Mémoires

elisabetha

Vraie et fausse mémoire

Difficile depuis quelques jours d'écrire quelques mots, pour briser le silence et le vide qui s'incrustent dans un présent qui devient irréel à force d'être vacant. La page blanche en est un signe.

Le bonheur, la plénitude, les rêves, les sensations agréables me donnent toujours l'envie de les partager.Peut-être est ce une illusion, mais au moins  draine t-'elle des pensées positives?Et puis tout à coup le ciel se met au bleu, la lumière joue dans les feuilles. Un peu de brise serait plus agréable pour le plaisir de voir bouger les feuilles.Faire un peu de bruit. Qui n' a bien sûr rien à voir avec celui des motos pétaradantes qui vous font grincer le tympan.


Je pense plutôt au bruit d'un papier froissé, ou d'un vêtement que l'on jette mollement sur une moquette, par gout du désordre, ou par simple paresse.Heureux ceux qui pensent encore à autre chose...

J'écris donc pour entendre le bruit de mon clavier, retrouver une utilité, déclarer une nécessité, rechercher mon identité. Au bout de tout cela, ce qui est unique à chacun: sa mémoire.
Et plus j'avance en âge, plus je me rends compte que se croisent en moi deux mémoires.
Une vraie, qui se calcule avec le temps, les photos, les souvenirs qui ne s'effacent pas, les instants d'éternité, les chagrins indestructibles, les rencontres essentielles.
Et l'autre de plus en plus étrange qui sert à recomposer tout ce que j'ai oublié, ce que j'oublie de plus en plus: mon enfance, ma jeunesse, des villes où j'ai vécu qui semblent ne plus avoir existé, des visages dont plus un nom ne subsiste, des numéros de téléphone trouvés sur un carnet d'adresses qui ont du être composés cent fois et qui maintenant ne sont plus que des chiffres inutiles.

Pourquoi cette amnésie? Mauvais fonctionnement biologique ou besoin de laisser libre sa mémoire pour le présent, plus utile. Inconsciemment sans doute pour combler toutes ces incertitudes en les réinventant. Intervenir dans ses souvenirs pour en faire ce que l'on veut qu'ils soient. S'aider de la fiction pour trouver la réalité, s'aider de la réalité pour créer la fiction.
D'où la difficulté d'écrire "hors de soi" quand on s'est créé un champ de conscience qui est aussi un chant de tous ses sens, où explorer la nature devient aussi important que de découvrir l'homme.


Je suis née à l'ombre d'un rosier, j'ai grandi dans un regard d'homme, j'ai continué à vivre dans un regard d'enfant et maintenant me voilà rendue à moi même, obligée de me construire un peu seul.
En cherchant le mode d'emploi.Lasse de buter sur mes souvenirs.Lasse du regard dans le miroir.Mais encore frémissante de plaisir à ceux qui me racontent leur monde .Ma mémoire s'use mais sait mieux réfléchir celle des autres. Amis provisoires, livres, poètes, artistes, sages et  vieux plein de légendes, menteurs, affabulateurs, mythomanes, tous ceux qui jouent des mots pour rester en vie.
Mémoires trompeuses, cannes invisibles qui s'attachent à mon âme je vous Aime.

 

  • Pourquoi se souvient on d'une chose plutôt que d'une autre, de cette personne plutôt que de telle autre ? qu'est ce qui restera quand on aura tout oublié ? toutes ces questions se posent à moi. Ton texte est très beau et sensible, comme tous tes écrits.

    · Il y a environ 10 ans ·
    Img 6678

    venise3

    • ah je suis contente que tu m'aies lu et je savais que ce texte pouvait soit te questionner par endroits, soit te répondre par d'autres. Bon week_end!

      · Il y a environ 10 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

  • Chère Elisabetha,
    Ben oui audelà de tes maux exprimés par tes mots si beaux, tu dois être et es une fille très sensible. Moi tu sais j'ai eu beaucoup de difficultés quand j'étais petite, dont mon asthme, qui m'a laissée très fragile. Les gens que j'aime, je peux tout pour eux.. les hommes que j'ai aimé, ils ne me comprenaient pas forcément... et maintenant je me suis promis de ne plus jamais être amoureuse.....
    J4'adore ton texte. Continue. Cœurs;

    · Il y a presque 11 ans ·
    Avatar

    Helene Bartholin

    • c'est bizarre je me suis dit en le moment je ne vais avoir personne ils vont trouver cela ennuyeux. Bon non partagé. C'est très bien. Cette réflexion étant toute personnelle, je ne savais pas son intérêt réel. Sur d'autres blogs aucune réaction.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

    • je me suis dit "un moment".

      · Il y a presque 11 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

  • C'est très beau très émouvant. Le lasse de buter sur les souvenirs me touche encore plus particulièremen , je ne sais pas vraiment pkoi ms doit on s en soucier ? Ce qui compte c'est les émotions que font naître les ecrits en chacun , ce que tu sais très bien faire naître !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Avatar

    Corinne Bouillet

    • merci de souligner les émotions qui naissent à travers les mots de mon histoire.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

  • Quand l'imagination et la mémoire se perdent trop l'un dans l'autre, il n'y a plus que l'instant présent qui existe, ce qui rend la page blanche d'autant plus douloureuse. Alors comme réconfort, je dirais qu'une page blanche n'est jamais vide. Au contraire, elle est saturée de toutes nos questions, de toutes les images qui prennent trop de place pour laisser glisser les mots, jusqu'à ce que ces vieux compagnons taillent dans le papier.

    · Il y a presque 11 ans ·
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    Catfish Tomei

    • intéressant ton ressenti sur la page blanche, qui est plutôt saturée que vide. Je partage ton idée. Merci de ton commentaire et de ta réflexion à partager.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

  • Nous aussi , on t'aime Elisabetha, un bilan en nuances plus tristes avec toujours la petite note d'optimisme cependant qui te caractérise, émouvantes pensées, bravo à toi

    · Il y a presque 11 ans ·
    W

    marielesmots

    • c'est gentil, Marie. C'était il y a quelques années je ressentais déjà cela. Et je me sentais vieillir. Maintenant en plus je suis malade c'est donc l'accélération. Je vis chaque jour avec sa différence. La mémoire fictionnelle ne me préoccupe plus. ce qui compte maintenant c'est que mon visage ressemble encore un peu à celui que j'ai toujours eu. Perdre 15 kg en 4 ans ça transforme des joues bien rondes en des joues totalement creuses. c'est délicat.

      · Il y a presque 11 ans ·
      Bbjeune021redimensionne

      elisabetha

  • ce texte a été écrit en été(je ne sais plus quand) mais les images évoquent la chaleur alors que nous sommes en hiver. d'où cette petite note.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

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