Moi, moi tout mon moi

petisaintleu

J'entendais ce matin à la radio que la solitude a gagné du terrain ces dernières années et touche cinq millions d'habitants. Quand je suis allé saluer trois de mes collègues, ça les a fait rire. Non pas à la pensée de ces naufragés des relations humaines mais parce que j'ai introduit mon monologue par un : « Ce matin, à l'écoute des nouvelles, j'ai pensé à moi ».

Serais-je donc devenu  égocentrique au point de tout comparer à ma propre petite personne ? À y réfléchir, rien de bien nouveau. À la différence que désormais, j'extériorise l'écho de mes pensées en me sociabilisant. Je tiens toutefois à rassurer mon lectorat. Je ne me prends pas encore pour Bonaparte, je n'entends pas des voix et je n'ai pas encore atteint le degré de démence d'Antonin Artaud pour me situer dans son registre scatologique. Il ne serait par contre pas nécessaire d'être enfermé à l'hôpital de Rodez pour que, suite à un séjour de quelques heures dans ce bled, ma raison ne vacille. C'est au moins une constante chez moi, je reste urbain.

Et qu'importe ce que l'on pense de moi finalement ? J'ai pleinement conscience que je ne suis que poussière et que la satisfaction d'être suivi dans mes écrits par quelques personnes n'est que roupie de sansonnet. La chanson, je la connais avec tout son cortège d'aprioris à mon égard, celle de vous péter les roupettes. Ne venez pas vous frotter de trop près à ma provocation. Je serais capable d'écrire toute une chronique sur les Rubettes, groupe anglais des années soixante-six et connus pour leur pantalon blanc qui mettait en valeur leurs attributs.

Une chose est certaine. Je ne m'y perds pas en conjectures. Je ne suis guère singulier quant aux sujets que je traite. Vous aurez remarqué que je recherche toujours la coordination par des apostrophes, des analogies ou des anagrammes que je pousse souvent fort loin. Qu'importe la grammaire pourvu qu'il y ait l'Everest de toujours repousser dans les derniers retranchements le bon mot qui me fera atteindre des sommets. Jusque-là, tout va bien au fond. Personne ne m'a encore reproché de l'avoir atteint au point de me faire traiter de tanche.

Je suis d'ailleurs imperméable à la critique et je ne suis pas prêt de prendre l'eau. Au pire ne les perdrais-je qu'au forceps cérébral, quand tous mes neurones se tendent pour accoucher d'une souris. Je ne suis pourtant pas un rat car, malgré tous mes défauts,  je ne suis jamais avare de vous abreuver de ma littérature. Ce trait de caractère, je le tiens très certainement de mon caractère de fouine. C'est plus fort que moi, je suis constamment aux aguets.

Comment s'y retrouver dans ce bestiaire où se mêlent désenchantements, fantasmes et confidences ? Qu'importe les termes même s'ils sont romains quand, histoire d'épater la galerie, je consulte les pages roses de mon Larousse. Je dois bien avouer que bien souvent j'ouvre les vannes dans le secret espoir de toucher quelques roberts. Comprenez des cœurs que je ne souhaite pas dégouter par des renvois à trop de grivoiserie.

L'essentiel n'est-il pas, à défaut d'être compris quand je m'élance dans des épigrammes qui valent le pesant des cacahouètes de ceux que je vise, que je prenne du plaisir à l'idée de vous faire sourire ? Je me suis promis un jour de faire pleurer dans les chaumières. Mais mon heure n'est pas encore venue. À ce jour, je me complais dans la facilité pour me faire les armes avant d'aller ferrailler dans un style plus romanesque.

Quand je couche mes mots, parfois dans la douleur, puisqu'il me faut  trouver un dernier rebondissement pour arriver au bas de ma page, que je m'escrime dans une dernière saillie à faire jaillir quelques idées, je me vois tremblant telle une midinette aux fourches caudines de vos critiques.

  • Imperméable masculin et tremblant dans l'féminin, te voilà ainsi réuni dans tout ton toi avec ta solitude à aimer... ;) fort intéressant ce texte qui m'cause...

    · Il y a environ 10 ans ·
    Ange

    Apolline

  • En fait celui qui ne pense pas à toi doit être très égoïste... Et nous ne sommes pas de la roupie de sansonnet... ce sont les morveux qui ont la goutte au nez!!! Kiss

    · Il y a plus de 10 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

  • Une jolie petite introspection !!! avec cet humour toujours un brin provocateur et cette belle plume !!!

    · Il y a plus de 10 ans ·
    W

    marielesmots

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