Mon généraliste

Comme j'ai un mal de reins qui s'éternise, je suis allé chez le docteur.

-         Installez-vous, monsieur Lénervé, je vais vous examiner.

Déjà, j'aime bien les médecins qui disent « examiner », car quand ils disent, je vais vous « ausculter », je ne suis pas tranquille.

Il me manipule, mais je me laisse manipuler, car étant médecin, il a le droit.

-         Je sais, ce que vous avez !

-         J'ai mal ! C'est ça ?

-         Oui, mais non, regardez.

Alors là, il me montre, en faisant des castagnettes avec des vertèbres en plastique, ce qui coince chez les miennes en os.

-         Vous voyez, c'est là !

-         Là, où votre modèle est tout cassé.

-         Oui, c'est à force de le manipuler pour mes démonstrations.

-         Il faudrait, peut-être, que je passe une radio, pour être sûr qu'il n'y a pas d'hernie discale ?

-         Ça n'sert à rien ! Ce qu'il faut faire ce sont des mouvements, comme ça.

Et il se met à faire du Houla Hop sans cerceau. Je l'imite, car c'est moi qu'il faut soigner, pas lui, en faisant des houlàlà pas top, mais sans cerceau aussi.

-         Docteur, vous ne trouvez pas qu'on a l'air un peu cons, là ?

-         Oui, mais c'est thérapeutique.

Trois jours plus tard, il vint me voir à la clinique où j'avais été opéré d'urgence d'une hernie paralysante.

-         Vous, vous n'avez pas fait du Houla Hop ?

-         Si, si, toute une journée avant d'être définitivement bloqué.

-         Ils vous ont opéré trop tôt, c'était en phase de guérison.

-         Disons qu'ils n'ont pas voulu prendre de risque avec la paraplégie.

-         Bien sûr, les chirurgiens ne sont pas joueurs, ils préfèrent ouvrir plutôt que de faire du Houla Hop. Pas assez prestigieux pour eux, vous comprenez ! Le golf, ça oui ils le font, pour se flinguer le dos il n'y a pas mieux. Moi je reste sur le Houla Hop.

-         Mais vous en faites souvent ?

-         Tout le temps ! Entre deux patients, Hop-là, un Houla Hop et vous avez vu mes reins ?

-         Pas intimement.

-         Souple comme à vingt ans.

Ne le connaissant pas à ses vingt ans, je ne peux pas savoir s'il se déplaçait déjà comme un androïde premier génération à poulies et engrenages.

Enfin, je l'aime bien mon généraliste, il est marrant. Si vous désirez ces coordonnées, je peux toujours vous les transmettre si vous me signez une décharge de responsabilité.