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Lundi, censeur, dîner, léger, comité.

Durant des années, coopté probablement en raison de mon nom de famille, je fis partie d'une société non pas secrète, mais fort discrète qui réunissait ses membres le troisième lundi de chaque mois à Sarcelles, et une fois par an lors du cinquième jour du mois de prairial tous les comités à Cannes.

Le cérémonial différait selon les saisons et demandait une certaine préparation car il comportait des parties assez physiques se passant dans le froid, rappelant les chorégraphies de certaines confréries soufis, durant lesquelles les participants reconnaissables à leurs cols verts et leurs cannes laquées s'assemblaient le plus souvent en quadrilles formant des figures débutant les bras en V puis finissant en équerre tout en marchant la pointe des pieds tournée vers l'extérieur, symbolisant l'importance des coins, au son d'un orgue de barbarie, qui il est vrai ne jouait pas toujours juste.

Suivait l'exposé durant lequel différents membres expérimentés de l'association ainsi que le grand censeur reconnu comme « not'maît », enseignaient après avoir décrypté le sens caché de l'album de la comtesse du Canard Enchaîné, les différentes facettes des recoins ainsi que celles de la vie des ansériformes que nous reconnaissions comme animaux totémiques.

La réunion se terminait toujours par un dîner léger qui s'ouvrait par la plongée du bout de sucre dans le calvados Caennais. Naturellement il y était proscrit magret, filet et bien sûr foie gras du plus bel oiseau aquatique que nous vénérions.