Métissou

Mon métissou, mon bel enfant couleur d'Afrique

Né de l'union de deux nuances et de deux terres

Du Congo, de France, mais pas de Martinique

C'est le soleil qui a teinté d'ébène tes pères

Et toi de pain d'épices, la bien plus jolie teinte.

Ta mère a les cheveux et la peau clairs d'Europe

Mais tans tes veines coule, matin après matin

Un même sang, fleuve de vies, qui s'écoule en notes

De carmin vif, débordantes d'espérance, d'amour

Pour l'avenir. Pour toi, mon gamin tout sourire

Il s'annonce prometteur, et tu vois toujours

Sur ton ciel de lit, les étoiles qui se mirent

Dans tes rêves d'enfant comblé et insouciant.

D'autres bambins aux confins de déserts arides

Voient les mêmes lumières, briller cruellement

Car leurs nuits sont glacées et leurs jours sont torrides.

Il faudrait des soleils pour réchauffer leurs ailes

Des pluies pour étancher leur soif, irriguer de bon lait

Les mamelles des chèvres et des douces chamelles.

Rien ne pousse en ces lieux, que la faim qui tenaille

Leur ventre trop gonflé, et leurs yeux de douleur.

Et beaucoup quitteront cette terre, sans bataille

En n'ayant rien connu, que la fièvre et la peur.

Et ceux qui survivront essaieront une nuit

De gagner d'autres cieux, le paradis peut-être

Où les petits garçons ont le regard qui luit

Comme toi, métissou, entouré de tendresse.

Petit homme, d'Afrique et d'Europe mêlées

L'échiquier du hasard t'a donné cette chance

De naître du bon côté, la vie t'a tout donné

Mais suit toujours le chemin de ton coeur et pense

Quelquefois à tous ceux que le ciel a oubliés.

(octobre 2005)