Moment d'absence ou de présence?

Je dépose mes vêtements sur le sable et je cours nue me jeter dans les vagues, je rigole, je m’ébroue comme un chiot, l’air est très doux, la nuit est étoilée, je suis seule sur ce bout de plage, je m’enfonce dans l’eau tiède, j’entends son refrain, mon corps avance dans son corps, je me déploie en toute plénitude, sur le dos, sur le ventre, que c’est bon ! les minutes s’écoulent dans le liquide qui coule sur ma peau, il dissout mes interrogations, je respire son goût, je me délecte de son odeur, nous dansons avec sensualité et gourmandise, je glisse, je tournoie, je vibre, je tends, je détends puis, après un sous-l’eau, mon corps est entraîné à la surface de l’eau puis hors de l’eau, telle une flèche il suit une trajectoire, celle du ciel, il est léger, léger, mes narines frémissent dans le vent, mes cheveux plaqués, mes bras le long de mes flancs, mes jambes tendues et mes pieds pointés, je prends de la vitesse, ma peau semble collée sur mes os, la vitesse et le vent conjuguent mon ascension, mon souffle ralentit et s’éteint quelques secondes, je ne pèse plus, je ne suis plus matière, je suis juste esprit, pur esprit, le rien et le tout, moi, lui, elle, eux, nous, vous. L’instant qui suivit me noya dans les profondeurs de l’océan, le choc fut rapide et brutal, en un éclair je sortis la tête de l’eau pour bouffer l’air, il était moins une !   

Lorsque j’ouvris les yeux, je fus éblouie par le soleil haut, j’étais étendue sur le sable, vêtue, des mouettes survolaient, il était penché vers moi, ses écouteurs qui pendaient de chaque côté de son cou laissaient échapper une chanson de Hope Sandoval, il répétait, je ne sais depuis combien de temps : ‘ça va mademoiselle ?’