Maman Roubi (8)
arthur-roubignolle
Maman Roubi (8)
Maman Roubi et le D-DAY
J'ai reçu un coup de fil de ma mère . Ma mère tout excitée - « Tu sais mon chéri que c'est l'anniversaire du D-Day ? 75 ans déjà que les alliés ont débarqués pour nous libérer ! »
Ben oui m'man, difficile de l'ignorer ! (Je suis un peu inquiet, quand elle m'appelle « son chéri », ça veut dire qu'elle est peut etre en crise de démence... Enfin plus précisément en « état de surexcitation nerveuse avec propension aux affabulations et déformation de la réalité ». Comme il est dit dans le rapport du médecin qui l'a examiné sur ma demande et qui a fait croire à ma mère que c'était un contrôle pour les oreillons sinon elle n'aurait jamais accepté cet examen neurologique...
Ma mère qui m'appelle au téléphone, c'est de plus en plus rare avec son Alzheimer, tant mieux d'ailleurs, avant elle m'appelait tous les jours et il fallait que je lui fasse un compte-rendu systématique de mes journées. Mais là, en ce jour du D-DAY, je sais parfaitement ce qu'elle va me raconter, l'histoire invraisemblable avec SON américain ! Elle me l'a déja racontée 500 fois au moins...
Attendez un peu que je vous narre cette histoire rocambolesque. EN 44 ma mère, agée de 20 ans, héritière désœuvrée des filatures Roubignolwsky, fondées par mon arrière-grand père Stanislas et gérées par mon oncle Miroslaw, filatures situées dans le Pas-De Calais, ma mère disais-je donc (avant de m'interrompre moi-même bêtement), ne sachant pas trop quoi faire de sa vie et n'ayant pas encore rencontré mon père, c'est à dire n'ayant pas encore rencontré le SOUFFRE-DOULEUR idéal dont elle a besoin. (Bon, je vais arrêter de faire des apartés sinon j'y arriverai jamais!). Ma mère donc s'est engagée dans une association charitable crée par le Maréchal Pétain et qui vient en aide aux orphelins des miliciens lâchement abattus par la Résistance... (Ça c'est une info que je tiens de mon père qui m'a avoué ce truc sur ma mère sur son lit de mort). Officiellement, ma mère a été une Grande Résistance, elle a même un brevet de résistante signé de la main même de Geneviève Antonioz De Gaulle et qu'elle a fait encadré et qui trône fièrement dans le salon de l'avenue de Neuilly. (Comment a t-elle obtenu ce certificat, je l'ignore!).
Bref, en 44, elle est en Normandie pour s'occuper des orphelins de miliciens, et c'est à ce moment que le débarquement la surprend dans un petit bled du pays d'Auge, un petit village nommé Merdeville il me semble (à moins que cela ne soit la Villemerde, sais plus!).
Soudain, un bombardement, les habitants du bled se précipitent dans leurs caves, la terre tremble, l'air vibre d'intenses déflagrations, de vrombissements d'avions. Une troupe d'allemands affolés qui étaient en train de se bourrer au calva au bistrot du village s'enfuient sur leurs bicyclettes en gueulant de grands « Schnell ! Rauss ! Gehschneller arschloch ! (Ce qui veut dire : « Va plus vite connard!). Débandade totale des fiers teutons tétanisés par la violence et la soudaineté du bombardement et qui vont rejoindre à la hâte et dans la pagaille leurs postes de combat. Ma mère, (qui ne se démonte jamais) les observent en fumant tranquillement une cigarette dehors. Elle lève les yeux au ciel et là, voit une nuée de parachutistes qui descendent gracieusement du ciel telles des fleurs de pissenlits emportés par la brise légère du matin...
(Je fais encore un aparté pour vous dire que vous n'êtes pas obligés de croire ce que j'écris, il s'agit là des propos de ma mère, du récit qu'elle me fit maintes et maintes fois, et qui n'a pas forcément une valeur véridique absolue).
Donc, ma mère, fascinée, contemple tous ces parachutistes qui, bien forcés d'obéir aux lois de la gravitation universelle énoncées par Newton en 1687, descendent vers le sol, mais pas trop vite quand même...
Et là, (et c'est là que c'est incroyable!). Un des parachutistes atterrit précisément juste devant ma mère qui est en train de fumer sa clope, il atterrit bien tout droit, sans se casser la gueule ou rouler par terre. Pil poil devant ma mother ! Le type se débarrasse de son encombrant parachute et, comme si de rien n'était, baise la main de ma mère, sors une clope de son battle-dress et demande à la jeune française qui se trouve en face de lui si elle a du feu ! Incroyable comme truc non ?
Ma mère est évidemment subjuguée par la classe de ce para, qui commence à dire des trucs en américain que ma mère ne comprend pas. Elle lui répond en français, et comme l'amerloque ne pige pas non plus, elle s'adresse à lui à tout hasard en polonais. Surprise, Le G.I a un grand sourire et lui répond en polack. Il se trouve que c'est un américain de Chicago d'origine polonaise, incroyable non ?
Ce para, un lieutenant de la 82nd Airbone, division aéroportée U.S survécut à la guerre.
D'après les dires de ma mère il ne se passa absolument rien entre-eux, ce fut une amitié totalement platonique, je sais juste qu' après-guerre ils entretinrent une longue correspondance. De temps en temps ma mère me fourre sous le nez un volumineux paquet de vieilles lettres estampillées United State postal. Je ne saurai le fin mot de cette histoire que lorsque ma mère sera morte et que je pourrai enfin lire ces lettres. Savoir si ce John Kaminsky a réellement existé, ou s'il n'est qu'une invention de plus de ma mère...
Je suis d’accord avec toi, les apartés et digressions de tous sexes et poils, dans les textes, sont chiants et n’apportent aucune valeur ajoutée, ni bénéfice secondaire de la maladie.
· Il y a plus de 5 ans ·Je suis, d’ailleurs, coutumier également du fait.
Il suffit que je me fasse une check liste de courses, pour me retrouver à chercher des escargots bretons croisés avec les petits pois ridés du moine Mendel qui découvrit, bien avant l’heure du diner, les lois de la génétique moderne, avant que les chercheurs ne connaissent la double hélice de l’acide désoxyribonucléique (ou en moins connu l’ADN) qui ne servit à rien dans la découverte de l’aviation… Ainsi bonne journée… soirée… nuit… à demain donc… non demain, j’n’suis pas là… j’suis ailleurs, d’ailleurs… ! :o))
Hervé Lénervé
les apartés pendant les courses, évidemment, ça rallonge la liste...
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
C'est mon histoire ça ! Ma grand mère maternelle était réputée pour remonter le moral des troupes (en ces temps là, chacun sa contribution), sauf que moi du coup, je n'ai jamais connu mon grand père. C'est difficile à vivre ... Non, c'est vraiment sérieux :o)
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Grand-père inconnu ? Une histoire intéressante, as -tu jamais cherché à en savoir plus?
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
La tombe du grand-père inconnu, c'est où ? :o))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé
LOL ! Je déconne pas ! J'hésite entre un test ADN qui coute la peau du cul ou une recherche généalogique qui coute du temps que je n'ai plus. J'aime à penser que mon grand père maternel était un amérindien enrôlé de force et indemnisé en tant que malgré lui par l’ex Allemagne nazi ! :o))
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Les mystères viennent souvent du ciel.
· Il y a plus de 5 ans ·yl5
Oui mon père...
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
Je suis dans l'idée que vous devrez attendre, encore longtemps, avant de savoir le fin fond de l'histoire.
· Il y a plus de 5 ans ·Lady Etaine Eire
Exact, mais je patiente...
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle
Quel bonheur la riche vie de Maman Roubi et ne doute surtout pas de ma compassion :) quel fils dévoué quand même !
· Il y a plus de 5 ans ·marielesmots
Oui Marie, trop dévoué, elle m'épuise!
· Il y a plus de 5 ans ·arthur-roubignolle