocifs. Cela allait à l'encontre de mes principes…» Elle a aujourd'hui l'impression de renaître et d'avoir retrouvé une raison de travailler « Contrairement à ce qui se passe dans l'Industrie cosmétique, qui est friande de secrets de formulation, les formules de mes fluides de beauté, élaborées après des mois de recherche et d'optimisation des formulations, sont mises à la disposition de tous » C'est dans cet esprit, qu'elle anime des formations destinées aussi bien à des professionnels qu'à des particuliers pour leur permettre de créer par eux-mêmes des produits cosmétiques naturels pour la peau.

Avoir conscience de sa valeur permet d'accueillir la richesse de la vie. Si vous pensez que vous ne valez rien, vous ne pouvez pas être fidèle à vos valeurs et créer de la valeur avec ce que vous faites.

Autocoaching: Pouvez-vous citer les trois valeurs qui vous animent le plus ? Avez-vous la possibilité de les incarner dans votre job actuel ? Quel serait le projet qui vous permettrait de les vivre au travail ?

Chapitre 2

Faire face à une crise de motivation

 

Weiji est l'idéogramme qui signifie “crise“ en chinois. Il désigne une situation difficile porteuse d'une nouvelle vitalité qui permet de retrouver de l'oxygène et peut déboucher sur de forts changements positifs. Cette crise peut prendre la forme d'un ras le bol passager, d'un sentiment de lassitude persistant ou d'une démotivation profonde.

Adopter une attitude positive

Au boulot, vous pouvez changer des éléments dans votre vie sans pour autant changer de vie. C'est le moyen de traiter un ras le bol passager. Modifier son quotidien en adoptant une attitude positive, c'est possible même dans un contexte qui peut sembler négatif.

- Vous pouvez développer une attitude stimulante en vous fixant des petits défis à votre portée pour que votre travail ne soit plus une corvée et donner plus de peps à votre journée. 

- Vous pouvez chercher à apprécier l'autre pour ses qualités propres ou prendre du recul pour engager des actions correctives si vous êtes embarqué dans une logique de conflit ouvert avec lui. 

- Vous pouvez trouver un moment pour souffler et faire quelque chose qui vous relaxe physiquement pour relâcher la pression.

Tout cela s'inscrit dans une hygiène de vie au travail. C'est la voie des petits changements. Elle est parfois suffisante pour retrouver un certain dynamisme et l'optimisme qui va avec. Les effets observés pour ce type d'attitudes sont bénéfiques. Cela limite l'usure et la fatigue, permet un discernement accru, régule les relations avec les autres, et débouche sur une meilleure efficience professionnelle.

Autocoaching: L'échelle du bien être au travail

1/ Faites un état des lieux : Sur une échelle de 1 à 10 vous sentez-vous bien au travail ?

2/ Listez toutes les raisons qui vous empêchent de vous sentir mieux et vous pourrissent la vie au travail : collaboratrice hargneuse, remettre tout au lendemain, job à la con, bureau mal aménagé…

3/ Faites le tri entre celles qui peuvent trouver une solution immédiate et celles qui demandent plus de temps et sont actuellement hors de votre portée.  

4/ Choisissez en une qui va vous permettre de gravir un barreau de l'échelle et passer par exemple de 5 à 6 pour être plus comblé. Pendant une semaine concentrez-vous, action, action, action, …

5/ Chaque matin pensez à ce que vous allez bien pouvoir faire évoluer de manière positive, chaque soir prenez le temps de vous rappeler des meilleurs moments de la journée.  

Les carrefours de la vie

Dans l'Empire romain, on considérait le carrefour comme un lieu de rencontres magiques. C'est là que l'on prenait, avec l'aide d'Hécate, la Déesse des Carrefours, les décisions liées au destin. Elle éclairait le chemin mais ne suggérait rien. Aujourd'hui, notre parcours professionnel est fait de quatre grands carrefours qui sont autant de passages obligés :

1/ Le rendez-vous du premier emploi significatif. 

2/ Le rendez-vous de la fin de première partie de vie professionnelle. 

3/ Le rendez-vous de crise du milieu de vie. 

4/ Le rendez-vous de la retraite.

Les trois derniers rendez-vous prennent souvent la forme d'une crise de motivation et sont accompagné d'un sentiment persistant de lassitude. « Ce sont des points de passage d'un moteur de la motivation à un autre. Ils concluent un temps d'apprentissage et ouvrent sur une nouvelle période », souligne Fabienne Autier, professeur responsable du cluster Work & Organisation à l'EM Lyon.

La première partie de vie professionnelle, jusqu'au second rendez-vous, permet d'apprendre les règles du jeu et les incontournables de son métier. C'est une période marquée par les Obligations. A partir du second rendez-vous, on va chercher à se différencier, à montrer en quoi on est remarquable dans la façon d'exercer son métier tout en restant dans le cadre imposé. C'est une période marquée par les Initiatives.

A partir du troisième rendez-vous, à mi-vie, on a envie de faire évoluer les règles du jeu et d'appréhender autrement les choses. C'est une période marquée par les Aspirations avec plusieurs choix possibles.

1/ Je tais mes doutes et je me réinvestis comme avant. Je finis ma vie professionnelle sur un mode d'endurance. A l'image de ce responsable informatique dans banque qui a fini sa carrière les yeux rivés sur la ligne d'arrivée et en serrant les dents.

2/ Je décide de me reconvertir en changeant radicalement de métier ou d'univers professionnel. A l'image de ce cadre dirigeant de Saint-Gobain qui a passé un CAP de charpentier de marine.

3/ Je décide d'assurer seulement le service minimum dans mon travail. Avec le risque de ne pas se voir proposer de nouvelles opportunités. A l'image de ce responsable de service qualité qui a mis son travail au second plan alors qu'il occupait une place centrale.

4/ Je tente de mettre en œuvre dans le cadre de mon travail des activités qui m'inspirent totalement. A l'image de ce directeur régional logistique qui a développé un nouveau système de palette. Ce projet innovant lui tenait à cœur car il lui permettait de mettre le pied à l'étrier à de jeunes apprentis. 

Autocoaching : Avez-vous l'impression d'être arrivé devant un de ces carrefours ? Quelle a été votre réaction ? Quels choix avez-vous fait qui vous a permis de retrouver votre motivation?

Se reconvertir volontairement

Changer de métier, même de manière volontaire, demande de se prendre sérieusement en main pour mener à bien son projet. Pour être un succès, un projet de reconversion doit intégrer des impératifs qui tiennent à la fois à l'âge de la personne et à la solidité du projet. Chaque reconversion est unique et porte ses propres difficultés. Les freins les plus cités par ceux qui sauté les haies sont :

- La complexité des démarches administratives.

- Le fait de perdre ses droits acquis.

-Le manque d'information sur les possibilités de reconversion.

- Le manque de fonds pour suivre des formations.Les difficultés à apprendre un nouveau métier.

Catherine Négroni, Maître de conference à Lille 3, décrit le processus par lequel passe l'ensemble des personnes choisissant de changer de métier.

Un désengagement qui peut se produire suite à un changement d'organisation. Une période de latence et d'incertitude où on se projette dans différentes professions mais où on peut aussi renoncer à se reconverti. Une bifurcation basée sur une prise décision assumée et la construction d'un nouveau projet. Un réengagement vers un nouvel emploi qui passe par un plan d'action et souvent par de la formation.

Autocoaching : Avez-vous caressé l'idée à un moment de votre parcours professionnel de vous reconvertir ? Si vous deviez vous reconvertir maintenant, que feriez-vous ? Quelles compétences pourriez-vous transposer dans votre nouveau métier ?

 

Chapitre 3

Sortir d'une situation chaotique


Chacun d'entre nous peut connaître ce qu'on appelle des épreuves de la vie dans le domaine de la famille, de la santé, ou de l'emploi. Quand un de ces trois piliers fondamentaux est touché, notre équilibre est en danger. La menace d'un licenciement, un burn-out, une maladie grave ou invalidante agissent souvent comme un électro-choc.

Réagir si sa boite est en difficulté

Si votre boite va mal, c'est le moment de faire le point. Avant de prendre une décision, analysez le contexte et menez votre propre enquête. On parle d'une restructuration qui se prépare, d'un ou plusieurs repreneurs potentiels….Ne vous contentez pas des rumeurs propagées par radio moquette autour de la machine à café. Essayez de les corroborer par des éléments objectifs comme des carnets de commande vides ou en chute libre. Si c'est fondé, tirez-en les conséquences. Vous avez le choix entre plusieurs options :

- Rester à tout prix : Ce choix est souvent le fruit d'un calcul. Cela peut être avantageux d'attendre que la situation se dénoue pour bénéficier d'une procédure de licenciement économique. Mais c'est toujours plus facile de trouver un nouveau job quand on est en poste qu'au chômage

- Attendre le bon moment : Ce choix permet de ménager l'avenir. Vous gardez à l'esprit que vous vous préparez à passer à l'action si une opportunité semble se présenter à l'intérieur comme à l'extérieur. 

- Partir rapidement : Ce choix est un coup de poker risqué si vous n'avez rien de solide en vue. Prendre le premier poste qui va se présenter peut être une bonne solution à court terme mais pas à plus long terme.

Pendant 25 ans, Andréa a vendu des camping-car en Italie. Et il aimait ça. Mais la crise est arrivée touchant durement ce secteur. Les ventes sur le marché transalpin ont chuté. L'entreprise a du fermer ses portes et il est parti avec des indemnités de licenciement. Sa femme était américaine, et durant quelque mois, il a caressé le projet de repartir de zéro en s'installant aux Etats-Unis. Mais leur maison ne se vendait pas. Il s'est orienté vers un autre projet qui lui permettait de rester dans l'univers du tourisme et de s'appuyer sur ses compétences commerciales. Un bed and breakfast, dont les chambres ont été aménagé avec des matériaux de récupération, a ouvert en juin 2015.  Il permet désormais au couple d'envisager l'avenir plus sereinement.

Autocoaching : Quelle serait votre attitude si vous appreniez que votre boîte est entrée une zone de fortes turbulences ? Avez-vous déjà vécu ce genre de situation dans le passé ? Si oui, pensez-vous  avoir pris la meilleure décision possible ?

Le burn-out, signal  pour changer tout

Jamais travailler n'a été si éprouvant. Non pas que le travail soit plus physique qu'avant, c'est tout l'inverse. Le travail mobilise une charge mentale croissante, il génère des tensions psychiques et relationnelles sans précédent. Le burn-out est devenu la maladie de notre siècle.

C'est un signal d'alarme pour changer tout. Il est souvent alimenté par la volonté de perfection, le désir de faire plaisir ou la peur de perdre son emploi, La personne a tendance à s'épuiser pour aller au bout de ce qu'on lui demande et obtenir la récompense qu'elle s'estime en droit de recevoir. Dépassant largement les capacités de résistance de son corps et de son psychisme, elle finit par ne plus entendre les signaux qui l'avertissent d'un danger imminent : Irritabilité marquée, colères spontanées, pleurs fréquents, attitude cynique et sentiment de frustration, sentiment d'échec, difficulté à se concentrer, perte de mémoire, confusion, pensées suicidaires

Personne aujourd'hui n'est plus à l'abri d'un burn-out. Laurence en a fait un alors qu'elle avait moins de 35 ans : « J'étais devenue la vice-présidente d'une société cotée en bourse et présente dans 13 pays sur le marché des technologies médicales de lutte contre le cancer. J'étais montée très haut, j'avais beaucoup travaillé, j'étais engagée à 2000 %, je traversais la planète en long et en large. Le revers de la médaille est que j'étais souvent en opposition avec ma hiérarchie sur à façon de manager et que je ne trouvais plus de source d'énergie positive dans mon job. A un moment, je me suis écroulée terrassée par la pression qui était énorme. Je suis tombée malade et au bout de six semaines j'ai été licenciée. Ca a été une grosse claque professionnelle. Mais cette gifle m'a donné l'opportunité de changer des choses dans ma vie. J'avais beaucoup d'argent de côté. J'ai pris une année pour me poser, me reposer et me poser les bonnes questions. Je me suis demandé ce qui m'avait amené là et je me suis promise de ne jamais plus être malheureuse au travail. » Aujourd'hui, elle est devenue la porte-parole du bonheur au travail à travers le mouvement des Happy Organisation,

Autocoaching : Relisez ci-dessus la liste des signaux d'alerte laissant présager un burn-out. Pensez-vous que vous êtes concerné ? Si oui, que pourriez-vous faire pour relâcher la pression ?

Rebondir après une maladie grave

La résilience est cette capacité de rebondir près une épreuve difficile, de changer son sort pour retrouver rapidement de l'oxygène. Les accidents de la vie nous obligent à tenir compte de nouvelles contraintes si nous voulons continuer à avancer. 

Chaque jour en France 1000 personnes apprennent qu'elles ont un cancer et parmi elles 400 travaillent. La reprise d'une activité professionnelle pour ceux qui ont été touchés par la maladie est souvent un moment délicat. Selon Pascale Breton, spécialiste de la transition professionnelle après une longue maladie ou une longue absence, elle nécessite d'être bien préparée. « La plupart des personnes que j'accompagne me disent que le travail représente pour eux le retour à la normalité et à la stabilité sociale et financière. Ils sont à la fois impatients de retrouver leur place dans leur contexte professionnel mais sont aussi inquiets des répercussions que cette reprise pourrait avoir sur leur santé. »

La reprise provoque des peurs et les questions qui se posent sont nombreuses :

« Serai-je encore capable de faire mon travail? »

- « Comment vais-je affronter le regard de mes collègues et des autres ? »

- « La fatigue et le stress ne risquent-ils pas de me faire rechuter ? »

- « J'ai peur qu'on me traite différemment des autres »

- « Je ne veux pas subir de jalousie de la part des autres à cause d'un traitement de faveur »

- « Va-t-on me redonner les mêmes responsabilités ? »

- « Tout ne va-t-il pas me sembler dérisoire à côté de ce que j'ai vécu ? »

- « Comment vais-je faire pour ne plus perdre de vue mes priorités et garder du temps pour moi ?»

Les grands patrons pensent être au-dessus de tout même des problèmes de santé. Mais quand ils sont victimes d'un AVC, d'une crise cardiaque, ils sont obligés de revoir leur conception de la réussite professionnelle. C'est ce qui est arrivé en 2008 à Christian Streiff, l'ex P-dg de Peugeot-Citroën. Trois mois après son AVC, il revient dans l'arène mais il ne tient que six mois avant d'être mis dehors. Il lui faudra encore des mois pour comprendre qu'il était hors sujet et changer de vie. Au prix d'une patiente reconstruction, il s'est épanoui plusieurs années après ce drame sous la casquette d'un nouveau dirigeant - vice-président du conseil d'administration de Safran – mais surtout sous la peau d'un autre homme qui a réappris le bonheur d'être

Autocoaching : Avez-vous du interrompre votre parcours professionnel à cause d'une maladie ou d'un accident ? Comment avez-vous vécu cette période de transition puis votre retour en activité ? Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un appelé à traverser la même épreuve ?


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