Libérez les fessiers

Laurence Malabat

Nous étions un mardi, j'en suis sûr car personne ne travaille ce jour-là !

 Il faisait un soleil de plomb et je pris la décision de mettre une cagoule et des collants de laine sous le pantalon de ma fille.  Hier, à la météo, j'ai vu un flocon dessiné sur la carte de notre région, je suis d'un naturel prudent.

Avec son petit minois rouge et en sueur, elle se dandinait péniblement jusqu'à l'entrée de l'école en se grattant les cuisses. Je crois qu'elle pleurait. J'aurais dû lui mettre le masque de ski pour protéger ses yeux bouffis de la réverbération neigeuse prévue. Je culpabilise.

J'attendais patiemment dans la voiture de ne plus la voir dans le rétro.

Je ne descends jamais de la voiture quand j'amène ma fille à l'école. La simple vue des mères bavant sur les unes sur les autres me débèquète. Je ne les aime pas avec leurs gros fessiers d'après 3 enfantements. 

Je le sais, j'avais la même à la maison, jusqu'au jour où elle est partie. Etonnamment quelques temps après son départ, ma femme, non, mon ex-femme est redevenue désirable, arborant son arrière train galbé (elle a repris le sport), s'arrangeant de mille feux…

Je me demande si je ne devrais pas parler à ces femmes frustrées, leur dire de prendre soin d'elles afin que leur mari ait encore envie de les prendre sauvagement sur le plan de travail de la cuisine. Je prends soudainement conscience que j'y suis peut-être pour quelque chose… Non ce n'est de tout évidence pas de ma faute si elles sont dans cet état, je ne les connais pas !!

Ma fille disparue dans l'entrée de la prison, et ce fut à ce moment-là que je vis apparaître dans le miroir, cette femme. Certes, légèrement déformée et un peu flou mais elle m'apparut derrière moi comme une évidence.

Elle venait visiblement de se lever depuis peu, les cheveux défaits, la mine déconfite, chaussettes dépareillées, tirant à bout de bras sa progéniture morveuse, du coup je me rends compte que le rétro n'était pas si déformant que ça. Tout à fait le genre de femme que je ne  remarque pas. Le genre de femme dont les priorités ne sont pas dans l'apparence. Le genre de femme qui assure, qui assume ! Essayant d'être la meilleure des mères, la meilleure des ménagères, et quelques galères de vie qui font qu'on ne peut que respecter ce qu'elle est, pas terrible mais torride.

J'eus immédiatement envie de la prendre dans mes bras, lui dire qu'elle n'avait plus besoin de repartir sur sa planète, j'étais là !! Je pouvais lui offrir une belle vie, une maison, un voyage low cost aux Canaries, des bottines sur internet (j'avais un plan)…Peut être même je pourrais accepter de lui faire un autre enfant.

Elle était maintenant tout près, je lui lançai mon plus beau sourire, celui que je réserve aux belles personnes, celui qui fait chavirer les femmes le samedi soir. Elle est toute proche, s'approche, elle va me parler, je sais pertinemment que faire, que dire, les femmes ça me connait !

J'imagine qu'elle va me demander de l'aide, de la secourir tel un petit oiseau fragile…

Elle me regarda de ses yeux clairs et me dit : « Tu ne peux pas bouger ta caisse là ?!! Tu ne vois pas que t'es garé sur le passage piéton !?! »…

J'hésite alors à tomber amoureux…Et là, elle lance le fameux « Connard ! »…

Nous étions un mardi, j'aurais pu la voir, …l'avoir.  

Grâce à notre non-rencontre, je rêve de son joli petit cul à travers le rétro, petit cul surement a jamais préservé des hommes trop « bienveillants »...

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