Marie est une liane avec des yeux de café noir.

ellis

Marie. #1.

Marie est une liane avec des yeux de café noir. Elle porte les cheveux coupés trop courts. Ca lui donne l'air d'un garçonnet. Ca lui donne aussi l'air d'un ange, avec son fin visage découpé aux ciseaux et ses grands yeux de café noir. Elle porte des shorts et des chemises à carreaux. Et aussi, l'hiver, de grosses polaires de fille qui dort dans les montagnes. Et quand elle fume une cigarette, on dirait une ballerine qui se déploie. Ses poignets au bout de ses bras plient et oscillent dans un équilibre parfait. Ils flottent.

Marie s'allume une cigarette et chaque fois que je la regarde, je tombe un peu plus amoureux d'elle.

 

Le matin elle s'assied en face de moi et j'écoute le bruit de ses longs doigts sur le clavier. Elle baisse la tête, concentrée, et parfois je reste à regarder son regard. Il est fixe et lointain à la fois, perdu dans la lumière bleue de l'écran. Elle écrit.

 

Le jour de mon arrivée, elle a traversé le plateau pour venir se présenter. Elle s'est plantée devant moi avec un sourire franc et a juste dit : Marie, en me tendant la main.

Le soir, je suis sorti et elle était là, dans la nuit fraiche, elle fumait une cigarette. L'air était gonflé de pluie froide retenue. Elle était appuyée contre le mur et je ne l'avais pas vue.

Quand je me suis allumé une clope, j'ai entendu quelqu'un souffler de la fumée derrière moi. Avant que je ne tourne la tête, sa voix, grave et claire à la fois, a demandé :

_ Alors cette première journée ?

Je me suis tourné vers elle et je n'ai vu que ses grands yeux dans la nuit.  Puis j'ai deviné un large sourire se dessiner sur son visage.

J'ai juste répondu que ça avait été.

_ Cool. a-t-elle répondu simplement, en levant la tête pour souffler au ciel sa fumée.

 

Elle s'est redressée, a jeté son mégot dans le large cendrier-poubelle en métal rouillé et s'est enfoncée dans le parking, sa longue silhouette juchée sur des baskets trop grosses, et j'ai senti venir doucement mais solidement en moi comme une tendre curiosité qui donne envie de sourire. Et de revenir.

Signaler ce texte