Ma venelle

Elle prend sa source à l'église,

S'endort au jardin du curé,

Je la chante toujours à pied,

Je l'accueille sans me presser,

Ma venelle;

Au souffle bleu d'un reposoir,

Elle descend loin des trottoirs,

Etroite mais sans y paraître,

Etreignant le linge aux fenêtres,

Ma venelle.

Parfois une herbe, une chanson,

L'odeur des daubes Provençales,

Sont autant de jolis piétons

Que les chats miaulant sur les dalles,

Ma venelle;

Elle a "l'assent" de ma voisine

Et cette brise des collines,

Elle sourit ou se chagrine

Quand le soleil "se la joue fine",

Ma venelle.

C'est une enfant aux friandises

Guettant le retour des chasseurs,

Du jeune homme au bouquet de fleurs,

Loin des autos traîne-malheurs,

Ma venelle;

Ainsi à deux pas du métro,

On entend le trot des chevaux,

Entre les jeux des chérubins,

Elle est si douce le matin,

Ma venelle.

Elle est cette joie, cette fête,

Le souvenir des écuries,

La pastorale et la guinguette,

Et l'amitié qui réunit,

Ma venelle;

On l'honore de mille offrandes,

De beaux volets couleur lavande,

Et à Noël plus de guirlandes

Que la forêt de Brocéliande,

Ma venelle.