L'oiseau sur le velux

another-day

Innocence

Il y a un oiseau sur le velux.

Il frappe son bec contre le verre ; et on dirait que la pluie s'est mise à tomber.

Mais ce n'est qu'un oiseau, qui cogne son bec contre le velux. Peut-être cherche-t-il à attirer mon attention : c'est un oiseau poli, il veut me dire bonjour.

Ou bien peut-être me voit-il comme une menace, moi, assise sur mon lit, sous ce velux contre lequel il cogne son bec.

Je compte les secondes des minutes des heures qui s'écoulent par le trou béant de ma vie.

Je les compte sur mes doigts : une, deux, trois, quatre...

Elles disparaissent sans laisser d'empreintes ; et me voilà de nouveau seule, avec cet oiseau qui frappe son bec contre le velux.

Je ferme les yeux. Je ne vois plus l'oiseau, il ne me voit pas non plus. Il a cessé de frapper le velux de son bec. Je n'entends plus que les battements de mon coeur ; et le soulèvement de ma cage thoracique quand je respire très fort. L'oiseau n'est plus là. Il s'est envolé saluer d'autres personnes. Cogner son bec contre d'autres velux.

La vitre du velux tremble encore. Un nouvel oiseau s'est posé, et il martelle de ses petites pattes blanches la surface du verre. Ce n'est pas le même que tout à l'heure : je le sais. Celui-ci est plus gros, plus sombre, comme un cauchemar.

Il n'est pas venu me dire bonjour : il veut entrer pour se glisser dans mon lit. Pour me sauter au visage. Pour me crever les yeux avec son bec.

Je tire le rideau ; le velux disparait, et l'oiseau aussi. La pièce est noire, à présent. Dehors, je sens le soleil brûler la peau des autres. Je vois les lambeaux de peau qui se détachent de l'enveloppe charnelle. Il doit y avoir une odeur d'herbe sèche et de feuilles carbonisées. J'aimerais sortir ; mais c'est impossible.

L'oiseau pourrait me suivre.

Il pourrait se coller à mon ombre, et je ne le verrai pas.

Il pourrait s'enfoncer dans ma gorge quand j'aurai la bouche ouverte, et je ne le verrai pas.

Il pourrait se métamorphoser en rêve, et je tomberai dans ses filets.

Il n'aura plus qu'à attacher les fils entre eux, et je serais sa prisonnière, sa captive. L'oiseau de mon cauchemar deviendra l'oiseau de ma réalité : la nuit sera éternelle, et le jour à une éternité. Le monde sera sans fin, et la douleur infinie.

Tout ça à cause de cet oiseau, qui frappait son bec contre le velux.

  • Toi, tu aimes bien les oiseaux, dis-moi.

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    Madness

    • Ils me fascinent...

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      another-day

    • C'est compréhensible, AD. Moi c'est toi qui me fascine. <3

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      Madness

  • Que dire à part que tu écris merveilleusement bien? Tu as du talent. Merci pour toutes ces merveilles que tu écris.

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    Myo'

    • Je ne sais que te répondre, tes mots me vont droit au cœur... Merci infiniment !

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      another-day

  • j'aime beaucoup tes textes c'est bien écrit et original :)

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    tiph94

    • Merci beaucoup ça me fait trop plaisir !!!

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      another-day

  • J'aime beaucoup cette sorte d'introspection avec les oiseaux, c'est marrant de le considérer comme un animal aussi dangereux et sournois. Belle originalité !

    · Il y a plus de 10 ans ·
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    • Merci beaucoup !!! Bisous.

      · Il y a plus de 10 ans ·
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      another-day

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