Moi, ce chien.

Je n'étais pas un chien comme dans le film Didier, où Chabat devient un chien de corps et d'esprit. Moi, j'étais un esprit d'ado dans un corps de chien.

C'était pratique pour séduire les filles, je leur faisais les yeux doux, elles me caressaient. Je sautais sur leurs genoux, elles me caressaient, mais je ne baisais jamais ! Bien sûr, j'aurais pu essayer avec une chienne, mais comme je n'étais pas zoophile, j'avais quelques scrupules.

Autrement, ce n'était pas une vie difficile, mais la cantine était dégueulasse et moi qui étais porté sur les débats philosophiques, je me trouvais un peu court dans mes réparties péremptoires : « Ouah ! Ouah et Ouaf ! » Même en remuant la queue, ça ne va pas concurrencer un Nietzche.

Avec moi, les gens faisaient de l'anthropomorphisme à bon escient et on disait de moi : « Il est intelligent, ce chien, il comprend tout ! » Evidement je comprenais : « assis ! Bouge pas ! Fait le beau ! » Mais une intelligence de chien, ne pisse quand même pas très loin, même en levant la patte. D'ailleurs savez-vous pourquoi les chiens lèvent la patte pour pisser ? Non ? Eh bien, moi non plus, mais sans patte levée, pas de pisse possible. C'est une synergie génétique qui doit remonter à notre atavisme de chien du temps où nous portions des chaussures perméables.

Je ne m'attarderais pas plus sur ce passage délicat de ma vie et entre nous, j'ai nettement préféré, la fois, où j'étais une poule… mais cela est une autre histoire.