L'orange

Grégory Parreira

Du bout de mon canif je creuse un équateur
Écartant d'une plaie l'écorce planétaire
L'acidité s'enfuit face au profanateur
En un zeste et un tour voici deux hémisphères!

L'outil se plante alors sur le sommet de l'astre
Découvrant les couloirs, méridiens-boutonnières.
Il sillonne le fruit, dessine le cadastre,
Donne au grain de l'agrume un air de planisphère.

De mon ongle gourmand j'écarte les montagnes
Ôte l'épais manteau, les frusques inutiles.
J'invoque autour de moi les essences d'Espagne;
Souvenirs de noël en nuées volatiles.

L'étoile est prête alors à la dégustation
Et son magma se scinde en croissants de soleil.
Mon orange me ceint, douce récitation,
Rituelle au matin sur le mont des merveilles.

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